Par Melinda Davan-Soulas
Dans une interview publiée mardi par le Washington Post, Edward Snowden déclare avoir atteint son but en révélant les secrets du programme de surveillance du renseignement américain. L’ancien consultant de la NSA, actuellement à Moscou, se dit satisfait de ce qu’il a fait et des conséquences engendrées.
Actuellement en Russie, Edward Snowden n’en reste pas pour autant éloigné des médias. Si ponctuellement ses fichiers dérobés à l’Agence de sécurité nationale (NSA) font la une des journaux, il se confie parfois. Mais depuis son arrivée à Moscou en juin dernier, l’ancien consultant de la NSA était resté discret. Il s’est confié pendant près de 14 heures à un journaliste du Washington Post, le journal qui avait eu la primeur de ses scoops avec le quotidien britannique The Guardian. Dans les colonnes du Post de mardi, il revient sur six mois de révélations qui ont bousculé le monde, mais juge avoir atteint son but (lire ici).
« Pour moi, en terme de satisfaction personnelle, la mission est déjà accomplie. J’ai déjà gagné », insiste l’informaticien qui, durant tout l’entretien s’en tient à trois valeurs centrales dans sa quête : la démocratie, la surveillance et la signification des documents révélés. Mais il nie avoir voulu abattre la NSA. Ce qu’il voulait au contraire, c’est « l’améliorer » en la poussant à changer de méthodes. Snowden se félicite d’avoir pu mettre la NSA dans une situation paradoxale, celle d’une entité habituée à regarder sans être vue et qui se retrouve désormais sous les feux.
Pour lui, le but était de stopper l’emballement d’une dangereuse machine de surveillance des masses devenue incontrôlable. Les activités de la NSA étaient de « dominer l’information » en utilisant les secrets d’autres personnes pour façonner les évènements, explique-t-il. « Je travaille encore pour la NSA aujourd’hui. Elle est la seule à ne pas s’en rendre compte », ironise-t-il.
« Je ne voulais pas changer la société »
Si ses révélations ont modifié les relations entre le gouvernement américain et son peuple, mais aussi avec le reste du monde, cela ne l’inquiète guère. « Dès que les journalistes ont pu commencer à travailler (sur les documents subtilisés et rendus publics, NDLR), cela a démontré la justesse de ce que j’essayais de faire », poursuit le fugitif. Des enchaînements en cascade se sont fait sentir au Congrès, dans les tribunaux, dans la culture populaire jusque dans la Silicon Valley et les plus grandes capitales du monde, poursuit le Washington Post. La structure de base d’Internet est désormais remise en question tandis que le Brésil et l’UE réfléchissent de conserver leurs propres données loin du territoire américain et des technologies américaines. Même Google, Microsoft et Yahoo prennent des mesures pour bloquer la collecte d’informations par le gouvernement. Récemment, un rapport préconisait la révision en profondeur du fonctionnement de la NSA.
Selon ses propres mots, Snowden aurait fait tout cela pour ses concitoyens. « Parce que, souvenez-vous, je ne voulais pas changer la société. Je voulais donner à la société une occasion de décider si elle voulait se changer elle-même », rappelle-t-il. « Que les gens puissent avoir leur mot à dire sur la façon dont ils sont gouvernés. Une situation à laquelle nous avons renoncé il y a longtemps. »
http://lci.tf1.fr/monde/amerique/edward-snowden-la-mission-est-deja-accomplie-8336298.html
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