Par Patrice Allegbé
Les ventes des journaux et des hebdomadaires ivoiriens ont « considérablement baissé », un mois après la hausse du prix, a-t-on appris auprès du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (Gepci).
« Les ventes ne sont pas bonnes », a dit François N’guilissi, un membre du Gepci, indiquant qu’elles « ont considérablement baissé » mais « d’après les premières informations, il y a eu une légère augmentation du chiffre d’Affaires de 25% de façon générale, une semaine après l’augmentation des journaux ».
Le Gepci avait décidé le 5 février 2014, du relèvement du prix des quotidiens de 200 à 300 Fcfa et celui des hebdomadaires de 300 à 500 Fcfa, afin d’offrir aux lecteurs des articles « plus fouillés » et permettre aux organes de presse d’amortir les coûts des intrants.
Selon des analyses, cette hausse devrait tirer les tendances « vers une augmentation du chiffre d’Affaires », a fait savoir M. N’guilissi, soutenant que si une entreprise de presse vendait 3.000 journaux par jour pour 600.000 Fcfa, aujourd’hui elle gagnerait 900.000 Fcfa.
La baisse des ventes ne traduit pas une chute du chiffre d’Affaires
Théophile Kouamouo, patron du « Nouveau courrier », un quotidien proche de l’opposition, constate « une baisse des ventes » de son journal « d’environ 12 à 20% », mais souligne qu' »elle ne traduit pas une baisse du chiffre d’Affaires ».
Concernant la diffusion des journaux sur le marché, « il y a une érosion des ventes et une baisse », mais « nous attendons les chiffres sur le long terme » pour tirer les conclusions, a-t-il dit.
Ces « nouveaux prix ont découragé certains lecteurs », a commenté M. Kouamouo, tout en insinuant que cette tendance pourrait « progressivement » créer « une baisse des journaux (sur le marché) au profit de la presse électronique ».
« L’information, la vraie coûte de l’argent » et pour que « les gens continuent de payer pour l’information », les médias devraient fournir aux lecteurs des contenus accrocheurs et innovants, a-t-il poursuivi.
Les entreprises de presse peuvent par ailleurs amener les lecteurs à acheter les versions électroniques de leurs journaux ou hebdomadaires en vue d’un rabattement au niveau du chiffre d’Affaires, a-t-il suggéré.
Pour Allan Aliali, directeur de publication des journaux « Révélation et Le Quotidien d’Abidjan », notamment proches du Front populaires ivoiriens (Fpi, opposition), parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, les ventes de leurs parutions « n’ont pas changé ».
« On n’a pas perdu de lecteurs. Ils sont restés fidèles », a-t-il insisté, affirmant que la hausse du prix des journaux n’a « pas eu un impact sur les achats », confiant que les lignes éditoriales de ces deux quotidiens ont été « étoffées » à la demande des lecteurs.
Le journal Révélation tire à 5.000 exemplaires par jour et vend 2.000 alors que Le Quotidien d’Abidjan en tire à 8.000 et écoule « plus de la moitié » sur le marché, a-t-il indiqué.
Quant au quotidien « Nord Sud », proche du pouvoir, « c’est les mêmes chiffres » d’Affaires après la hausse du prix des journaux, car « les lecteurs sont restés fidèles », a déclaré son directeur de publication, Diomandé Souhalio.
Lors de la première semaine de l’augmentation « on a senti un frémissement » au niveau des ventes mais cette hausse « est plutôt bénéfique » et « vraiment avantageuse pour nous », a-t-il souligné.
Selon une source, qui a requis l’anonymat, un journal proche du pouvoir connaît actuellement une « baisse de 4 à 5 points » au niveau des ventes, ajoutant que le nombre de tirages par jour est passé de 5.000 à 4.000 exemplaires.
« Avant, quand c’était à 200 Fcfa, ça marchait plus », selon des revendeurs
« Depuis ce matin, c’est 1.200 Fcfa de ventes que j’ai fait », soit quatre journaux vendus sur une commande de 29 quotidiens, a affirmé à la mi-journée Moise Digbeu, un revendeur à Marcory (Sud Abidjan).
M. Digbeu, la vingtaine, confie qu’il enregistrait en moyenne 7.000 à 8.000 Fcfa comme recette par jour quand le journal était vendu à 200 Fcfa, soit un bénéfice entre 700 à 800 Fcfa (10% sur chaque vente) contre une entrée de 3.000 à 5.000 Fcfa après l’augmentation du prix des quotidiens.
« Ça marche peu », lance un revendeur guinéen, M. Diallo, qui dit vendre maintenant 50 journaux par jour contre 70 à 80 exemplaires quand le prix était à 200 Fcfa. Concernant les hebdomadaires, dix parutions sont livrées aujourd’hui contre 20 auparavant.
Seulement le quotidien gouvernemental « Fraternité Matin » et les hebdomadaires « Allo police et Go magazine », se vendent « bien » malgré l’augmentation devant « Déclic, Star Magazine et Top Visage » qui ont conservé leurs prix (300 au lieu de 500 Fcfa), a-t-il ajouté.
Djibril Yano, un jeune guinéen de la vingtaine, préfère écouler ses journaux auprès des administrations. Mais malgré cette stratégie, les ventes se situent entre 20 à 27 journaux du lundi au jeudi, pour des commandes quotidiennes entre 60 à 70.
« Les samedis, ça ne marche pas » véritablement, sur 55 journaux livrés, « sept à dix sont vendus ». Dans les bureaux, les sociétés qui commandaient six ou sept quotidiens en prennent maintenant quatre par jour, a-t-il renchéri.
PAL/GBK
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