Par Nicolas Guégan
Point.fr
Les crises politiques ont parfois des conséquences inattendues. Comme au Venezuela, où il est devenu quasi impossible de mettre la main sur du papier-toilette. La denrée est si rare que les Vénézuéliens se ruent là où le stock n’est pas encore épuisé, occasionnant au passage des queues interminables et des bousculades. Face à cette situation préoccupante, Caracas va importer cinquante millions de rouleaux de papier hygiénique afin de répondre aux besoins de la population. Une commande somme toute légère quand la consommation mensuelle nationale s’élève à 125 millions de rouleaux, selon des chiffres du ministère du Commerce. Rien que ça.
Le papier-toilette n’est pas la seule victime de la pénurie qui touche le Venezuela. D’autres produits de première nécessité sont aussi aux abonnés absents dans les rayons des supermarchés : savon, dentifrice, huile de cuisine et riz pour les plus basiques. Là encore, le gouvernement se prépare à des importations massives. Si la situation prête à sourire, elle révèle un problème bien plus profond, celui de la crise politique qui traverse le Venezuela depuis la mort d’Hugo Chávez. Une crise qui voit s’affronter le régime en place d’un côté et les entreprises alliées à l’opposition de l’autre.
« Une population manipulée par la presse »
Pour Alejandro Fleming, ministre du Commerce, les premiers responsables sont les entreprises. Fleming les accuse d’être à l’origine de la pénurie afin de faire monter la demande et par conséquent les prix. L’autre responsable tout désigné est la presse, qui essayerait d’effrayer les consommateurs. « Il n’y a pas de déficit de production, mais une demande excessive générée par une population anxieuse, elle-même manipulée par la presse qui cherche à miner le Venezuela », a-t-il ainsi déclaré à l’agence de presse nationale AVN. Et celui-ci d’insister : « Nous allons saturer le marché dans l’espoir de calmer les Vénézuéliens et de leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas se laisser manipuler par les médias. »
Les accusés, en retour, pointent du doigt la politique menée par le gouvernement actuel. Ils blâment, entre autres, un contrôle trop sévère sur les prix et de trop lourdes restrictions sur les devises étrangères, ce qui découragerait les entreprises et les petits producteurs. D’autres langues, plus légères, plaident pour une augmentation de la fréquence du passage sur le trône à cause du stress provoqué par la crise politique. Bref, quel que soit le responsable, les Vénézuéliens n’attendent qu’une chose : pouvoir retrouver leur papier-toilette.
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Les commentaires sont fermés.