Burkina : la société civile contre tout « stratagème » pour « un pouvoir à vie » du président Compaoré

Blaise-Compaore
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La société civile burkinabè a rejeté lundi, à l’issue d’un forum citoyen, tout « stratagème » ayant pour but d’installer le « pouvoir à vie » du président Blaise Compaoré au Burkina Faso.

OUAGADOUGOU (© 2013 AFP) –

« Pour empêcher toute manipulation opportuniste de la constitution, nous devons construire un rempart citoyen à même d’endiguer les tentations de pouvoir à vie du président Compaoré », a déclaré Luc Marius Ibriga, président du Forum des citoyens de l’alternance (Focal), dont c’était la troisième édition lundi.

La société civile et l’opposition burkinabè accusent le chef de l’Etat de vouloir modifier l’article 37 de la constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et l’empêche de se présenter à nouveau en 2015.

Elles rejettent également catégoriquement la création d’un Sénat, que Blaise Compaoré veut créer, selon elles, pour se maintenir au pouvoir.

« De tels stratagèmes sont inconstitutionnels et illégitimes, et c’est à bon droit que nous pourrons, sur le fondement de la constitution, leur opposer la désobéissance civile », a soutenu M. Ibriga.

Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 par un coup d’Etat, a effectué deux septennats (1991 et 1998), avant qu’un amendement modifiant la durée du mandat présidentiel ne lui permette d’être élu pour deux nouveaux quinquennats (2005 et 2010).

Le chef de l’Etat s’est jusqu’à présent montré très flou sur sa volonté de se présenter une nouvelle fois à la charge suprême.

Le Focal, un rassemblement annuel qui se tenait lundi sur le thème du « Burkina Faso après l’élection présidentielle de 2015 », a réuni environ 200 personnes, la plupart issues de la société civile et de partis d’opposition, selon un décompte de l’AFP.

Ses membres craignent que le président burkinabè organise un référendum pour imposer ses vues, ce à quoi ils se disent également opposés.

DECLARATION D’UN GROUPE DE MEMBRES DU BUREAU POLITIQUE NATIONAL DU CDP

Depuis la tenue en mars 2012 de son Vè congrès, notre Parti, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), traverse des moments dangereux, chargés de grosses inquiétudes, et qui interpellent tout militant sur son avenir. Il est en effet loisible à tout militant ou observateur de constater les graves dérives auxquelles s’est fortement accoutumée la nouvelle équipe dirigeante du Parti qui se comporte en véritable clan dirigeant, dans le sombre dessein de faire triompher des idéaux et objectifs étrangers à ceux du CDP.

Le plus grave en effet, ce n’est pas l’amateurisme qui la caractérise, ni le désordre, ni même son incompétence qui saute aux yeux , mais plutôt son refus obstiné, malgré les critiques maintes fois exprimées par les militants, d’appliquer les règles élémentaires qui régissent le Parti, son organisation et son fonctionnement depuis sa création en 1996, lesquelles sont édictées par les textes fondamentaux adoptés par les congrès successifs. Cet entêtement à vouloir du CDP ce que seulement quelques personnes voudraient qu’il soit suscite réprobation et indignation. Aussi, en l’absence de cadres appropriés pour le faire en interne, avons-nous décidé de rompre le silence pour porter à l’attention de l’opinion interne et de celle extérieure au parti nos préoccupations qui sont celles d’une large majorité des militants.

1- De la confiscation de l’autorité du Bureau Politique National

Bien que défini par les statuts comme étant « l’organe dirigeant du Parti » (cf. article 32), le Bureau Politique National(BPN), dont il nous revient que la composition a été tronquée par l’ajout frauduleux de près de 200 membres aux 450 issus du dernier congrès, s’est vu régulièrement contourné au moment de prendre les décisions cruciales. Ce fut le cas lors des élections couplées législatives/municipales de décembre 2012 où le Secrétariat Exécutif National (SEN) s’est arrogé le droit régalien d’élaborer les critères de candidature, les modalités de sélection des candidats sans aucun examen préalable par le BPN comme cela se faisait auparavant, puis a adopté souverainement les listes de candidature encore une fois sans le moindre égard ni compte-rendu au BPN, seul organe pourtant habilité à prendre ce type de décisions. L’article 35 des statuts stipule pourtant clairement que le Secrétariat Exécutif National est chargé d’ « exécuter les décisions et mesures prises par le BPN relatives au choix des candidats du Parti aux différentes consultations électorales ».

Pour la mise en place du Sénat, le SEN ne s’est nullement cassé la ête, il a tout simplement replâtré sa méthode. Pas le moindre salamalec, les membres du BPN se sont réveillés avec une directive signée… à prendre ou à laisser !

