Ce discours, tout le monde l’attendait, en raison de sa promesse d’une bonne nouvelle qui serait révélée en fin d’année…, mais voilà, la bonne nouvelle s’est mue en «bonne année », et la montagne Sylvestre a accouché d’une souris…
Alassane Dramane Ouattara , en cette fin d’année 2013, aurait dû faire son discours avec un casque de sécurité vissé sur la tête, parce que ce n’est pas en Président de tous les Ivoiriens qu’il a parlé, mais en technocrate des ponts et chaussées, en employé de Bouygues, préposé aux futurs autoroutes payantes et ponts payants, en vassal dévoué il a tenté d’envoyer des ondes positives à ses patrons, tout en essayant de plaider sa cause devant les derniers investisseurs potentiels, quelques têtes brulées qui seraient assez inconscientes pour s’engager encore à ses côtés.
«la vie est chère» dit il, enfin il le réalise! Hier il officiait au FMI et prônait le gel des salaires, aujourd’hui, il enfile son costume de syndicaliste de la françafrique qui plaide le déblocage des salaires. Nous ne sommes plus à une incohérence près : très fier il annonce la revalorisation des salaires de la fonction publique, bloqués depuis et revalorisés. Mais je crois me souvenir que le président Gbagbo était déjà intervenu en ce sens en rajoutant des primes à certaines catégories de fonctionnaires. Mais ces heureux fonctionnaires et militaires ne sont plus là pour en témoigner, ils ont été remerciés, limogés, et dans le meilleur des cas leur rallonge vitale a été supprimée.
Tout va bien en Ouattarandie, notre chef avoue avoir le cœur plus léger qu’il y a un an. Après la règle des 4C du diamant que j’ai appris en Israël, voici celle des 3C du vivrier que je ne connaissais pas: café, cacao, coton : tout va bien, l’agriculture continuera d’être l’eldorado du pauvre ivoirien, il y aura beaucoup de travail dans les terres concédées au lobbies des semences OGM et de l’agroalimentaire, dans les terres rizicoles concédées à la veuve Louis Dreyfuss. Le Smig, est instauré ; selon l’avis de beaucoup de français, il n’a jamais rien apporté de bon, mais en Côte d’Ivoire il fera des miracles, le brevet est donc exportable en Afrique. Tout ira bien, l’avenir est rose, bien qu’en friche. Quid des chômeurs rattrapés, des retraités, des jeunes diplômés, quid des prisonniers et des exilés qui ne se pressent pas à la porte ? Seule la nouvelle Guerre française en Centrafrique a permis d’en rapatrier une centaine.
Concernant la Couverture maladie universelle courant 2014, il ne pouvait pas faire moins, elle était déjà dans les promesses 2013…
« Notre pays change, progresse, Priorité à l’emploi avec un rythme de création d’emplois soutenu, l’objectif d’un million d’emplois est toujours à notre portée », j’abonde dans son sens, puisque ce qui me frappe toujours, ce sont les annonces nécrologiques: beaucoup de personnes jeunes décèdent alors que ce n’est certainement pas leur heure. A défaut de créer des emplois, par un jeu d’écriture, ceux laissés vaquant par les morts seront occupés par quelques rescapés reconnaissants.
Et l’économiste bardé de diplômes en économie de marché, nous ressert encore une fois le micro crédit des pauvres, au probable taux exceptionnel d’un pour cent par mois !Atteindre l’émergence nécessitera plus d’un coup de pouce, carrément la falsification des registres et des statistiques !
Nous apprenons également que la Côte d’Ivoire renoue avec le « retour à la sécurité », et pourtant depuis plusieurs jours une classification rendue publique fait de la côte d’ivoire le troisième pays le plus dangereux au monde, après deux pays d’Amérique latine . En fait la Côte d’Ivoire est le pays le plus dangereux d’Afrique, mais parole de président qui ne ment point, son nez ne s’est pas allongé, ni celui de son épouse, encore plus digne de foi puisque le sien a été remodelé, retouché à la baisse.
