Au Cameroun l’activiste Lapiro de Mbanga n’est plus

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Lapiro de Mbanga chantre de la contestation contre le président Biya dans les années 90 sera ensuite accusé de pactiser avec le régime.

L’artiste musicien camerounais, Lapiro est décédé le dimanche 16 mars à Buffalo dans l’Ouest des USA, des suites d’une maladie. Il avait obtenu l’asile politique il y a deux ans et il vivait à Buffalo avec sa femme et 5 enfants.

Il avait été incarcéré pendant 3 ans pour complicité de pillage lors des émeutes de 2008. Il s’est toujours déclaré innocent.

Il s’appelait Lambo Sandjo Pierre Roger. Et quand il entre en musique, il choisit de s’appeler Lapiro de Mbanga, en hommage à la ville qui l’a vu naître.

Dans les années 90, sa musique, un mélange de makossa et de break dance, résonne partout, ses textes en pidgin un mélange d’anglais et de langues locales, décrit la misère des jeunes qu’il appelle à dire non au pouvoir en place.

Son look rebelle, blue jeans dépiécé, blouson, lunettes noires, casquette à l’envers Lapiro draine des foules. Il apparait même aux côtés d’une opposition en pleine renaissance.

Accusé de pactiser avec le régime Biya

Puis il sombre dans l’oubli, accusé d’avoir pactisé avec le gouvernement, il ne revient au devant de la scène qu’en février 2008. Le pays est secoué par des émeutes, des jeunes revendiquent à manger mais aussi de ne pas toucher à leur constitution que le président modifiera pour se représenter aux élections.
Lapiro sort un single, Constitution constipée aussitôt interdit. Il est accusé de complicité avec les pillards et écope de 3 ans de prison.
À sa sortie de prison le 24 septembre 2011, il porte plainte contre l’État du Cameroun devant le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, pour détention arbitraire. Il obtiendra raison et demande l’asile aux USA.

Exil aux USA

À son départ, il déclare à la presse « si je ne suis pas mort avant que mon statut de réfugié politique ne soit levé, je reviendrai à Mbanga ». A quelques proches, il confie que sa santé s’est considérablement détériorée en prison. Un cancer des os selon certains, une tumeur à la prostate selon d’autres.

La maladie aura finalement raison de lui ce dimanche, il avait 57 ans. Ces textes, son franc-parler, son style musical unique resteront, mais aussi son combat pour la liberté d’expression récompensé en 2008 par un prix Oxfam Novib.

Le groupe de travail des Nations Unies lui avait donné raison dans son affaire contre l’Etat du Cameroun pour détention arbitraire à sa sortie de prison, et avait ordonné que le gouvernement assure sa sécurité. En vain, Lapiro a donc demandé et obtenu l’asile aux USA.

Le 20 juin dernier, la Cour suprême du Cameroun avait annulé le jugement du tribunal de grande instance du Moungo qui l’avait condamné à 3 ans de prison. La Cour suprême avait même exigé que la procédure reprenne devant ce même tribunal de Moungo autrement composé. Ce nouveau procès n’aura donc jamais lieu, l’action publique s’éteint avec le décès de Lapiro de Mbanga qui aurait bien voulu tirer cette affaire au clair une fois pour toute.

BBC Afrique

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