Le Parti démocratique de Côte-d’Ivoire (Pdci-Rda) d’Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Dramane Ouattara vont-ils s’affronter à l’élection présidentielle d’octobre 2015 ? La question est sur toutes les lèvres des Ivoiriens et des observateurs politiques. Le débat est ouvert ! En bien des lieux ; et, en de hauts lieux, on en parle avec force argumentations. Au Rdr, cela ne constitue aucunement une préoccupation. En octobre 2015, Alassane Ouattara se dit prêt à affronter n’importe qui : adversaires comme partenaires. Raison pour laquelle, il a déjà annoncé sa candidature. Il a un bilan à défendre. Et, surtout, il a un parti à bâtir et à consolider. Il y a trop de collusions au Rassemblement des républicains (Rdr) pour, aujourd’hui, parler d’un grand parti politique. Et puis, il est une donnée essentielle dont le président sortant est conscient : sans le Parti démocratique de Côte-d’Ivoire (Pdci-Rda), il ne peut gagner l’élection présidentielle ; même contre la plus mauviette des formations politiques de Côte-d’Ivoire. A plus forte raison, contre le Front populaire (Fpi) de Pascal Affi N’guessan. Ce parti qui ne tarderait pas à réveiller les vieux démons. Le dernier livre de son mentor, même en prison à La Haye, en donne déjà le ton. De larges extraits, parus sur les réseaux sociaux, comme ceux-ci, «El Hadj Abou Cissé… Dans son pays, cet homme intenable a la réputation de tout savoir sur l’intimité de Ouattara. Comme il l’a souvent raconté, tel le griot de la saga Ado, il est l’oncle, non par le sang, mais « à l’africaine ». Sa sœur, Nabintou Cissé, mariée à un Burkinabé – l’oncle biologique de Ouattara – vivait à Dimbokro, en Côte-d’Ivoire, et elle se serait vu confier le petit Alassane Dramane lorsqu’il est devenu orphelin de mère. D’après lui, il serait venu au monde, dans le village de Sindou, au Burkina, en décembre 1941… et non à Dimbokro, ou à Kong, en Côte-d’Ivoire, comme il est porté sur un second acte de naissance, falsifié pour les besoins de l’élection de 1995 – où il a été élevé jusqu’à ce que son père vienne le récupérer à l’âge de six ans. Ce qui explique qu’il n’y ait pas trace de la jeunesse de Ouattara en Côte-d’Ivoire, puisqu’il a suivi sa scolarité et ses études à Ouagadougou, au Burkina, puis, grâce à une bourse, aux Etats-Unis, ainsi que ses
débuts professionnels, sous nationalité burkinabé, loin de la Côte-d’Ivoire »…, montrent bien qu’en politique, on n’est pas à un coup bas près. Et, pour certains politiciens ivoiriens, tous les coups bas sont possibles. Un peu comme en 1995. 1995-2015, 20 ans déjà ! Le charme du hasard ! On se retrouve dans la même atmosphère. Le Pdci-Rda et le Rdr, à la fois, très proches, mais adversaires. Que s’est-il passé quand le Front populaire (Fpi) a lancé son mot d’ordre de boycott actif de l’élection présidentielle d’octobre 1995, dans le cadre du Front républicain, composé du Fpi et du Rdr ? Que s’est-il, véritablement, passé dans les coulisses pour que le Rdr se désolidarisât de son allié, Fpi ? La mémoire collective retient que, en se désolidarisant de son puissant et violent partenaire, Alassane Ouattara a permis à Henri Konan Bédié de remporter une victoire sans bavures. Si le Rdr avait suivi le mot d’ordre de boycott actif du Fpi qui, quoi que circonscrit dans le Centre-ouest du pays, fit des morts, ça aurait été le chaos total. En choisissant l’option de la paix, comme le Parti ivoirien des travailleurs (Pit), le Rdr a prouvé, quelles que soient les raisons évoquées, qu’il peut arriver que, dans une famille, il y ait de la discorde. Mais il n’y a pas d’ex-famille ; la famille reste la famille ! Ce qui lie le Pdci-Rda et le Rdr, c’est l’Hpuphouétisme. N’est-ce pas que Bédié et Ouattara s’appellent mutuellement les enfants de Félix Houphouët-Boigny ? Donc, le Pdci-Rda et le Rdr sont de la même famille. C’est cette communion qui a triomphé de l’ogre des lagunes. A supposer qu’au second tour de l’élection présidentielle d’octobre 2010, Bédié n’avait pas donné une consigne de vote claire à ses
militants, les observateurs auraient déduit qu’il apportait son soutien à « l’enfant du pays » contre un étranger.
