Par Marc Micael
Qu’il nous soit permis, avant tout propos, chers lecteurs, de vous souhaiter la traditionnelle: «Bonne et Heureuse Année 2014». Et, la paix en Côte d’Ivoire ! Certes, nos frères et sœurs de la Centrafrique, eux n’auront pas connu une entrée paisible dans cette nouvelle année. Hélas. La Centrafrique est à feu et à sang. Encore des noirs qui se tirent dessus ou, qui se découpent à la machette. Chrétiens contre Musulmans. Anti-balaka contre Seleka. Nous rapporte-t-on. Escalade des atrocités. Des milliers de morts. Des milliers de réfugiés fuyant les affrontements. Situation sanitaire alarmante… Encore notre Afrique, au cœur d’un spectacle désolant. Pauvre Afrique ! Jusqu’à quand tes enfants continueront-ils de se conduire de la sorte ? Pires que des bêtes sauvages ?
Ce triste spectacle n’est d’ailleurs pas sans rappeler ce que nous avons aussi vécu. Ici, chez nous en Côte d’Ivoire. En 2011. Nous entamions alors, la plus grave et la plus sanglante crise de notre histoire : un changement brutal de régime politique.
Dès lors, les peurs et les douleurs de toutes ces populations civiles, de tous ces centrafricains, fuyant pour leurs vies, sont aussi les nôtres. Nous ne pouvons que compatir à leur tragédie. Dieu leur vienne en aide !
Cependant, pouvons-nous, sereinement soutenir – ne serait-ce que moralement – ces frères et sœurs centrafricains, si nous-mêmes, ivoiriens, n’avons pas encore trouvé le chemin qui nous sortira définitivement de notre drame collectif ? Pouvons-nous résolument, nous préoccuper du feu qui dévore la case du voisin, tant que n’avons pas éteint le feu qui consume notre propre pays? Et nous savons tous – ivoiriens attentifs à la situation socio-politique du pays – que la Côte d’Ivoire est loin d’être sortie de l’auberge. Le cas de la Centrafrique devrait nous servir de prétexte – une fois de plus – pour nous interroger sur notre propre sort, à l’orée de ce nouvel an 2014.
Sommes-nous prêts à sortir du cycle de violences qui perdure depuis plusieurs années ?
Comme le veut la tradition, le nouvel an est l’occasion pour les hommes de se souhaiter leurs meilleurs vœux. Au-delà de ce que chacun de nous peut espérer ou souhaiter pour lui et pour ses proches, il y a la Côte d’Ivoire. Cette terre de nos ancêtres. Ce pays qui a fait de nous ce que nous sommes : des citoyens appartenant à une nation fière et digne, comme le stipule notre hymne national. La Côte d’Ivoire, ce pays auquel nous sommes si attachés, ce pays que nous aimons tant. Au point où, s’il est piétiné ou vilipendé, nous souffrons avec lui, avant de nous révolter et finalement, sentir le besoin de le défendre, fut-il, au prix de notre vie. Eh oui. Il n’y a pas que les corps habillés qui sont destinés à mourir pour le pays. Les civils aussi sont appelés à faire preuve de leur patriotisme.
Ainsi, avant tout, il y a le pays, la Côte d’Ivoire, sans laquelle nos rêves, nos espoirs ne resteraient que des rêves et des espoirs. Rien de plus. Dès lors, le vœu le plus cher pour tout ivoirien, reste la paix pour son pays, après ce qu’il a vécu en 2011. Heureusement – et loin de nous tout cynisme – la plupart des ivoiriens ont pu toucher de doigt – comme en ce moment en Centrafrique – les réalités d’une guerre. Même ceux qui caressent le secret espoir d’en finir par le bas ou la petite porte, ne peuvent la concevoir qu’au terme d’une guerre éclaire. Hélas, ils se trompent. Comme François Holland qui fut pris au piège. Le président français qui promettait, il y a quelques jours devant les médias que l’intervention de l’armée française, baptisée « opération Sangaris » en Centrafrique, n’était pas prévue pour durer, a dû revoir sa copie. « Le discours officiel sur la durée de l’intervention évolue et se mue en : six mois à un an ». Nous rapporte la presse française. Moralité : la guerre, on sait quand elle commence, mais personne ne sait quand est-ce qu’elle finira.
On ne peut donc que formuler des vœux de paix, rien que la paix pour la Côte d’Ivoire. En espérant que le reste suivra. Surtout en œuvrant d’arrache-pied pour que cela se concrétise dans les faits. Pour ce faire, nous devons nécessairement répondre à la question suivante : comment en sommes-nous arrivés là ? Sans doute, le refus de nous conformer aux lois que nous nous sommes librement imposées ; la faiblesse de céder trop facilement à l’appel de la haine et des passions qui – très souvent – l’emportent sur notre raison. Peut-on répondre.
Mais il y a une autre question. Bien plus préoccupante encore que la première. Celle qui devrait donner à tous, des raisons d’avoir des sueurs froides: Quels risques court un pays à peine sorti d’une tragédie soldée par un bain de sang aussi effroyable, quand le nouveau régime en place demeure complice et complaisant des violations graves des droits de l’homme dont se rendent coupables des milices tribales, des seigneurs de guerre et leurs bandes armées qui ont soutenu son arrivée au pouvoir ; que peut-on espérer d’un pays dans lequel les richesses sont accaparés par un clan ethnique et religieux, qui fait à lui seul la pluie et le beau temps, pendant que plus de la moitié de la population est animalisée, en exil ou en prison ?
Pensons-y en cette nouvelle année 2014. Avant qu’il ne soit trop tard. Cherchons – sans relâche – des solutions. Asseyons-nous et discutons. C’est à ce prix et à seul prix que nous pourrons espérer ne jamais traverser le Rubicon, c’est dire, aller au-delà de ce qui est permis ; s’engager sans possibilité de retour.
Pour la petite histoire, le Rubicon est une Rivière du Nord de l’Italie qui servit de frontière entre la Rome impériale et la Gaule cisalpine. Aucun général n’avait l’autorisation de la franchir avec une armée; ce que fit pourtant Jules César en s’écriant « Alea jacta est » (« le sort en est jeté »).
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