Mais bon, il fallait envoyer un message subliminal à la communauté internationale, parler de la sécurité retrouvée, de la lutte intensifiée contre la corruption et le racket, fléau hérité des refondateurs. Grâce au bon travail des forces de sécurité que nous appelons par leurs petits noms, Frères Cissé et Dozos, les coupeurs de route ne sont plus que des piétons inconscients qui traversent la chaussée sans regarder, et provoquent tous ces accidents mortels qu’on ne cesse d’évoquer ces dernières semaines ;
L’héritier d’Houphouet est pour la préservation d’un climat de paix; notre disciple d’Houphouet qui n’a jamais intégré le parti du maitre, mais crée le sien, le digne fils du Père de la nation, le vrai l’authentique, labellisé, peut maintenant retirer son casque BTP, glisser dans sa poche son fascicule unique lui ayant valu doctorat d’économie, pour sourire dorénavant, un brin d’olivier entre les dents, comme la colombe de Noé qui annonçait la fin du déluge.
Il tient à poursuivre le dialogue avec l’opposition, la justice qu’il ne cesse de houspiller pour sa lenteur doit permettre incessamment sous peu des mises en liberté provisoire, petites piécettes concédées à la réconciliation, provisoire elle aussi. Mais qui sont les heureux élus ? Un délestage providentiel aurait amputé une partie du discours, à moins que l’émotion partagée avec tous les Ivoiriens qui guettaient cette bonne nouvelle à eux promise l’ait empêché de citer les noms des chers frères et sœurs des partis d’opposition. Comprenez qu’il s’est beaucoup exercé à sourire, à enjôler son public pour tenter de rejouer cette première impression bonne, d’un homme bon, généreux, compétent, qui arpente quelquefois la Côte d’Ivoire en long et en large pour répondre à ses besoins, et sillonne régulièrement, grâce à son abonnement, tous les couloirs aériens au dessus de tous les pays émergés, atterrissant parfois pour recevoir des ordres, le tout maquillé en conférences importantes, colloques qui décrocheront la lune à la Côte d’Ivoire. Oui notre Homme est prêt pour l’émergence dans les années à venir, bien accroché à son fauteuil jusqu’à la fin de ce mandat et du prochain, grâce aux élections électroniques garanties sans fraudes, surtout dans les régions non encore raccordées à l’électricité, et ailleurs un accord passé avec Délestron ce jour là, permettra des scores meilleurs qu’en 2010,cela va sans dire.
Opposition, saisissez la chance qui vous est offerte de vous joindre au sage Ouattara; fermez les yeux et la bouche, le spécialiste est aux commandes, pour un atterrissage dans la réalité virtuelle d’un des dix pays à la plus forte croissance au monde. Et je n’invente rien puisque c’est lui encore qui l’a dit au début de son bilan compétences.
« Je forme le vœu d’ une paix consolidée en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde »,Ici ce n’est plus l’homme au casque BTP et au rameau d’olivier qui parle, mais le Messie ou dernier Mahdi .Et là, on écoute religieusement, avant d’éteindre la télévision et de passer aux choses sérieuses: quand est-ce que le peuple va prendre enfin son destin entre les mains, sachant que le secours ne viendra ni de l’occident, ni de Ouattara et consort, et que chaque jour passé à attendre est un jour de prison en plus, un jour de malheur, un jour de cendres et de ténèbres en plus? Soufflons sur les braises qui restent, préparons nous à sauter dans le brasier sans peur, pour alimenter sa combustion et déclencher l’incendie, celui que les Pompiers-Pyromanes n’auront pas allumé et ne sauront plus éteindre, et que la peur change définitivement de camp. C’est au travers du feu que vous serez éprouvés, que l’or, l’argent et les autre trésors que vous êtes, aux yeux du Dieu qui vous a crée libres, égaux et partenaires avec lui dans sa création seront affinés. Cet argent là, cet or va circuler, laisser des traces, ces traces si chères à Laurent Gbagbo. C’est au travers du feu que l’occident et ses lobbies de paille, vrombissant et rugissant comme de vieux lions édentés auront leur récompense, en brulant et en se consumant, ils révèleront au monde entier peu de scories intéressantes, si ce n’est leur forfaiture dévoilée aux yeux de tous, et votre couronne d’hommes libres et non plus vos entraves d’esclaves.