Le BPN est désormais une coquille vide. On le convoque très rarement et seulement quand ça plait. Quand enfin une session se tient, c’est pour survoler les vrais problèmes, endormir les cadres du Parti pour ensuite les poignarder dans le dos. C’est ce manque de considération et d’honnêteté qui justifie la désaffection manifeste des membres constatée lors des dernières sessions. Quant aux camarades qui viennent encore aux sessions, ils ont compris qu’il faut aller écouter, se taire et partir, car sait-on jamais ?

2- De la dérive autoritaire à l’occasion du renouvellement des structures et organes du Parti

Le Secrétariat Exécutif National avait déjà été critiqué lorsque, dans l’après-congrès, il a procédé à la recomposition pure et simple des bureaux de section du Kadiogo, du Houet et de la Comoé. Non seulement les motifs du nouveau découpage des communes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso évoqués n’étaient pas plausibles, l’opération ne concernant que les arrondissements à l’intérieur, et donc seulement les sous-sections, mais aussi ce fut l’occasion rêvée pour le SEN d’opérer une véritable purge (14 membres balayés sur les 20 de la section au Kadiogo !) dans le dessin d’asseoir des structures à sa solde dans les deux grandes villes. Pourtant, il ne dispose statutairement d’aucun pouvoir pour cela. Les sections provinciales répondent des directives du BPN qui, au vu d’un rapport circonstancié du SEN ou de la Commission nationale de contrôle, peut autoriser la révocation de tout ou partie d’un bureau de section et le remplacement des membres. L’article 29 des statuts donne pouvoir à la conférence provinciale de « pourvoir au remplacement d’un membre du bureau en cas de vacance de poste conformément aux directives du Bureau Politique National ». Dans le cas d’espèce, non seulement le BPN n’en a même pas été saisi, mais aussi aucune conférence provinciale n’a été convoquée pour procéder à ce qu’on a appelé réajustement mais qui était une véritable dissolution-recomposition.

En son temps, ni les critiques véhémentes des membres du BPN exprimées au tout premier BPN d’après-congrès, ni les rappels incessants au règlement n’ont produit le moindre effet, les Seigneurs du jour affichant leur toute puissance. Depuis la création du CDP, c’était bien la première fois que l’on assistait à de tels charcutages des bureaux exécutés d’autorité par l’organe exécutif du Parti. Qu’à cela ne tienne, l’équipe d’Assimi KOUANDA n’en a cure… le Parti, « c’est nous et nous seuls ! »
L’erreur est humaine dit-on, et le bénéfice du doute aurait pu encore être accordé à la nouvelle équipe, en son temps encore dans l’apprentissage, bien qu’en son sein tout le monde n’était pas neuf ! Près de deux ans se sont écoulés et voici qu’à nouveau, et contre toute attente, le SEN sort une directive dans laquelle il décline les modalités de renouvellement des bureaux des structures géographiques du Parti, encore une fois en pure défiance de ce que prévoient les textes du Parti. Le chapitre II de cette directive publiée sous le No 2013/0003/CDP/CN/BPN/SEN et datée du 05 novembre dernier intitulé « Procédures de mise en place des bureaux » tient en tout et pour tout en deux articles et une phrase par article :

« Article 9 : Le renouvellement des membres des bureaux des structures géographiques s’effectuera de manière descendante ; de la section provinciale aux sous-comités.
Article 10 : Le Secrétariat Exécutif National entreprendra des concertations auprès des militants et des personnes ressources dans les différentes provinces et se donnera tous les moyens pour identifier les camarades susceptibles d’animer les organes dirigeants des structures géographiques du Parti. »
La messe est ainsi dite, le SEN est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de tout ce processus qui engage le Parti et l’ensemble de ses militants au plus haut point.

Les dispositions de nos textes en la matière sont pourtant d’une inaltérable clarté. Toutes les références statutaires aux opérations touchant à la mise en place des structures, du comité de base à la section en passant par la sous-section ainsi que le remplacement éventuel d’un membre, renvoient toujours aux directives du Bureau Politique National (articles 19, 24, 29, 33 et 35 des statuts, et articles 16, 19, 29, 30, et 39 du règlement intérieur).

