La France, qui s’apprête à intervenir en Centrafrique, enchaîne les opérations militaires sur le continent, mais insiste sur le fait qu’il s’agit désormais de passer au plus vite le relais aux Africains pour assumer leur propre sécurité.
Par AFP
Opérations en Libye et en Côte d’Ivoire en 2011, Serval au Mali en 2013, la Centrafrique aujourd’hui: les interventions se succèdent, quel que soit le pouvoir en place. Le Livre blanc de 2013 a simplement remis l’Afrique au rang des priorités stratégiques de la France, au nom de sa sécurité et de celle de l’Europe.
« Les pays africains doivent assurer eux-mêmes leur propre sécurité. Mais nous ne pouvons les laisser seuls face aux risques et aux menaces qui, à terme plus ou moins rapproché, nous concerneraient directement », résume Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. C’est « tout l’enjeu », selon lui, du sommet sur la sécurité en Afrique qui se tiendra vendredi et samedi à Paris.
Les crises africaines ont conduit les forces françaises à agir dans l’urgence, comme au Mali, où les jihadistes s’apprêtaient début janvier à déferler sur Bamako.
La France dispose pour ça d’une connaissance approfondie de l’Afrique et de forces prépositionnées qui lui permettent d’agir vite et efficacement. Si l’on est loin des 30. 000 hommes qu’elle maintenait sur le continent en 1960, la présence permanente française devrait s’élever à plus de 4. 000 militaires en 2014, à Djibouti, au Gabon, au Tchad, au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Depuis 2011, les armées ont été confrontées aux situations les plus diverses et ont montré l’étendue de leur savoir-faire : emploi de la force aérienne en Libye, combats urbains en Côte d’Ivoire, dans le désert au Mali, démantèlement de bandes armées, qui relève plus de la sécurisation que de la guerre, demain en Centrafrique.
Revers de la médaille: alors que l’Afrique suscite de plus en plus d’intérêt et que les investissements étrangers (chinois, européens, américains. . . ) augmentent, les Français se retrouvent en première ligne, le plus souvent seuls, quand il s’agit d’envoyer des troupes. « Ce sont des zones où il faudra toujours intervenir, on ne pourra pas laisser les gens se massacrer », relève un officier général, qui regrette le manque de soutien des partenaires européens de la France qui « ne veulent pas y mettre les pieds ».
Mandat des Nations-Unies
Pour prévenir les critiques contre l’interventionnisme de l’ancienne puissance coloniale, Paris agit le plus possible dans le cadre de la légalité internationale, sous mandat des Nations-Unies. En Centrafrique, les Français interviendront ainsi « en soutien » de la force africaine, la Misca, déjà sur le terrain. Même s’ils devraient assumer l’essentiel du travail au début de l’intervention.
« L?objectif est de rétablir une sécurité minimale et de favoriser la montée en puissance de la Misca. Nous mobilisons un millier d?hommes pour une période de montée en puissance de 4 à 6 mois puis de retrait progressif de 4 à 6 mois », résume mardi Jean-Yves le Drian dans le Dauphiné libéré.
Comme le souligne l’amiral Edouard Guillaud, le volet militaire n’apporte « qu’une partie de la solution du problème ». « Les forces armées agissent en soutien d’un projet politique global, consistant le plus souvent à recréer les conditions d’un fonctionnement normal et apaisé des institutions et d’une reprise de la vie économique », note le chef d’état-major des armées dans la Revue Défense Nationale.
Sur le terrain, les forces africaines devront prendre le relais des Français. A moyen terme au Mali, où Paris entend maintenir un millier d’hommes pour une durée indéterminée. Plus rapidement en Centrafrique, où Paris table sur une opération ponctuelle d’environ six mois.
Des forces africaines qui manquent de capacités de réactivité, logistiques ou de commandement. Le succès de ce type d’opérations passe donc par la mobilisation d’un soutien financier international important pour les aider à s’équiper et s’organiser.
La succession des opérations françaises survient en effet dans un climat de restrictions généralisées pour les armées, en France comme dans l’ensemble des pays occidentaux. Et les interventions dans des zones au climat parfois extrême, comme au Mali, et difficiles d’accès, sollicitent gravement les hommes et le matériel.
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