Le salut des croyants dans un monde politique corrompu (opinion)

voeux

Isaac Pierre BANGORET

Le monde politique corrompu, pour avoir choisi d’affermir son autorité sur l’injustice, sur le mensonge légitime, sur l’exploitation des peuples, des pauvres, ne peut être compatible avec celui des véritables adorateurs de Dieu; ces personnes spirituelles qui ont une âme de pauvre, ces artisans de paix, affamés et assoiffés de la justice. Cette incompatibilité ne peut cependant amener certaines personnes à affirmer que le chrétien (le croyant) ne peut faire de la politique, car de tels propos supposeraient que le monde de la politique serait peuplé de méchants, de voleurs, de brigands, où le croyant serait certainement entraîné à la perdition. Lorsque le Christ Jésus exhorta ses disciples à rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, il n’entendait pas discréditer le monde de César. Il joignit justement l’acte à la parole en s’acquittant de l’imp ôt. Le but de Jésus de Nazareth était de nous inviter, simplement, à prendre conscience de deux réalités, de deux mondes régis, l’un, par des préceptes humains (la sagesse humaine), l’autre par la sagesse
divine (des préceptes divins). Quand la première communauté chrétienne vit le jour et que le nombre de disciples augmentait, les apôtres furent confrontés à ces deux réalités. Les Hellénistes murmuraient contre les Hébreux parce que dans le service quotidien étaient négligées leurs veuves. Les douze apôtres du Christ convoquèrent alors une assemblée et tirèrent ces conclusions: «Il ne sied pas», «soulignèrent-ils, que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis de l’Esprit de sagesse, et nous les préposerons à ces offices; quant à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole» ( cf. Ac 6).

La proposition plut à l’assemblée et l’on choisit des personnes comme Étienne, le premier martyr des chrétiens. Au-dessus de la première communauté chrétienne furent donc établis le monde de César (celui des administrateurs des biens publics, les personnes appelées au service des tables) et le monde de Dieu (celui des ap ôtres, des prêtres, des pasteurs, des imams, des guides spirituels). Si les premiers (les administrateurs des biens publics) sont appelés à se servir de lamsagesse humaine, du droit, de principes économiques élémentaires pour contenter le peuple, les guides spirituels sont invités, quant à eux, à rendre témoignage à la vérité, à mener une vie contemplative, tout en se soumettant, eux-mêmes, aux règles établies par les représentants de l’assemblée. Bien que guides spirituels du peuple, ils sont soumis aux lois élaborées par la sagesse humaine, par les représentants légitimes du peuple, en vue de l’harmonie entre tous les membres de la communauté, de la société. Jésus de Nazareth paya, à dessein, l’imp ôt à César chargé de veiller au bien-être matériel des citoyens. La politique ou encore l’art d’administrer le peuple fut, aux origines, le fruit de la sagesse humaine illuminée par la sagesse divine. Ces objectifs étaient donc nobles, puisque le représentant légitime du peuple était invité à garantir la vie, le bien-être du peuple. Les sept diacres choisis par l’assemblée pour servir aux tables sont semblables à des chrétiens, à des croyants, invités à faire en quelque sorte de la politique. Il n’existe, en réalité, aucune incompatibilité entre le monde politique et le monde religieux. La mission de l’homme politique cesse d’être noble lorsque ce dernier choisit de se servir et non de servir le peuple. Prétendre que le chrétien ne peut faire de la politique est donc une offense faite aux hommes politiques qui ont choisi de servir en esprit et en vérité leur peuple, d’observer, de manière scrupuleuse, la Loi Fondamentale de leur Nation. Prétendre que le chrétien ne peut faire de la politique, c’est affirmer implicitement que le monde de la politique est celui de Satan, des démons, du Mal, contrairement au monde religieux qui serait celui des justes. Une telle affirmation est contraire à la sainte doctrine du Christ qui nous exhorte à ne pas juger sur l’apparence ou sur le ou ïdire. Les faits nous montrent que le monde religieux a aussi ses brebis galeuses. Jésus de Nazareth était en effet rejeté par le monde religieux parce que les guides spirituels préféraient le mensonge, à la vérité, la gloire qui vient des hommes à celle qui vient de Dieu. Nombreux sont les guides spirituels qui préfèrent arriver à des compromis avec le monde politique (les administrateurs des biens publics), afin de ne pas avoir à s’acquitter de leurs imp ôts. Une telle attitude fait d’eux des serviteurs de César et non plus du Dieu unique. Nous ne sommes pas étonnés de voir le monde politique international (l’ONU) affronter officiellement, publiquement, le Pape François qui a choisi de mettre de l’ordre dans la Maison de Dieu, puisque la démocratie pour certains ne repose que sur des compromis au détriment du Droit, du peuple, de la Vérité divine, évangélique. Comment les croyants peuvent-ils parvenir au salut de leur âme dans ce monde politique corrompu aux mains des chefs des nation qui dominent et oppriment les peuples? La foi est une adhésion personnelle et libre aux vérités divines. Nous vivons certes dans un monde où des hommes, sans espérance, sont de plus en plus tournés vers le dieu argent, sourds aux valeurs morales. Les crises politiques, économiques sont provoquées, avant tout, par une crise de foi aig üe. Des hommes riches de ce monde, sans foi ni loi, ne choisissent plus d’investir pour le le bonheur matériel de l’humanité mais pour leur propre survie. Les capitaux et l’énergie tirés de notre terre sont mis au service des scientifiques, des chercheurs capables de trouver à ces riches un autre point de chute, une autre planète, dans le but d’échapper à toutes les calamités qui frappent notre terre. Aucun croyant n’a, cependant, le droit d’obliger son prochain à croire au Dieu unique, aux promesses divines. Il nous appartient plutôt de susciter dans le cœur de tous une foi nouvelle, de raviver leur espérance, en combattant le beau combat, en luttant pour la justice et la vérité. C’est à ce prix que nous sauverons nos âmes. Jésus de Nazareth nous dit à ce sujet: «Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s’affadir, avec quoi le salera-t-on? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens». «Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne se peut cacher, qui est sise au sommet d’un mont. Et l’on allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doitmbriller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux» (Mt 5, 13-16).Les hommes politiques ivoiriens, africains qui ont choisi d’affamer, d’opprimer leurs peuples, en les maintenant enfermés dans des cachots ou des goulags, de b âillonner la vérité, sont semblables à des personnes accrochées au mât d’un bateau qui chavire, convaincues du fait que leur position élevée leur permettra d’être à l’abri de la tempête, des flots qui mugissent.

