Idriss Ouattara , vous êtes secrétaire général de la CO.P.I.E (coordination des patriotes ivoiriens en exil). Il y a une polémique sur l’accord signé entre le gouvernement et le FPI sur le retour des exilés, si l’on s’en tient a un texte que la copie a publie depuis vendredi dernier. Qu’en-est-il ?
Effectivement nous avons marqué notre étonnement sur cet accord au sortir d’une réunion et promis donner notre point de vu que le Président Pickass va traduire dans une déclaration que vous verrez bientôt. Mais je voudrais me permettre de faire les précisions suivantes : nous ne sommes pas opposes au principe des discussions entre le gouvernement et fpi sur notre retour. Nous n’accusons pas non plus la délégation qui a mené les discussions d’avoir trahi comme certains le font croire pour créer des problèmes la ou il n’y en pas. Non au contraire nous respectons cette délégation et nous la soutenons. En tant que structure qui gère les exilés, nous avons été saisi immédiatement après l’annonce de l’accord par de nombreux exilés dans les camps à Accra, Lomé, Benin et en Europe, qui exprimaient leur étonnement et leurs inquiétudes sur ce fameux accord. Et nous COPIE, avons le devoir de traduire ces préoccupations. C’est ce que nous faisons. Notre problème est essentiellement dans la méthode et dans la procédure. Nous n’avons ni été informés, ni associés dans ces négociations qui ont quand même pour objet notre retour. Nous avons appris l’accord comme tout le monde à la télé. C’est quand même nous qui vivons l’exil. En amont et en aval on doit être associés pour rendre l’accord crédible. C’est pourquoi nous avons marqué notre étonnement et nos inquiétudes. On nous dit qu’on viendra nous voir pour nous rendre compte. Et si on remet en cause l’accord ? Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Sur le contenu même de l’accord, la question des exilés n’est pas un problème isolé.
Comment ?
Elle est liée à la résolution globale de la crise. C’est a dire qu’il faut que le gouvernement soit courageux pour prendre des mesures globales. La question des exilés doit être réglée en même temps que celle des prisonniers, de la sécurité et autres problèmes. Si on libère les prisonniers, ce qui est le plus important, la question des exilés peut être abordée aisément. Si on veut détacher la seule question des exiles on va tourner en rond puisqu’on exigera la libération de nos camarades d’abord. Il faut donc commencer par le plus facile avant d’aller au plus difficile, libérer ceux qui sont à l’intérieur avant de demander à ceux qui sont à l’extérieur de rentrer. On ne peut pas rentrer à Abidjan avec nos camarades en prison.
De plus la question des exilés elle-même est rattachée à certaines questions spécifiques telles que le dégel des comptes, la libération des maisons et la sécurité. Avant de dire aux exilés de rentrer il faut résoudre ces questions d’abord. Parce que quand l’exilé rentre, il mange comment ? Il dort comment ? Il est protégé comment ? On nous dit que le gouvernement ne va pas appliquer les mandats d’arrêts. Pourquoi ne pas les annuler et les laisser planer comme des épées de Damoclès sur les gens une fois qu’ils seront au pays. Pourquoi ne pas prendre une loi d’amnistie qui rassure tout le monde. Surtout que nous n’avons pas confiance dans ce gouvernement. On a vu le cas de la pergola comment nos camarades ont été piégés et ont fait la prison pendant 2 ans. Sinon, nous allons préférer notre misère d’exil au goulag d’Abidjan. Nous sommes prudents. Nous voulons rentrer certes mais pas à n’importe quelles conditions. Il ne faut pas que les gens nous donnent le sentiment qu’ils veulent faire un geste pour la communauté internationale qui les accule en ce moment. Nous sommes vigilants. Il faut qu’on sente une volonté claire et nette à travers des mesures vigoureuses. Et vous verrez que nous allons rentrer sans difficulté.
Interview realisée par le Temps
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