Graves inondations à Abidjan: Le gouvernement aux abonnés absents

ADO

Par LIDER News

Depuis deux semaines, Abidjan est dévastée par la saison des pluies. Eboulements de terrains, rues et domiciles inondés, routes détruites, murs effondrés et canalisations en ruines ont semé la mort, la détresse et la désolation au bord de la Lagune Ebrié, notamment dans les quartiers Riviera et Marcory.

Alors que ce drame se joue sous ses yeux, aucune réaction du gouvernement depuis quinze jours. Par contre, après avoir pioché dans les fonds publics pour envoyer quelques privilégiés s’amuser au Brésil, le gouvernement vient d’annoncer que le chef de l’Etat a de nouveau fait parler «son grand cœur» avec l’argent du contribuable ivoirien pour doubler les primes des joueurs de l’équipe nationale de football, si ceux-ci gagnent le match qui les opposera à la Grèce lors de la coupe du monde brésilienne.

Ainsi donc, 377.200.000 francs cfa (16.400.000 fcfa par jouer) seront distribués à des personnes qui non seulement sont déjà toutes multimillionnaires, mais dont c’est également le devoir (et la fierté, espérons-le) de donner le meilleur d’elles-mêmes pour aller le plus loin possible dans une compétition qui aura, pour chacune d’entre elles, des retombées publicitaires en espèces sonnantes et trébuchantes.

Cela fait donc plus de 777 millions de francs cfa que M. Alassane Dramane Ouattara a «généreusement» mis à la disposition de nos stars du football, de leurs supporters de luxe et de quelques journalistes privilégiés. Mais cet argent ne sort pas de sa poche, non. Ce sont les impôts des populations qu’il utilise pour enrichir les riches, pendant que les pauvres s’appauvrissent encore plus chaque jour et que des familles entières sont décimées, endeuillées et laminées par les ravages causés par les pluies diluviennes.

Les drames récurrents liés à la saison des pluies sont l’occasion de rappeler que les plans de développement urbain, quand ils existent, ne sont respectés par personne. Des cours d’eau et ruisseaux ont été asséchés pour les besoins immobiliers et à chaque saison des pluies, l’eau reprend ses droits. Les caniveaux tiennent lieu de poubelles, lorsqu’ils ne sont pas bouchés pour la construction d’échoppes autorisées par la mairie et pourtant présentées comme informelles. L’indiscipline et l’incivisme des populations, la cupidité des propriétaires terriens, l’incompétence des services techniques des administrations (pompiers, construction, urbanisme, sécurité, mairie), la pauvreté croissante ajoutées à l’excroissance de la ville dont les infrastructures avaient été conçues pour un million de personnes, mais qui avoisine aujourd’hui probablement six millions d’habitants sont autant de facteurs explicatifs de cette situation affligeante.

Il y a bien eu conseil des ministres depuis le début de la catastrophe, mais le gouvernement n’a pas trouvé utile de dire un mot, de faire un geste, de mener une action à l’endroit des sinistrés d’Abidjan. C’est vrai que la Riviera Palmeraie, Marcory et les autres quartiers précaires concernés sont nettement moins sexy que Brasilia, Sao Paolo et Rio de Janeiro. Aucun hôtel cinq étoiles, pas de shopping de luxe ni de plages paradisiaques au sable blanc peuplées de naïades dévêtues aux formes voluptueuses, alors pourquoi s’en préoccuper ? Ce gouvernement, qui se caractérise par son empressement à communiquer au sujet de tout ou rien, s’est emmuré depuis deux semaines dans un silence consternant et révoltant.

Espérons que maintenant que LIDER en a parlé, nous verrons les ministres se bousculer au portillon sur le sujet, le président de la République enfin exprimer sa compassion et son épouse, véritable ministre des affaires sociales de Côte d’Ivoire, se transformer en bonne fée pour faire des dons aux sinistrés…toujours avec les fonds publics, qui pourraient être, pour une fois, utilisés à bon escient.

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