Abidjan a tenté de faire assassiner des pro-Gbagbo au Ghana (rapport ONU)
Le gouvernement ivoirien a envoyé des agents au Ghana pour tenter d’assassiner ou d’enlever des partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo, selon un rapport d’experts de l’ONU. Les autorités ivoiriennes ont aussi soudoyé des mercenaires libériens pour les dissuader de mener des attaques contre la Côte d’Ivoire à partir du Liberia, indique le rapport.
Selon le document, le gouvernement ghanéen a indiqué en juillet dernier aux experts, chargés de surveiller l’application de sanctions internationales contre le Liberia, qu’Abidjan avait « envoyé des agents ivoiriens dans le but d’assassiner ou de kidnapper des militants pro-Gbagbo réfugiés » au Ghana. « Les autorités ghanéennes affirment avoir fait échouer au moins deux de ces missions » au début 2013, ajoute le rapport. Au moins un ancien partisan de Gbagbo, qui était rentré en Côte d’Ivoire, « a été enlevé et a disparu ».
Laurent Gbagbo est détenu depuis deux ans à La Haye en attente d’être jugé par la Cour pénale internationale, qui l’accuse de crimes contre l’humanité commis durant la crise post-électorale de 2010-2011. L’an dernier, plusieurs incursions avaient été menées à partir du Liberia pour tenter de déstabiliser le gouvernement Ouattara, dont l’une avait tué sept Casques bleus en juin 2012. Les experts précisent ne pas être en mesure de « vérifier de manière indépendante » les affirmations du gouvernement ghanéen mais ils disent avoir rencontré à Accra plusieurs anciens ministres de Gbagbo qui souhaitent rentrer au pays mais qui « ont peur d’être tués ».
Par contre, ils affirment avoir « rassemblé des informations substantielles » sur des paiements effectués, depuis mai, par Abidjan « d’importants mercenaires libériens » dont Isaac Chegbo, surnommé « Bob Marley », et Augustine « Bush Dog » Vleyee. Les paiements, effectués par un service dépendant du ministère ivoirien de l’Intérieur, avaient pour but de « recueillir des informations auprès de ces individus et de les dissuader de mener des attaques transfrontalières », précise le rapport. L’un des mercenaires a indiqué avoir reçu 8.000 dollars et d’autres 2.000 dollars, versés par Abidjan. Selon les experts de l’ONU, les attaques transfrontalières ont certes diminué en 2013 mais ces pratiques, dont le Liberia n’a pas été informé par Abidjan, ne peuvent pas faire « durablement » baisser les tensions dans le pays.
tw/avz/are
AFP
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