Côte d’Ivoire – La guerre des héritiers de Gbagbo a-t-elle recommencé ?

heritiers

Depuis Accra Justin Katinan Koné a repris du service. À la faveur des obsèques de Nelson Mandela, il a mené une activité au nom de Laurent Gbagbo, a écrit un message très virulent au nom de l’ex-chef de l’Etat. Le porte-parole a-t-il été expressément mandaté ou missionné par Laurent Gbagbo himself, ou bien a-t-il agi dans le cadre général de ses prérogatives?

Le débat se fait sous les manteaux et dans les salons au Fpi. Pour l’instant il n’est pas encore sur la place publique, mais depuis la publication de la liste des instances du parti et la part congrue qui a été faite aux exilés, au profit des militants de l’intérieur qui, ont connu la prison et les Frci comme géoliers, Accra et les branches extérieures proGbagbo (et non les cadres même du FPI) fulminent de colère. Rendu moins actif et moins activiste par la longue procédure de tentative d’extradition intentée contre lui par les autorités ivoiriennes, Justin Katinan Koné est désormais libre et opérationnel depuis plusieurs semaines. Cette liberté ne l’a pourtant pas poussé à ruer immédiatement à nouveau dans les brancards et à faire feu de tout bois. D’abord pour ne pas mettre dans l’embarras les autorités ghanéennes d’une part, et d’autre part pour éviter de marcher sur les plates-bandes du Fpi. La question se pose désormais de savoir, si en dehors du Fpi, son parti qui porte contre vents et marées sa voix et aussi les attentes des militants et de ses électeurs, Laurent Gbagbo a encore besoin d’un porte-parole personnel, qui serait différent de Laurent Akoun. Laurent Gbagbo a-t-il une parole personnelle et non politique à porter ? “Oui , si cette parole est privée et vraiment personnelle et n’a aucun impact, ni contenu politique’’, estime une source proche du Fpi, qui explique : “Face à Mamadou Koulibaly , suspecté de n’être pas un fou de Gbagbo, face à Miaka et Akoun devant tenir compte des représailles éventuelles du régime Ouattara, Katinan Koné devait et pouvait souvent porter la parole de Laurent Gbagbo, mais quelle parole peut-il encore mieux porter qu’Affi N’Guessan, Akoun, Kodjo Richard, et surtout Sangaré Aboudramane qui fait office de repère et de conscience morale de notre parti ?”.

Deux thèses circulent sur la dernière sortie de Katinan Koné. La première explique que Laurent Gbagbo luimême n’est pas étranger à cette sortie, et qu’il tire les ficelles. Il s’agirait ainsi de manifester une petite mauvaise humeur contre Affi N’Guessan et un léger désaccord avec la direction que le Fpi veut prendre malgré les alertes et mises en garde du très vigilant Aboudrahamne Sangaré. La seconde thèse fait état plutôt d’une tentative de passage en force de Katinan Koné, qui veut personnellement avec ses soutiens extérieurs se dresser et se positionner contre Affi et la direction actuelle du Fpi. Une façon ironique de leur dire : «Coucou, je suis encore là, ne m’oubliez pas». Les exilés qui reportent de jour en jour leur retour au pays, sont soucieux en cas de la fin de leur exil, du rôle politique qu’ils pourraient jouer et de la place qu’ils pourraient avoir dans le Fpi, et les structures portant le combat de Laurent Gbagbo. Après la guerre des mouvements patriotiques et de résistance, comme du temps où Gbagbo était au pouvoir, seuls le Fpi et, dans une moindre mesure le Cojep ont pu survivre. Les autres doivent désormais se trouver des points de chute. À ce propos écoutons cette confidence faite par un cadre pro-Gbagbo : “C’est bien l’exil, ça permet de parler, mais le combat de l’intérieur est le plus efficace. Tous nos électeurs sont sur place. Et puis si par extraordinaire, Ouattara quittait le pouvoir, celui-ci tombera dans les mains des cadres intra muros du Fpi, et non entre les mains des exilés. Est ce cela qui fait peur et rend frileux?”.

LA SORTIE DE KATINAN KONÉPRÊTE À ÉQUIVOQUES ET À SPÉCULATIONS

En tout état de cause, la sortie de Katinan Koné n’a pas fait que des heureux au Fpi. Cela est perçu comme une tentative de désaveu de la part de Katinan Koné, ou de son mandant, ou pis comme du sabotage. La déclaration du porteparole, rappelle par ailleurs à certains qui en ont encore un souvenir douloureux et regrettable, que les mêmes sorties font parties des causes ayant eu raison de Mamadou Koulibaly. Qu’il tire ou pas les ficelles, Laurent Gbagbo devra faire face dans un avenir pas très lointain, à sa propre guerre des héritiers, en faisant en sorte que cela ne serve pas la cause de ses adversaires.

L’Intelligent d’Abidjan

Par Charles Kouassi
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