Côte d’Ivoire affaire Madjara…Pourquoi il est dangereux de mythifier un chef d’État !

AdoMadjara

Par Diarra Cheickh Oumar

Contrairement aux démocraties occidentales où le chef de l’exécutif, quoique jouissant de prérogatives « exceptionnelles », en sa qualité de Président de la République, reste avant tout un homme, un citoyen appartenant et participant à une communauté politique qui le mandate, lui octroie un pouvoir qu’il est censé exercer dans un laps de temps fixé par la Loi fondamentale, dans nos démocraties des tropiques, où l’accent est mis sur le prédicat au détriment du substantif, dès qu’une personne est, par la volonté pleinement assumée de ses concitoyens, élevée au rang de magistrat suprême d’une nation ou d’un pays, du coup se met en place, un processus insensé d’idéalisation, de mythification qui le fait quitter l’arène des hommes pour celle des dieux, des puissances surnaturelles, n’admettant pas de mélange, de mixtion, de contact avec l’impureté, la souillure ou encore la fange caractéristiques des humains. Elle est, de façon abracadabrantesque, auréolée d’une brume mystique par des courtisans intéressés, des séides aveuglés par leur égoïsme et leur égocentrisme congénitaux, éloignant au moyen de subterfuges et de manèges honteux, toutes autres personnes susceptibles de bénéficier des largesses du tenant du sceptre. Ainsi, toute tentative de prendre langue avec le nouvel élu du palais présidentiel, pour un citoyen, pourtant, en contact physique permanent avec lui, lorsqu’il était dans l’opposition, est vouée à l’échec, par la volonté inique et scélérate d’individus plus préoccupés par leur bien-être personnel que du devenir politique du chef.

Le cas de la Côte d’Ivoire, mon cher pays, est pathétiquement, saisissant. On croit, peut-être, rendre service, au Président Ouattara, en promouvant de telles attitudes crétines et antédiluviennes, qui rappellent l’époque féodale. Mais, à la vérité et, au nom du républicanisme et de la démocratie dont se réclame ce dernier, ces comportements que je n’oserai pas qualifier par pudeur, ne font que le desservir, le décrédibiliser aux yeux d’une bonne frange d’électeurs critiques acquis à sa cause. Si, toute honte bue, certains militants du RDR ou de quelques autres partis politiques, ont fait du ‘’larbinisme’’ et de la mendicité chronique leur dada, renonçant de ce fait, au labeur et au travail honnête, cela ne doit pas être interprété comme un indice établissant que tout citoyen désirant rencontrer le chef de l’État, serait motivé par des desseins mercantiles et pécuniaires. Il ne faut pas tout réduire, prosaïquement, à cette seule dimension : l’argent, sacrifiant ainsi l’Être.

Certains ivoiriens, sont tenus en otage, par des problèmes et difficultés beaucoup plus préoccupants et dignes d’attention, qui peuvent être d’ordre juridique (nous savons tous comment fonctionne notre justice), administratif ou de quelque autre nature qui, souventes fois, sont l’expression nue, de la méchanceté ontologique de l’homme africain qui pense que lorsqu’on dispose, par la grâce de Dieu, d’une petite parcelle de pouvoir, quelquefois aussi éphémère que la brise matinale, les autres hommes n’ont plus droit à la tranquillité, à cette denrée rare qu’est la liberté, aux droits les plus élémentaires imaginables, mieux, à la vie. Que de supposés conseillers ou courtisans, croyant, depuis l’accession de M. Ouattara au pouvoir, que la Côte d’Ivoire et la vie des ivoiriens sont devenues leurs propriétés privées, spécialistes devant l’Éternel en prédation de fonds publics et privés, agissent dans l’impunité totale en brandissant des menaces à peine voilées à quiconque ose les interpeller sur leurs innombrables forfaitures, il y a vraiment péril en la demeure. Nettoyer donc, les écuries d’Augias, est plus qu’un impératif, pour M. Ouattara. Il y va de son honneur, de sa crédibilité politique, de sa capacité à être le Président de tous les ivoiriens, à leur apporter la sécurité, cette ataraxie (tranquillité de l’âme) épicurienne face à leurs angoisses existentielles. Si on peut considérer que l’ex chef d’État, M. Laurent Gbagbo, a lamentablement échoué, ce n’est pas fatalement la conséquence d’une impéritie ou d’une incapacité personnelle. En tant que leader d’un parti politique fondé sur une idéologie, enseignant-chercheur en Histoire et écrivain, cet homme, a, à n’en point douter, beaucoup de qualités, d’aptitudes personnelles et professionnelles à revendiquer. Mais, il a surtout péché, par la faute d’un entourage au goût du lucre et du luxe hors norme, qui plus est, corrompu jusqu’à la moelle, qui a mis ce pays en coupe réglée, l’a transformé en une cour des Miracles. M. Laurent Gbagbo n’est pas, pour autant, exempt de reproches. Cette déconvenue, il la doit, à titre personnel, à une gestion latitudinaire et permissive du pouvoir d’État, car, comme on le dit couramment, il a laissé faire. Et, c’est ce crédo du laisser-faire qui, à dose homéopathique, est en train de s’incruster comme norme de régence. L’affaire Madjara Ouattara, que son âme repose en paix, qui défraie en ce moment la chronique, à laquelle, j’ai fini par accorder créance, selon la version diffusée par les tabloïds, face au silence assourdissant du service communication de la Présidence de la République, n’honore pas du tout, un pouvoir, qui s’est fixé comme fondamentaux, la transparence, une justice équitable et, in fine, l’émergence comme point nodal.