L’article 35 des statuts précise le rôle que doit jouer le SEN en la matière : le SEN est chargé de « superviser la mise en place des organes des structures du parti et de veiller à leur bon fonctionnement ». Il est donc clair que le BPN doit examiner les modalités du renouvellement, prendre les décisions appropriées que le SEN se chargera d’exécuter, tout en supervisant les opérations sur le terrain. C’est du reste ce qui a toujours été fait depuis la création du Parti jusqu’au Ve congrès. Bien entendu, nous ne nions pas au SEN le droit d’initiative lui permettant d’élaborer et de proposer au BPN les modalités du renouvellement des organes. De là à se substituer à la direction politique nationale qui est le BPN pour décider et exécuter à la fois, il y a un grand fossé qu’il n’y avait pas lieu de franchir. Nous ajoutons que le SEN avait pourtant promis, lors des récentes sorties dans les provinces que les modalités seront déroulées en temps opportun pour examen par l’instance appropriée. Encore faut-il que la parole donnée ait un sens !!!

Plus loin, en examinant lesdites modalités, on se rend compte que le SEN s‘est arrogé le droit unilatéral de composer tous les bureaux des sections provinciales (au nombre de 45), des sous- sections communales (au nombre de 360) et de les valider lui-même (cf. page 3 du canevas adressé aux responsables des comités chargés du renouvellement en application de la même directive) et, de ce fait même, est à la fois juge et partie. Il est à noter d’ailleurs que lesdits comités de renouvellement, composés de moins d’une dizaine de membres « méticuleusement triés » pour chaque province doivent arrêter tous les bureaux provinciaux et communaux que le SEN validera.
Rappelons qu’autrefois, non seulement les modalités étaient arrêtées par le BPN mais aussi ses membres étaient directement impliqués sur le terrain, les trois premiers responsables de la section étant désignés par les membres du BPN ressortissants et résidents de chaque province. Lesdits membres étaient associés à toutes les étapes du processus couronnées par la tenue des assemblées et conférences prévues par les statuts pour l’adoption finale des bureaux issus des concertations.
S’agissant par ailleurs de la validation des bureaux, les statuts sont encore très clairs, article 33 : le BPN est chargé de « valider la mise en place des organes des structures de base du parti ». L omnipuissance du SEN est à nouveau établie et il a une fois de plus prouvé qu’il n’a que faire ni des principes ni des règles du parti.

3- Des vrais mobiles

Au regard de tout ce qui précède, le CDP est-il devenu un parti informel, sans principes, sans règles ni méthodes claires, est- on tenté de se poser comme question ? Et pourtant, plusieurs membres du SEN actuel sont d’anciens baroudeurs ayant même contribué à asseoir ce parti et qui donc en connaissent les principes. Il faut donc chercher les raisons ailleurs que dans la méconnaissance, plutôt donc dans la cynique volonté de caporaliser le parti, de le domestiquer afin de le mettre sous coupe réglée. Ce plan stratégiquement mûri par un clan à l’intérieur du parti est celui en marche depuis le dernier congrès qui vise à liquider le CDP des origines, à chasser ou à neutraliser tous ceux qui ne s’alignent pas derrière leurs calculs. Ce clan n’a que faire des critiques objectives des camarades qui dénoncent ces graves dysfonctionnements et l’irrespect chronique des textes, il ne recule et ne reculera devant rien !
Ce groupe est le même qui agite la FEDAP/BC, qui l’organise et la redéploye à chaque fois que de besoin, et cela en dépit de la promesse de l’abandonner faite au moment du congrès, en raison des menaces évidentes qu’elle a toujours fait peser sur la cohésion au sein du parti.
Camarades membres du Bureau Politique National, camarades militantes et militants, l’heure de la vérité a sonné. En imposant au parti cette directive qui n’est autre qu’un diktat, le SEN a définitivement montré son incapacité à organiser conséquemment le parti et à en assurer la cohésion, la démocratie interne et la discipline conséquente. Aussi, nous, militants avisés des premières heures :

1- Elevons une vive protestation contre la directive No 2013/0003/CDP/CN/BPN/SEN du 05 novembre 2013 pour sa non conformité avec les principes et les textes fondamentaux du parti ;
2- La déclarons inopportune, dangereuse et liquidatrice pour le parti ;
3- Exigeons du SEN son abrogation pure et simple, et, le cas échéant, la démission de celui-ci de la direction du parti ;
4- Invitons les membres du BPN, dans un élan uniforme, et en attendant la réaction des premiers responsables du parti, à réserver une indifférence totale au processus engagé et à toutes les initiatives notamment de celles desdits comités de renouvellement installés par le SEN et qui ne sont qu’une sélection savamment opérée a la tête du client pour des objectifs inavoués ;
5- Appelons l’ensemble des militants du parti à la vigilance, au refus de la liquidation programmée et à mener chacun à son niveau le combat noble et acharné pour la sauvegarde des acquis historiques, politiques, idéologiques et organisationnels du Parti.

Des membres du Bureau Politique National

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