Sur la route de Yamoussoukro, Toumodi n’est plus une escale obligée (REPORTAGE)

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Par Guy-Bertrand Kuyo alerte-info

L’ouverture de « l’autoroute du nord » reliant Abidjan (sud, capitale économique) à Yamoussoukro (centre, capitale politique), pourrait faire disparaître l’étape de Toumodi (40 Km de Yamoussoukro), du carnet des nombreux voyageurs qui y faisaient escale principalement pour « recharger leurs batteries ».
Toumodi

A l’espace gastronomique de la gare de Toumodi, non loin de l’hôpital général dans le centre-ville, de nombreux clients se pressaient pour voir passer le président ivoirien Alassane Ouattara qui avait inauguré mercredi la nouvelle autoroute du nord, longue de 230 Km et reliant Abidjan à Yamoussoukro.

Des commentaires fusaient de partout, mélange de joie et de soulagement. Les passagers en escale dans la ville ne cachaient pas leur soulagement de ne plus avoir à supporter des heures inlassables de voyage. Désormais, moins de deux heures en voiture séparent Abidjan et Yamoussoukro, contre environ trois et demie, auparavant.

« Nous pouvons désormais faire un aller-retour en car de transport, pour rendre visite a nos parents et repartir le même jour sans encombre », se rejouissait Jean-Paul N’dri, jeune étudiant originaire de Yamoussoukro et vivant à Abidjan.

Le president du Haut conseil des transporteurs, Camara Aboudramane était, lui, tout heureux de voir que « les routes de Côte d’Ivoire sont en train d’être refaites ».

« Nous n’écartons pas l’éventualité d’une révision à la baisse, du coût du transport », avait-il annoncé dans la foulée.

Mais l’enthousiasme et l’allégresse des uns contrastaient avec la mélancolie des autres.

C’est que le manque à gagner du fait de l’ouverture de l’ « autoroute du nord », à un kilomètre de la ville, est « plus ou moins important », à en croire non seulement des commerçants du centre-ville, mais aussi des cadres du département qui « craignent pour le rayonnement de Toumodi qui risque de prendre un coup ».

L’économie de Toumodi a toujours profité des escales presqu’obligées de tout automobiliste ou voyageur pour s’approvisionner en vivres, ou pour résoudre un souci mécanique ou encore se ravitailler en carburant, selon Georges Konan, pompiste dans une station-service.

« C’est à Toumodi que tout usager pouvait « recharger ses batteries » avant de poursuivre le voyage. Les restaurateurs, les stations d’essence, les supermarchés et autres petits commerces se frottaient les mains », avait indiqué M. Konan.

Réputée pour ses multiples gargotes proposant du gibier cuit à l’ancienne, Toumodi surnommée « la cité de l’agouti » (rongeur sauvage dont la viande est prisée dans la région), s’est depuis plusieurs années imposée comme l’étape gastronomique obligée pour la majorité des voyageurs ralliant par la route les deux capitales ivoiriennes.

« Je croyais que cette autoroute devait passer dans la ville, et finalement, un kilomètre nous sépare de nos clients ! », pestait Joséphine Affouet, tenancière d’un célèbre « maquis » (espace gastronomique à ciel ouverte) dans centre-ville.

Vendeuse de fruits, de banane plantain et d’igname depuis plus d’une decennie au centre-ville, Fatou Traore, la trentaine, n’était pas tellement ravie de l’ouverture de l’autoroute, qu’elle savait qu’elle se ferait tôt ou tard.

« L’autoroute est loin de Toumodi-centre, et cela va nous causer une grosse perte, car c’est ici que nous nous débrouillons pour nourrir nos familles, scolariser nos enfants et préparer leur avenir », se plaignait-elle.

Omar Diarra qui tient depuis plusieurs années « le kiosque du voyageur », un espace ou tout voyageur peut s’offrir une tasse de café et des sandwichs avant de poursuivre sa route, méditait, inquiet.

« Comment vais-je pouvoir amortir tous mes investissements et réussir à déménager jusqu’à l’autoroute ? », se demandait-il.

Mais déjà, beaucoup de commerçants avaient choisi de ne pas passer le temps à pleurer sur « une situation qui s’impose à tous ».

La famille Kouakou, Martine Fiankan ou encore Michel N’guessan, avaient pris les devants en déménageant leurs espaces à l’intersection de l’autoroute, « en vue de se rapprocher de nos clients que sont les voyageurs ».

Ils avaient rejoint les premiers hangars qui commençaient à s’aligner le long de la nouvelle autoroute où le commerce prenait petit-à-petit vie.

GBK

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