Le président du Pdci n’en fit rien. Et, le Rdr a gagné. C’est ce qui s’appelle la Realpolitik ! Ce que Boigny a traduit, pour notre compréhension, par « La politique, c’est la saine appréciation des réalités». Quelles sont les réalités, aujourd’hui, au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), dont les deux poids lourds sont le Pdci-Rda et le Rdr ? Le parti présidentiel a déjà son candidat. Bédié attend la convention de son parti pour désigner son candidat, selon les recommandations du 12è congrès ordinaire. D’aucuns redoutent qu’une confrontation entre les partis Pdci et Rdr ne renforce la suspicion entre les deux formations politiques ; le clan du président accusant, en des termes à peine voilés, son leader, Alassane Ouattara, de n’obéir qu’au diktat de son aîné Bédié, dans les nominations. De l’autre côté, c’est le son contraire. On regrette que le président Ouattara ait laissé de nombreux cadres de son allié vital sur le carreau et qu’il tarde à faire les réglages réclamés par le Pdci. Mais, ce dont des personnes ont le plus peur, c’est qu’un affrontement entre le Pdci et le Rdr ne favorise le retour du Fpi au pouvoir. Et, un dignitaire du Rhdp de révéler : « Je suis ouvert à tous les compromis, même à la compromission, pour ne pas faire le lit du Fpi ». Ce rejet d’un adversaire peut-il faire oublier qu’en politique, on ne fait pas de passe, surtout une passe décisive, même à un allié ? C’est ce que Francis Wodié n’avait pas compris en 1990, en ne se présentant pas à l’élection présidentielle. Il perdit toute
considération auprès des populations et le Pit, son parti, tout autant.
La survie d’une formation politique tient, donc, à sa présence aux élections, notamment, présidentielle. Forts de cette conviction, des militants du PdciRda souhaitent qu’on s’en tienne aux fondamentaux du Rhdp : chaque parti présente son candidat au 1er tour. Au second tour, on supporte le candidat le mieux placé, comme cela s’est fait en 2010. La famille houphouétiste est solide. Un Pdci fort, un Rdr fort, l’Udpci et le Mfa, plus ou moins forts. C’est le Rhdp qui devient fort. Si un seul parti domine les autres, n’est-ce pas le retour au monopartistisme d’avant 1990 ? Argumentent des militants. Mais, une 3è voie se dessine : ceux qui craignent une guerre fratricide. Toute confrontation entraîne des divisions. Quelles vont être les conséquences d’un affrontement entre le Pdci-Rda et le Rdr, au cas où le Fpi, comme cela se dessine, était absent à la présidentielle ? Pdci-Rdr, s’affronter ou ne pas s’affronter en octobre 2015 ? Point de spéculations. Les militants des deux formations politiques font confiance à leurs leaders que sont Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara pour trouver la voie médiane. En adeptes convaincus et disciplinés, il leur reviendra la latitude de ne pas remettre en cause ce que, après plusieurs jours et plusieurs nuits de réflexions et de tractations, au haut sommet, leurs directions auront décidé, en pensant au bien de tous. En tout cas, la sagesse commande que si affrontement, il devrait y avoir, que la meilleure, surtout le meilleur réglage, c’est-à-dire, le squelette du pouvoir, soit trouvé où personne ne soit perdatn.
Le Nouveau Réveil
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