Dans quelques jours, va reprendre la rhétorique de l’examen de mise en liberté provisoire du président Laurent Gbagbo. Les fameux 120 jours donneront lieu à une décision des juges de la Chambre préliminaire, le 11 novembre prochain. Alors que les décisions concernant l’audience du 9 octobre et l’appel du bureau du procureur contre l’ajournement de l’audience de confirmation des charges tardent à tomber, on se demande bien ce qui pourra changer l’avis déjà émis à plusieurs reprises par les juges contre la mise en liberté même assortie des conditions du président Laurent Gbagbo ?
On le sait les deux moyens d’appel ou arguments solides à ce stade de la procédure et pouvant permettre une libération provisoire, à savoir l’état de santé du détenu et le pays hôte ont longuement été contestés par le bureau du procureur et la chambre préliminaire.
Cette dernière n’aurait toujours pas été convaincue de la sincérité du président Laurent Gbagbo, arguant que celui-ci s’évaderait dans la nature s’il est en liberté. « Il a beaucoup de soutiens à travers le monde. Ses partisans ont des moyens financiers. Le président Gbagbo veut revenir au pouvoir. S’il est libéré il se vengera ect… » Voilà ce qui trotte dans la tête des juges de la CPI appuyés par le régime de Ouattara. Face donc à ce mur, il serait utile d’être le plus convaincant possible et rassurer tout le monde sur, non seulement la moralité de l’Homme Gbagbo mais aussi sa vision pour la Côte d’Ivoire. On le sait et Laurent Gbagbo lui-même l’a dit aux premières heures de son kidnapping au Golf hôtel : « La phase de belligérance est terminée. Il est maintenant l’heure de passer au règlement civil et polique de la crise » avait-il confessé. Mieux, tout le monde y compris les plus radicaux du pouvoir actuel, la maxime « Asseyons-nous et discutons » est bien de Laurent Gbagbo. Lors de son audience de confirmation des charges en février dernier, il n’a pas hésité à faire relire tous ses écrits et publications sur la démocratie. Voilà des gages qui pourraient interpeller les juges de la Cour. Une cour qui a un rôle répressif mais aussi moral. Lutter contre l’impunité mais aussi garantir un climat de paix dans le pays. La cour elle-même le sait. Cela figure sur les petites fiches au Quai d’Orsay à Paris, il faut libérer le président Laurent Gbagbo pour qu’il y ait une vraie paix en Côte d’ivoire. Et comme aime à le dire, Gervais Coulibaly, ex porte parole de Gbagbo et actuel artisan de la réconciliation en Côte d’ivoire, si tel que la CEI et la communauté internationale attribuent 46% des voix à Laurent Gbagbo aux sorties des élections de novembre 2010, alors que faire de cette presque moitié de la population ivoirienne ? Devrait-on les ignorer dans le pays et aspirer à une bonne gouvernance ?
La CPI doit aider à la cohésion sociale en Côte d’ivoire comme elle tente de le faire au Kenya. La France et ses alliés ivoiriens doivent y croire ! Car et c’est le sentiment de plusieurs observateurs de la scène politique ivoirienne, il suffit que le président Laurent Gbagbo recouvre la liberté, qu’on n’ait pas le sentiment qu’il est enfermé, pour que tous ses partisans fassent profil bas. Car en Afrique, l’on ne supporte pas l’enfermement d’un Chef.
Enfin, si la Cour pénale internationale hésite à prononcer un non-lieu dans l’affaire Laurent Gbagbo ou encore à le mettre en liberté provisoire dans un pays africain, alors pourquoi ne pas opter pour un pays Européen ? Pour vu que le Chef soit libre et parle. Car et c’est ce à quoi nous allons assister très bientôt en Côte d’ivoire, sans le mot d’ordre venu clairement et sorti de la bouche de Gbagbo, il sera difficile pour le FPI et ses alliés (partis membres du CPD) d’aller aux élections. Ce que redoute la communauté internationale qui tiendrait fort à ce que tout le monde participe au jeu politique et permettre la fluidité des Affaires en Côte d’Ivoire. « La France commence à être agacée par cette situation de ni paix ni guerre en Côte d’Ivoire » nous a confié une grande oreille de la République française.
Enfin, comment faire comprendre à ces milliers de patriotes, pro-Gbagbo, qui battent le pavé dans les rues de Paris et à la Haye, qu’après les résultats positifs obtenus grâce à la mobilisation, il faudra maintenant rassurer l’opinion internationale et nationale que leur Chef n’est pas un danger pour la paix en Côte d’Ivoire ? Comment transformer le discours guerrier en un discours d’apaisement ? L’exemple du peuple Kenyan devrait servir. Jamais l’on n’a vu de Kenyan roder autour du bâtiment de la CPI quand bien même que leurs deux présidents comparaissent dans la même salle d’audience que Gbagbo. Résultat, Ruto, le vice président Kenyan comparait libre. Quant au président Uhru Kenyatta, son procès vient d’être ajourné. Mieux, l’Union Africaine serait très favorable à leur relaxe. Discours que l’organisation sous régionale ne tient pas à l’encontre de Laurent Gbagbo. A peine si le nom de Gbagbo est évoqué aux assemblées de l’UA et de la CEDEAO.
Si tel que la libération de Laurent Gbagbo est la clé de voute de la réconciliation en Côte d’ivoire alors, chacun doit y travailler sans un agenda caché. La Côte d’Ivoire est belle et prospère. Les Ivoiriens savent se faire pardonner.
Philippe Kouhon/ Diaspo Tv
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