…Il faut une alternance apaisée
LIDER News | 18 février 2014
Le délégué national de LIDER à l’Energie et au Développement durable, M. Yacourwa Koné, a échangé avec les journalistes en marge de l’atelier de l’Ong Search for Common Ground sur l’implication des acteurs politiques dans la réconciliation nationale.
«Nous traversons en Côte d’Ivoire une crise politico-économique très complexe. Elle tire son origine de contradictions autour de la nationalité, notamment du douteux concept d’ivoirité crée par Henri Konan Bédié. Aujourd’hui, nous en subissons le contrecoup ethnico-religieux, émaillé çà et là par des conflits liés au foncier en l’occurrence à l’ouest. Dès lors, il faut réunir les conditions d’une paix qui tiendra compte de tous ces aspects.
Pour LIDER, une vraie réconciliation ne se décrète pas, mais se construit autour de valeurs cardinales. La véritable réconciliation en Côte d’Ivoire passera nécessairement par une élection transparente, apaisée, avec des résultats acceptés par tous en 2015. Aussi, chaque formation politique doit-elle s’inscrire, sans délai, dans une approche visant à favoriser un tel scrutin. Cela nécessite inévitablement le désarmement des groupes illégalement armés, la dissolution et la reconstitution d’une commission électorale qui n’a jamais pu organiser une seule élection sans conflit, le recensement général de la population, sans oublier l’actualisation de la liste électorale. Sur ce dernier point, l’exemple du Ghana est instructif. En effet, avec environ 22 000 000 d’habitants, le Ghana a une liste électorale de près de 14 000 000 d’électeurs alors que la Côte d’Ivoire, qui a pratiquement la même démographie a moins de 6 000 000 d’électeurs, soit moins de la moitié.
Il faut également que les gouvernants s’inscrivent résolument dans une approche démocratique, en libérant par exemple l’accès des médiats d’état à l’opposition. Au vu de ce qu’il se passe actuellement, on est valablement fondé à penser que la Rti appartient au Rdr et au Pdci. L’opposition n’a pas de statut et cela n’émeut personne ; c’est pourquoi LIDER pense que l’opposition doit s’unir autour de ces questions pertinentes que M. Ouattara relègue au second plan en espérant confisquer le pouvoir en 2015. Selon certaines sources, il faut espérer que ce sont des rumeurs, il y aurait un projet de révision de la constitution dans l’objectif de créer un poste de vice-président pour faire plaisir à un partenaire du Rhdp et surtout pour introduire dans la loi fondamentale le septennat pour satisfaire une vicieuse arrière-pensée de prolongement du mandat du président Ouattara. Comment peut-on aspirer à une paix durable si l’on a l’intention de dénaturer la loi fondamentale pour se faire plaisir ? A ce rythme, nous risquons de ressortir des élections de 2015 plus divisés que jamais. Il nous faut sortir de la situation de ni guerre, ni paix. Il faut une justice équitable : certaines personnes croupissent sans motif en prison. Toutes ces choses ne favorisent pas un climat de réconciliation.
Pour conclure, je pense qu’une élection dont les dispositions tiendront compte des avis concertés et partagés des acteurs politiques est le gage d’une véritable réconciliation. Souvenez-vous qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a jamais eu de passation de charges entre les différents présidents qui se sont succédé à la tête du pays, c’est une réalité qui nous interpelle sur notre capacité à nous mettre à la hauteur du défi de la construction d’une nation, à nous approprier tous notre destin commun. Le poète a dit que les hommes vivent séparés, mais qu’ils pleurent confondus. Si de nombreuses années n’ont pu nous fédérer, nos épreuves nous offrent peut-être une occasion inespérée pour manifester une humanité, une fraternité plus grande.»
Yacourwa Koné est le Délégué national à l’Energie et au Développement durable de LIDER
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