Ces vingt dernières années, suite aux nombreuses crises sociopolitiques en Côte d’Ivoire, de milliers d’ivoiriens se sont exilés partout dans le monde. Malheureusement, très souvent au risque de leur vie et dans des conditions parfois inhumaines. Beaucoup d’entre eux étaient pourchassés, menacés de mort à cause de leur activité ou appartenance politique, leur ethnie ou leur religion. Quelques fois, parce qu’ils avaient la malchance de porter un patronyme qu’il n’était pas bon d’avoir en ces périodes de haine et de xénophobie. Pour ces exilés, mourir dans leur pays, sur le sol de leurs ancêtres, ou dans le désert ou encore en pleine mer, ça ne changeait rien. Voilà comment dans le désespoir, et avec du courage, de milliers d’ivoiriens ont quitté leur pays pour des terres inconnues et incertaines.
Ces exilés, forces de développement
Après des débuts très difficiles pour beaucoup d’entre eux, certains ont tant bien que mal réussi à se recréer de nouvelles vies, en se reconstruisant moralement. En Afrique, en Europe, sur le continent asiatique ou américain, ces ivoiriens vivant désormais hors de la Côte d’Ivoire forment de véritables forces économiques, politiques et de développement. Aujourd’hui, à l’heure de la reconstruction de notre pays, ces ivoiriens qui constituent de réels acteurs de développement pour certains d’entre eux, mériteraient une attention toute particulière. A chaque voyage du président de la République à l’étranger, il leur fait l’honneur de les recevoir afin de recueillir leurs besoins et attentes. Malheureusement, les services de l’Etat qui sont chargés de mettre en exécution et suivre les politiques du gouvernement vis-à-vis de la diaspora restent pour l’instant encore inexistants par manque de moyens. Il existe bien une direction générale des ivoiriens de l’extérieur, chargée de mettre en application la politique du gouvernement à leurs encontre. Pour l’instant, elle n’existe que de nom. Elle n’a pas encore de siège et de moyens pour réaliser la feuille de route qui lui a été assignée par l’exécutif. Ces ivoiriens de l’extérieur attendent également de voir comment va s’organiser cette jeune direction. Va-t-elle fonctionner avec des acteurs issus de la diaspora, et qui maîtrisent toutes les problématiques et réalités de leur pays d’adoption respectif ? Ou va-t-elle, une fois encore fonctionner avec des agents, déconnectés ou ignorant tout de leurs attentes et besoins ?
Des dispositifs viciés par la corruption
Dans certains pays africains, ces exilés sont largement sollicités et organisés avec des moyens conséquents pour participer au développement de leurs régions, départements, villes et villages. La plupart des pays du Maghreb renforce de plus en plus cette politique envers leurs ressortissants vivant à l’étranger. Les pays comme le Maroc, la Tunisie ou l’Algérie ont élaboré de véritables stratégies d’investissements dans diverses activités économiques et de développement. En Afrique subsaharienne, le Mali est un formidable exemple en la matière. Ces Etats ont mis en œuvre de véritables dispositifs juridiques, économiques et organisationnels afin de permettre à ces acteurs d’investir en toute sécurité dans leur pays d’origine. En Côte d’Ivoire, en dépit des efforts du gouvernement pour assainir l’environnement des affaires afin d’inciter entre autres les ivoiriens de l’extérieur à venir investir dans leur pays, les vieilles habitudes ont encore la peau dure. Tous les dispositifs mis en place sont encore fortement pollués par la corruption. Les services des douanes restent toujours fidèles à leur réputation légendaire de corrompus. Plusieurs exilés encouragés par les appels du président Ouattara à investir dans leur pays ont été dégoûtés par des douaniers véreux. Ces derniers ne se gênent pas soit pour escroquer ces investisseurs ou pour faire disparaître leurs matériels de travail. Le CEPICI, mis en place pour faciliter les démarches administratives d’investissement en Côte d’Ivoire est lui aussi touché par l’environnement national de corruption et d’impunité. Plusieurs personnes se sont malheureusement confrontées à ces réalités dans leurs démarches d’investissement en Côte d’Ivoire. Face à cela, la direction générale des ivoiriens de l’extérieur reste démunie de tous moyens pour les défendre et apporter des solutions.
Macaire DAGRY
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook