Côte d’Ivoire Gobelet implore le “pardon” du gouvernement (déguerpissement)

Gobelet

Par Jacob Djossou

“On n’a pas force, on demande pardon pour que les autorités ne nous chassent pas”, souffle Nabadiomo Koné, chef central des 11 sous-quartiers de Gobelet, un bidonville situé dans la commune abidjanaise de Cocody (est), quelques jours après les affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre et les riverains qui refusent de partir.

Sur la véranda de sa maison, une construction en dur, Koné, coiffé d’un chapeau blanc, dit regretter l’acte posé par “les jeunes de Gobelet”. “Les enfants ne nous ont pas écoutés, on n’a pas aimé ce qu’ils ont fait, car on ne peut pas affronter le gouvernement”, dit-il.

Le vieil homme, qui habite Gobelet depuis plus de 40 ans, est l’un des premiers habitants de ce bidonville, dont les occupants ont été priés de quitter les lieux. “J’habite ici depuis des années et si on nous chasse, on ne sait pas où aller, donc on continue de demander pardon”, affirme-t-il.

Le 22 juillet, des riverains, armés de gourdins et de pierres, s’étaient opposés à leur déguerpissement, après des affrontements avec des forces de l’ordre. Si les combats n’ont fait aucun blessé, le chef central dit avoir demandé “aux enfants de ne plus agir de la sorte”.

Situé dans une crevasse, le lit des eaux de ruissellement avec des pentes de côtes parfois abruptes, et difficile d’accès, Gobelet abrite 11 sous-quartiers, qui baignent dans les eaux usées, les ordures. Avec près de 30.000 habitants, Gobelet est l’un des plus grands bidonvilles de Côte d’Ivoire.

Dans les ruelles où pullulent les caniveaux à ciel ouvert, les habitants vaquent normalement à leurs activités et le souvenir des affrontements semble désormais lointain.

“Les autorités ne peuvent pas nous chasser comme ça. Il faut qu’on aménage Gobelet ou qu’on nous trouve des maisons ailleurs”, plaide Moussa, un habitant du quartier et ami du chef central.

Pour le jeune Ahmed, élève en classe de 5e, les autorités doivent aider les habitants, en construisant des infrastructures à Gobelet et en nettoyant le quartier de ses “saletés”. “Si mes parents quittent Gobelet, je ne sais même pas où nous irons. Le gouvernement doit nous aider“, clame-t-il.

Aucun habitant n’a été dédommagé

Le chef central affirme qu’aucun habitant “n’a reçu d’aide“ alors que le gouvernement avait assuré que plusieurs occupants des zones à risque avaient été dédommagés, après un recensement en 2013.

“Personne n’a reçu de l’argent. On n’a rien eu. Le gouvernement nous avait promis des maisons mais ils ne nous ont rien donné jusqu’aujourd’hui“, déplore M. Koné.

Comme la plupart des habitants de Gobelet, le vieil homme implore la clémence des autorités et dit attendre l’aménagement de son quartier ou un nouveau site.

Le gouvernement ivoirien a entrepris depuis la mi-juillet la destruction des zones à risques des quartiers précaires d’Abidjan, après des éboulements de terrains meurtriers qui ont causé l’effondrement de maisons et la mort de 40 personnes en Côte d’Ivoire.

JAD/GBK

Avec Alerte-info.net

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