Billet d’humeur de Philippe Kouhon) Etats Généraux de la République
Pascal Affi Nguessan humilie le FPI
Le mot d’ordre de Gbagbo attendu Libéré le 5 août dernier après d’intense négociation entre le pouvoir d’Abidjan et la direction intérimaire du FPI et le soutien du reste des partis de l’opposition, M. Pascal Affi Nguessan veut rattraper le temps perdu. Sur le terrain il multiplie meetings et voyages à travers le pays pour dit-il remobiliser les militants mais aussi rassurer tous ceux qui seraient sceptiques en leur annonçant la bonne nouvelle : Laurent Gbagbo reviendra un jour ! Mais s’il est d’une vérité de La palisse que le président Laurent Gbagbo recouvrera tôt ou tard la liberté à l’issue de l’affaire intentée contre lui par la CPI, l’autre vérité qui pourrait passer difficilement dans le subconscient du mortel, c’est cette intrépide résolution de vouloir être le prochain Challenger de Ouattara en 2015 avec une démarche des plus intrigante.
Dans ce billet, nous ferons tout pour faire l’économie des polémiques sur l’origine des fonds dont dispose encore Affi Nguessan et qui lui permettent de faire le tour de la Côte d’ivoire, voire de préparer les prochaines élections et espérer les gagner sans qu’un seul corps humain de tombe à Abidjan. Passée cette parenthèse très sensible, il apparait en outre, important de continuer de cogiter sur les réelles intentions du prisonnier de Bouna. Des Etats généraux de la république à la mobilisation de la base en vue des échéances de 2015, au mépris du cadre permanent de dialogue (CPD), Pascal Affi Nguessan serait aujourd’hui le seul à comprendre cette gymnastique intellectuelle si tel qu’il n’est pas là entrain de commettre un délit d’initié. Bref. Il nous semble que tout aurait déjà été dit sur un éventuel deal entre Affi et Ouattara. Mais de là à constater que l’ex pensionnaire de Bouna récidive, cela interpelle plus d’une conscience. « Nous avons fait des propositions que nous considérons être les piliers de la réconciliation nationale…Nos amis du RDR nous ont fait connaître leur appréciation » dixit, Affi. C’était hier à la sortie d’un long huis clos entre le FPI et le RDR. Mais au fond, quelles sont ces propositions et quelle fut l’appréciation du RDR ? En effet, depuis sa sortie de prison, le président du FPI qui a décidé d’innover en foulant aux pieds le cadre permanent de dialogue, a proposé qu’il y ait un autre dialogue, cette fois directement entre le FPI et le gouvernement, le tout dans le cadre des Etats généraux de la république, au sein duquel tous les sujets qui enrhument la réconciliation nationale devaient être remis sur la table. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il (Affi) aurait rencontré le reste de l’opposition afin que celle-ci adhère à son projet. La même démarche avait été faite auprès du pouvoir d’Abidjan, qui par la voix de Ouattara avait opposé une fin de non recevoir en parlant de « perte de temps » et en invitant Pascal Affi Nguessan et le FPI à se mettre au travail en vue des présidentielles d’octobre 2015.
Mais, si la rencontre d’hier peut paraître comme une stratégie pour le FPI, en prenant ici l’opinion nationale et internationale à témoin sur les raisons du blocage de la réconciliation ; ce qui présenterait le RDR devant son refus comme le parti qui ne veut pas de la réconciliation, là où le FPI démontre sa bonne foi, Pascal Affi Nguessan a dû se rendre compte hier à la rue Lepic que lorsque le chef a parlé, inutile de faire un recours auprès des subordonnés. « Le gouvernement et l’opposition se concertent déjà au sein du CPD » a rétorqué le RDR. Ainsi dit, on se demande sur quel autre argument va reposer le prochain plaidoyer du FPI conduit par Affi ? Ne dit-on pas que l’humilité précède la gloire ? Jusqu’où Affi Nguessan est-il prêt à pousser le Rubicon pour savoir que le FPI de Laurent Gbagbo a déjà été assez humilié ? Pour le reste, des consignes claires et nettes sont attendues de la bouche de Laurent Gbagbo himself si le FPI, son parti veut aller loin avec ou sans lui. En clair, Laurent Gbagbo depuis sa cellule de Scheveningen doit parler. Il doit parler à Affi, aux militants du FPI, mais aussi à tous les ivoiriens dans leur ensemble s’il aime vraiment la Côte d’Ivoire. « Si Gbagbo dit que c’est Affi qu’il faut désormais suivre, vous verrez que tout le monde le suivra. Sans cette consigne, Affi peut crier, rien ne se passera en 2015 sauf s’il veut encore faire tuer les ivoiriens » nous confie un averti de la scène politique ivoirienne. Et notre interlocuteur de continuer : « vous savez, Gbagbo et Ouattara se connaissent très bien. Ils étaient tous hier au front républicain. Ils se sont parlé ensuite en 2001 lors du forum national de la réconciliation et enfin ils se sont vu à Prétoria à la veille des élections de 2010 où Ouattara avait été choisi par Gbagbo lui-même pour être son interprète entre lui et Thabo Mbéki. Rencontre au cours duquel Gbagbo a fait de Ouattara le candidat du RDR sans même demander l’avis du peuple ivoirien. Il suffit que l’un d’eux décide d’appeler au calme officiellement pour que les ivoiriens qui s’entendaient hier renouent avec le dialogue. » Devons-nous tirer de ce qui précède que le dernier mot revient aux deux hommes qui hier étaient bras dessus bras dessous et qui subitement ont décidé de s’affronter sans un début d’explication au peuple de Côte d’ivoire ? En tout cas pour notre part, autant Laurent Gbagbo n’est pas revanchard, autant Ouattara voudrait être rassuré qu’il ne sera plus humilié en Côte d’Ivoire. Le RDR et le FPI devait s’atteler à convaincre leur différents patrons que le peuple de Côte d’Ivoire attend leur consigne pour renouer avec le vivre ensemble. Voilà une vraie mission si des gens en cherchent.
Philippe Kouhon (journaliste d’investigation)
Mail : pkouhon@gmail.com Tél : 06 47 73 62 64
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