Ils ne comprennent pas que les défis auxquels est confronté notre monde ne sont plus ceux d’une fois. Nous ne sommes plus dans le contexte d’une guerre froide entre bloc communiste et bloc occidental. Nous sommes loin de la compétition commerciale entre la Chine et le reste du monde puisque des expéditions dans l’espace sont organisées par l’ensemble des différentes puissances apparemment opposées. Pendant qu’ils nous incitent à nous battre comme des chiens enragés autour des os décharnés, eux se taillent la part de lion et s’appr êtent à abandonner une terre qui chavire à l’instar d’un navire. Le monde a plus que besoin des marchands d’huile, des guides spirituels pour susciter la foi dans le cœur des hommes déboussolés, pour donner, eux-mêmes, à manger à leurs fidèles, en combattant seulement le beau combat. Si les croyants luttent pour restaurer la justice, l’ordre, au sein de nos nations africaines, ils créent les conditions d’une répartition plus équitable des biens, dans l’attente de notre Seigneur qui nous a promis un monde éternel, où il n’y aura plus de pleurs, plus de larmes, plus de cris. Une telle espérance est folie pour le monde mais sagesse pour Dieu. Le monde a mis sa foi dans la science et croit parvenir à l’immortalité, à l’éternité au moyen de la sagesse humaine. Les croyants mettent, au contraire, leur foi dans le Dieu unique et sont convaincus de parvenir au salut de leur âme, en aimant Dieu par-dessus-tout et leur prochain comme eux-mêmes. Confesser sa foi dans le Dieu unique sans produire des œuvres dignes du TrèsHaut est un acte vain, voilà pourquoi il appartient aux croyants de produire des fruits qui témoignent qu’ils ont pour père Abraham, pour Seigneur, le Très-Haut. Administrateurs des biens publics, les hommes politiques obtiennent leur salut en assurant dans la justice, dans l’équité « le service à table ». Serviteurs de Dieu, nous obtenons notre salut en rendant témoignage à la vérité, au droit, à la justice, en acceptant d’être le sel de la terre, la lumière du monde.Lorsque nous tirerons notre révérence, il appartiendra au Dieu unique de nous juger dans le secret de notre cœur aux portes du Royaume céleste, devant ses anges et ses saints. Croire à la Rédemption de l’univers visible et invisible est folie pour le monde, mais sagesse pour Dieu, le Créateur du ciel et de la terre, de tout ce qui se meut sur terre, dans l’espace et dans les Cieux.

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

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