Côte d’Ivoire exclusif: L’opposition réclame la présidence de la nouvelle CEI

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Les 13 partis de l’opposition ivoirienne ont rencontré le ministre d’état, ministre de l’intérieur, M. Hamed Bakayoko, par ailleurs commissaire du gouvernement pour les questions liées à la commission électorale indépendante (CEI). C’était ce vendredi 20 juin 2014 au cabinet du ministre Hamed Bakayoko. Selon une source proche du dossier, au cours de cette réunion, l’opposition a demandé à l’unanimité que lui revienne la présidence de la CEI.
Aussi, l’opposition qui a fustigé le déséquilibre dans la composition des représentations au sein de la nouvelle CEI a demandé que le pouvoir s’abstienne de la présidence en ne présentant pas de candidature. Menaçant ne se retirer si le pouvoir s’obstine. « Nous ne présenterons pas de candidat pour la présidence de la CEI si le pouvoir nous en propose un. Et il n’est pas à exclure que nous nous retirions de la commission si cela arrivait. Il faut que le pouvoir nous donne cette autre assurance, condition pour notre participation aux prochaines élections présidentielles » a confié une source proche de l’opposition à un journaliste de Africa Tv à Abidjan.
A la fin de la rencontre, Hamed Bakayoko a promis transmettre au gouvernement les doléances de ses hôtes, non sans leur demander de lui fournir d’ici la fin de cette semaine la liste des 4 représentants de l’opposition dans la nouvelle CEI.
Enfin, il faut noter que pour les 13 partis de l’opposition, il a été décidé que l’Alliance des Forces démocratiques composée de 7 partis dont le FPI, la ligue des mouvements du progrès (3 partis) et 3 autres formations politiques qui n’appartiennent à aucune alliance proposent respectivement, 2, 1 et 1 représentants.

CEI : Pourquoi la présidence doit revenir à l’opposition : Une analyse de Philippe Kouhon
De 31 membres, la CEI a été réduite à 13 puis passé à 17 membres dans sa dernière mouture.
Après les débats qui ont alimenté son adoption par l’Assemblée nationale, il nous semble logique que sa présidence revienne à l’opposition.
Voici nos arguments
Première raison : La recherche de l’équilibre
Selon la dernière composition de la CEI, les 17 membres sont repartis comme suit :
4 pour le gouvernement
4 pour les partis au pouvoir
1 pour le Chef de l’Etat
4 pour la société civile
4 pour l’opposition.
On le sait, après les élections présidentielles de novembre 2010 et la chute du pouvoir de Laurent Gbagbo, seul le RHDP, anciennement opposition dirige le pays actuellement. Si nous prenons la part du RHDP dans cette composition de la CEI, il apparait clairement que le pouvoir a lui seul 9 représentants. Et même si l’on est conscient qu’il n’existe pas de société civile sans coloration politique de nos jours en Afrique et particulièrement en Côte d’ivoire, la société civile et l’opposition doivent se partager les huit (8) postes restants. Et les 13 partis de l’opposition se contenteraient de seulement 4 places.
Les partis d’opposition en Côte d’ivoire.
Les 13 partis dits de l’opposition sont regroupés en trois grands groupes :
Premier groupe : L’alliance des forces démocratiques (AFD) pilotée par le FPI et composée de : FPI, RPP, URD, PIT, UDC, RDP, USD. Soit 7 partis politiques. Mais à ce niveau il faut rappeler qu’en dehors du FPI et le PIT, les 5 autres partis font partie du cadre permanent de dialogue (CPD).
Deuxième groupe : La Ligue des mouvements du progrès (LMP) pilotée par le CAP-UDD et composée de : CAP-UDD, MNC, RPC. Soit 3 partis politiques. Ces trois partis font également partie du CPD.
Troisième groupe : Les non alignés composés de : LIDER, RPCI, UDCY. Soit 3 partis, eux aussi membres du CPD.
En clair, l’opposition ivoirienne est composée des 11 partis signataires des accords de Grand Bassam (CPD) et du FPI plus le PIT.
Ainsi décrit, on comprend mal que le RHDP qui n’est qu’une alliance de seulement 4 partis politiques (RDR, PDCI, UDPCI, MFA), en plus du pouvoir d’état et sa part de lion (9 places) devrait s’offrir aussi la présidence de la CEI au mépris de 13 formations politiques plus la société civile.
Deuxième raison : Redonner confiance à l’opposition
La crise née des élections présidentielles de 2010 a profondément divisé les Ivoiriens ; Créant une crise de confiance au sein de la population.
Et nous le savons tous, l’une des origines de cette crise postélectorale reste l’incohérence et l’inconséquence de la commission électorale indépendante d’alors. Inutile de revenir sur les dérives graves de cette structure censée nous garantir des élections libres et transparentes afin de donner une chance à la paix en Côte d’ivoire, un pays qui sortait de 10 années de crises. Les cas Beugré Mambé et Youssouf Bakayoko sont encore présents dans tous les esprits.
Aussi, si l’objectif des nouveaux tenants du pouvoir est l’organisation des élections crédibles et incontestables en 2015, cela devrait passer par une CEI, irréprochable et consensuelle. Le président Alassane Ouattara qui prône depuis sa prise de pouvoir, le retour des exilés, la réconciliation et la paix sociale devait saisir cette opportunité pour redonner confiance à l’opposition et lui garantir une participation sans risque aux prochaines élections présidentielles.

Troisième raison : Le parallélisme des formes
Donner la présidence de la CEI à l’opposition serait un simple retour de l’ascenseur aux anciens tenants du pouvoir. Comme Laurent Gbagbo qui n’avait trouvé aucun inconvénient en laissant la CEI entre les mains de ses adversaires politiques, Alassane Ouattara devrait en faire autant sur la seule base de sa bonne foi.

Philippe KOUHON (Journaliste d’investigation)
AFRICA TV
Tél : 00336 47 73 62 64
Mail : pkouhon@gmail.com

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