A propos de Mandela – Alassane Ouattara, les pulsions d’un dictateur naissant ?

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Une sortie maladroite et inconvenante, que cette récente déclaration du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) !

Selon le chef de l’Etat ivoirien, c’est en raison de son âge très avancé, qu’après avoir exercé le pouvoir pendant un seul mandat présidentiel, Nelson Mandela a renoncé à demeurer à la tête de l’Afrique du Sud !

Une prise de position qui a surpris et déçu, tant aux yeux de l’opinion africaine, l’homme incarne un certain espoir.

La déception est d’autant plus grande que dans ses échanges avec la presse, ADO avait aussi souligné que même en France, c’est seulement en 2002, que les mandats présidentiels ont été limités.

La sortie d’ADO donne le sentiment qu’à l’image de certains de ses pairs, l’occupant du Palais de Cocody pourrait aussi ne plus songer à quitter le pouvoir, si les Ivoiriens lui donnaient une seconde, une troisième, une quatrième chance

La prise de position du chef de l’Etat ivoirien, constitue une contre-vérité historique. D’abord, parce qu’elle conforte dans leurs positions respectives, les dirigeants vieillissants, et tous ceux qui aiment à s’éterniser au pouvoir, quel que soit leur âge. De telles assertions tendent donc à encourager tous ces dirigeants africains qui vont à contre-courant de l’histoire. Avec les engagements pris à La Baule, les peuples africains ont pris à cœur de tourner la page. Et puisque dans ce monde fait d’ouverture et de solidarité, les images font facilement le tour de la planète, ils savent bien s’inspirer des luttes des autres pour avancer.
Ensuite, la sortie d’ADO donne le sentiment qu’à l’image de certains de ses pairs, l’occupant du Palais de Cocody, pourrait aussi ne plus songer à quitter le pouvoir, si les Ivoiriens lui donnaient une seconde, une troisième, une quatrième chance. La prise de position est inopportune, en ce qu’elle dédouane ceux qui s’accrochent au pouvoir. L’argumentaire du chef de l’Etat ivoirien est en déphasage avec le profil propre de l’homme. Pour une fois, ADO a manqué l’occasion de se taire. Très laides, ces paroles ne l’honorent guère. Il aurait mieux fait d’éviter de favoriser une lecture aussi biaisée du cas Mandela, essentiellement fondé sur des principes et des valeurs propres à la démocratie et à l’éthique africaine !

ADO avait pourtant jusque-là su bénéficier de la sympathie de l’opinion africaine. A présent, il est à craindre qu’il ne change de stratégie. La détermination de son opposition à lui compliquer la vie, l’aidera sans doute à éviter toute métamorphose dans le mauvais sens. Il lui faut absolument garder le cap de sa morale politique qui lui a toujours valu son aura, et ne pas se laisser embarquer dans une aventure faite de mégalomanie et de démagogie. Il faut prendre garde à ne pas revenir à la pensée unique, laquelle fait le lit des dictatures. Ces propos d’ADO déçoivent car, ils se situent dans la mouvance du syndicat des chefs d’Etats ; lesquels, aspirent toujours à défendre des homologues en réelle difficulté chez eux.

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Mais, la grandeur de Mandela ne se discute pas. L’Homme a su se distinguer de ses contemporains, par sa vision et sa mission. Chez Mandela, l’accès au pouvoir n’a jamais été une fin en soi. Le chef de l’Etat ivoirien va devoir se ressaisir, pour le bonheur de la jeunesse africaine ! Alassane Ouattara doit continuer à donner de lui l’image du dirigeant africain propre et honnête, ouvert, magnanime, compétent et travailleur. A être un modèle pour les générations montantes, à l’heure où l’Afrique souffre d’un réel manque de leadership, surtout dans sa composante francophone !

Il convient, pour ceux qui ont encore un peu de lucidité, de faire leur part de mandat et de s’éclipser, avec la bénédiction des peuples qu’ils ont conduits des années durant.

D’où vient-il donc, qu’à travers le continent, des octogénaires et des dictateurs de tous genres, continuent de s’agripper au pouvoir ? De nombreuses raisons à cela, entre autres le mépris des peuples et la mal gouvernance sur fond de cupidité et d’impunité. L’outrecuidance est le lit de la plupart des princes qui gouvernent l’Afrique d’aujourd’hui. Entrés le plus souvent par effraction dans l’histoire politique de ce continent, bien des dirigeants n’ont que faire du progrès des peuples ! Tout en nous distrayant avec de beaux discours, ils se préoccupent en général de leurs comptes en banques, de leurs possessions illimitées, et de l’avenir de leurs proches et de leur clan. Qu’ils se ressemblent, ces leaders qui, la boulimie du pouvoir aidant, finissent un jour par oublier d’où ils viennent.

On avance parfois que les gouvernants sont esclaves de leur entourage. Possible ! Ce qui est sûr, ils affichent en réalité un mépris souverain à l’endroit de la loi fondamentale qu’ils n’ont de cesse de manipuler. Alors que dans les démocraties citées en exemple, on se garde de toucher aux textes constitutionnels, eux les bafouent et les révisent à volonté, et à leur profit exclusif. Ignorant au passage leurs signatures, ils regardent avec dédain les électeurs qui les ont élus pour un mandat clair et précis, sur la base de leurs propres engagements. Par conséquent, ils ont vis-à-vis du peuple tout entier, le regard plein de condescendance mais surtout de cynisme.

En tout cas, le mépris de certains chefs d’Etat envers les institutions de la république est manifeste. Il se caractérise par une main-mise totale sur les structures et une intrusion constante dans les affaires. Tout est alors mis en œuvre pour faciliter les opérations, et donc permettre d’assouvir l’appétit de l’ogre. Rien d’étonnant donc si le pays se heurte à une gestion non orthodoxe des ressources, tant au plan humain, financier que matériel ! Mais rien de surprenant également, si des troubles éclatent un jour ; car, tôt ou tard, le citoyen finit par en avoir marre d’un système qui l’étouffe et le prive du minimum. Or, de la révolte d’un peuple lésé dans ses droits et réduit à sa plus simple expression, il n’y a de remède que la capitulation. Aussi faut-il savoir tenir ses engagements, et surtout respecter les textes, sa propre signature, et ceux d’en face !

Ceux que les thuriféraires poussent vers des chemins sans issue, devraient s’atteler à bien négocier le virage du renoncement et de la paix avec leur peuple ! Il leur faut ne pas s’entêter à vouloir conserver à tout prix un bien qui ne leur appartient point. Le pouvoir est la propriété du seul à détenir les vrais leviers de la démocratie : le peuple ! Il convient donc, pour ceux qui ont encore un peu de lucidité, de faire leur part de mandat et de s’éclipser, avec la bénédiction des peuples qu’ils ont conduits des années durant. Ceux qui cherchent toujours à user de ruses et de subterfuges divers, finissent toujours par en payer le prix.

«Le Pays»

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