Cette morale universelle, censée régir tous les hommes, sans exception, l’exige péremptoirement : une dette contractée, s’honore, même si elle concerne le premier magistrat du pays ; pis, le tenant du sceptre de l’ex pouvoir, au nom du principe de la continuité de l’administration. C’est un truisme ! Je ne cesserai jamais de le dire, au-delà de nos calculs hypocrites, l’individu humain demeure et demeurera, la valeur suprême et, pour ce faire, doit être traité comme une fin, jamais comme un moyen, comme l’exige l’éthique prônée par le philosophe de Königsberg, Emmanuel Kant. Cette brave Dame, qui vient de s’immoler par le feu, écrasée et excédée par des difficultés d’ordre matériel délibérément provoquées, devant la mémoire de qui, je m’incline avec déférence, aux dires des uns et des autres, fut une militante active du parti (une ‘’grénadière voltigeuse’’, pour reprendre les termes de feu Djéni Kobina) qui a contribué à porter le Président Ouattara au pouvoir. Par voie de conséquence, refuser d’honorer un engagement concernant une telle personne, si dévouée, si engagée, au point de la réduire à l’indigence, à la mendicité, pour ensuite, la laisser mourir dans l’indignité, laissant, qui plus est, en rade, une mère souffreteuse, heurte ma sensibilité et ma morale. J’en suis contrit et marri.

Avec un certain cynisme mal contenu, j’ai vu des répondeurs automatiques (des supposés militants du parti (le RDR), luttant selon leur logique, pour le bien-être du parti) déverser sur la toile, des proses dont l’inanité le dispute à l’immoralité, tentant de justifier, cette énième forfaiture. Mais, on ne peut prospérer dans le mensonge continu, dans la démagogie. Une faute, gravissime, a été commise, elle doit être reconnue et, si possible, être réparée. La meilleure des façons d’épauler le chef de l’État, en de telles circonstances, n’est pas de ruer dans les brancards contre les tabloïds qui ont eu ce réflexe, d’ailleurs à saluer, de révéler au grand public, ce manquement éthique inqualifiable. Il est plus précisément ici question, de dénoncer, avec la dernière énergie, cet acte, dont l’abjection n’est plus à démontrer, à l’effet d’astreindre M. Le Président, à arrêter les mesures idoines devant conduire à extirper définitivement, ces ripoux, ces prédateurs de deniers publics et privés, ‘’ces coupeurs de route’’ qui pullulent cette prestigieuse instance qu’est la Présidence de la République et l’administration en général.

Également, le décès de Dame Madjara Ouattara

En mon sens, doit interpeller, le chef de l’État, le premier magistrat du pays, sur la nécessité de briser ce rempart, artificiellement érigé par des pseudo conseillers, courtisans, membres de sa sécurité personnelle entre ses militants, ses électeurs, bref, les ivoiriens, en général, et lui ; rempart artificiel qui permet à ses concepteurs véreux, blottis derrière des masques vertueux, d’opérer en toute tranquillité sans possibilité d’être dénoncés et, éventuellement, d’être sanctionnés de façon exemplaire. Il ne faut pas attendre l’occasion des élections générales pour renouer avec les populations, prendre langue avec elles, sans intermédiaire, afin de s’imprégner de leurs difficultés quotidiennes et y apporter des solutions. Cela participerait de cette duplicité, cette dialectique de l’apparence, cette technique du camouflage enseignée aux despotes par Machiavel (Cf. Le Prince, chap XVIII). Ce qui enlèverait, tout sens, au républicanisme prôné avec jactance.

Aujourd’hui, avec du recul, permettant ce retour acrobatique sur soi-même désigné sous le vocable générique de ré-flexion, on comprendrait que la politique est de plus en plus, une science exacte. On récolte quasiment ce qu’on sème. C’est cela la science politique, c’est-à-dire, la politique calquée sur le modèle des sciences de la nature ou sciences exactes conduisant à des résultats apodictiques et universels. Or, la maturité politique de l’homme ivoirien ne fait, aujourd’hui, l’ombre d’aucun doute. Les indices sont palpables, tangibles sur le terrain politique, pour ceux qui ont encore le sens du discernement, de l’analyse. Il sait lire une situation politique, en tirer toutes les conséquences politiques et éventuellement, sait dans quel sens orienter son vote, dans l’ignorance absolue des élans oratoires endiablés, fortement teintés de démagogie, servis lors des campagnes électorales. Alors, il est plus que nécessaire de revenir, sans déguisement, aux fondamentaux du républicanisme. Car, la marque distinctive d’une république, est le règne de la loi « j’appelle République, un État qui est gouverné par des lois » (Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social) qui, en plus d’être impersonnelle, doit fonder la paix sociale, assurer la sécurité et le bonheur des citoyens exerçant librement leurs droits politiques et civiques, rentrant, sans contrainte ni intimidation, en possession de leurs dus, leurs émoluments sanctionnant une tâche ou un service effectués. Je donnerai, s’il plaît à Dieu, dans une prochaine tribune, ma lecture de l’échec du recensement général initié par l’État de Côte d’Ivoire, via le ministère du plan et du développement. Que

Dieu nous garde !
Dr. Diarra Cheickh Oumar

Sciences politiques
Analyste politique
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com

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