Quand j’étais enfant, ma mère m’expliquait à sa manière la différence entre l’espoir, concept laïc et l’espérance, concept pétri des promesses divines. Alors que l’espoir s’enracine en l’homme, l’espérance s’enracine en D.ieu. Comme Caiphe, notre homme a prophétisé sans le savoir, citant l’hymne national, « j’ai foi en l’avenir radieux de notre chère Cote d’Ivoire qui mérite plus que jamais son nom de terre d’espérance ».Oui la Côte d’Ivoire peut redevenir cette terre d’espérance, pas celle de l’espoir qui fait prospérer tous ces magiciens qui créent la lumière à Abidjan en la coupant ailleurs, mais cette terre où on attend et prépare le chemin de Celui en qui tellement d’hommes et de femmes espèrent, celui qui comptabilise toute les gouttes de sang tombées à terre, qui recueille toutes les larmes dans son outre, celui qui s’est encore retenu quand la fondatrice de Children of Africa a demandé« qu’en cette nuit de Noël pas un enfant ne souffre en Côte d’Ivoire. » pour ne pas la secouer comme on secouerait un karité afin que les fruits tombent, et soient mis à la disposition du plus grand nombre, symbolisant les futures récoltes, les futures semences, les rires et les retrouvailles revenus sur une terre qui aura englouti tous ses artisans de malheurs, reconnu et accueilli les vrais artisans de la paix et de la reconstruction.
Enfin, en relisant le discours de Ouattara après l’avoir écouté, les accents de la fin me parviennent comme ces bandes son où dans la France occupée, le maréchal Pétain a fait don de sa personne à la France, avec le discours, travail, famille patrie, offrant la France à genoux au vainqueur teuton, acceptant à l’avance toutes les lois iniques qui l’accompagnèrent.
« La nouvelle Côte d’Ivoire, l’Ivoirien nouveau» c’est une entité statique sans vie, sans ambitions, sans rêves, sans projets que Ouattara nous brosse, une Côte d’Ivoire démantelée, un Ivoirien esclave sur sa propre terre. «L’ivoirien doit prendre conscience de son rôle dans notre société »non monsieur, ce n’est pas le discours des Ivoiriens, là vous prêtez votre voix aux ennemis de la Côte d’ivoire, l’Ivoirien, le vrai, -et celui qui le rejoint en acceptant d’unir son destin au sien -,vomit votre société et son modèle paternaliste et colonial, qui sent la naphtaline, il va s’intégrer dans la société qu’il a choisie, désirée, son Eburnie, une Côte d’Ivoire fraternelle, et il va suivre les traces de celui qui les a si fortement imprimées dans le pays, et dont la déportation à la Haye n’a pas estompé le souvenir, Les références à l’Ivoirien véritable sont les siennes, et certainement pas celles d’un homme qui aura fait de la côte d’ivoire un pays à genoux, un immense chantier à ciel ouvert pour débusquer encore quelques poules aux œufs d’or qui auraient échappé aux prédateurs et aux soldeurs, Le modèle idéal n’est certainement pas le modèle occidental, regardez, ouvrez les yeux, voyez ce qu’il a apporté dans la durée, quelques villes et une capitale ultramoderne, destinée à présenter à quelques étrangers et élus rattrapés, un modèle civilisé, alors que le gros du peuple habiterait une zone de non droit, sans eau courante, sans électricité, comme c’est toujours le cas dans le nord où les rebelles font la loi ,abandonnant totalement les populations, se rappelant à leur souvenir quand les échéances électorales arrivent.
Pauvre Côte d’ivoire, livrée à la violence, la pauvreté, qui vivote sans espérance et sans avenir, éternelle analphabète, jamais entrée dans l’histoire, as-tu vraiment besoin d’être encadrée par ces européens et supporter la présence toujours apaisante et réconfortante pour « prévenir et éviter les bains de sang »,aux côtés de l’ivoirien nouveau du modèle Ouattara, le collabo qui te veut du bien ? Vas-tu continuer de courber l’échine et te faire tondre la laine sur le dos ? Et si tu décidais que 2014 ne ressemblera pas du tout à 2013 ?
Shlomit Abel
2 janvier 2014
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