Le corbeau, le renard et la guerre psychologique de la France en Côte d’ivoire

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Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

Jean de la Fontaine critique dans sa fable intitulée: « Le Corbeau et le Renard » les courtisans et les personnes de pouvoir; les deux grands acteurs de la société française du 17e siècle. Au Corbeau, le renard adresse un langage flatteur, dans le but de lui dérober le fromage qu’il tient en son bec. La guerre psychologique consiste, en effet, à manipuler le cœur, l’esprit, l’émotion de l’adversaire, afin de conquérir ses biens, son territoire, d’assurer, de manière subtile, « sans l’usage de la force », son hégémonie sur les peuples. Cette guerre nécessite une maitrise parfaite de l’art de la tromperie, du mensonge légitime. Le président français Jacques Chirac maniait, avec dextérité, cette arme psychologique. Dans un semblant d’aveu que nous pouvons voir sur « you tube », il attire l’attention de l’Occident sur l’origine de leurs richesses: «L’argent que les Européens ont dans leur portefeuille provient en grande partie de l’exploitation des richesses africaines, le bon sens» souligne-t-il, exige que l’on tienne compte des aspirations, du bien-être des africains, de peur de voir l’Occident confronté sur ce continent à de grandes convulsions sur le plan politique. Chirac, à l’instar du Renard, ne faisait que tenir un discours flatteur pour s’emparer totalement des richesses de l’Afrique: il lui fallait donc endormir la méfiance des corbeaux africains (ces populations endeuillées à cause de leur prospérité), en faisant surtout d’eux des Phénix de cette jungle; de ce monde en crise. Ses propos philanthropiques tenus à l’endroit des Africains revêtent, en réalité, un caractère martial. Il invitait, dans un langage hermétique, l’Occident à soutenir la politique coloniale, discriminatoire, menée par la France en Afrique puisque leur économie est étroitement liée à l’exploitation de ce continent. Sarkosy ne fit que suivre en Côte d’Ivoire la feuille de route de Chirac: avec le soutien de l’Occident, de l’armée française et de l’Onuci; des crimes contre l’humanité ignorés expressément par la CPI furent commis par les partisans de «l’assimilé» Alassane Ouattara, porté au pouvoir après le massacre d’ivoiriens, en vue de renflouer de billets de banque les portefeuilles des Occidentaux. Ces flatteurs qui poussent les Africains à s’auto-exterminer vivent en effet aussi bien aux dépens de nos peuples incapables de discerner leurs armes psychologiques, que des hommes politiques africains repus, qui refusent de lutter pour leur dignité, pour leurs droits, pour le futur de leurs descendants condamnés, dans les cinquante ans à venir, à devenir les nouvelles victimes d’une autre forme de traite négrière: ils seront des intellectuels-ouvriers dans leur propre pays ou des clandestins en Europe, qui bradent leurs reins, leurs organes pour survivre. Comment les renards européens incitent-ils les corbeaux ivoiriens (les personnalités politiques africaines) à laisser tomber le fromage de leurs populations, à brader les richesses de notre pays? Dans l’arène politique, les renards ont pu mettre sous tutelle du RDR le PDCI, en enclenchant simplement, durant le dernier congrès de ce parti politique, des mécanismes étroitement liés à l’anthropologie culturelle de leurs leaders politiques. Il a suffi de créer les conditions administratives, politiques et matérielles, qui permettent à des princes Akans de régner à vie au-dessus de leur famille politique pour les voir laisser tomber le fromage de leur peuple.

Les textes du PDCI furent modifiés pour assouvir leurs ambitions puisqu’un «chef Akan ne connaît pas de son vivant son successeur». Les renards français ont l’art de satisfaire les désirs
les plus intimes de personnalités politiques comme Jean Bedel Bokassa qui rêvait d’être empereur. Le renard Sarkosy a, à dessein, fait emprisonner à la Haye le président Laurent Gbagbo, et installé de force le fils d’empereur Ouattara parce qu’il était certain de vivre, avec un serviteur aussi dévoué, aux dépens des Ivoiriens. La société ivoirienne, dans son ensemble, ne fut pas en reste. Dans le cœur, l’esprit des Ivoiriens et des étrangers, les renards français ont développé les réflexes conditionnés de Pavlov: ils ont semé dans nos esprits les germes virtuels de la division. Les feuilletons ou récits satiriques conduits par des personnes comme Léonard Groguhet sous les gouvernements précédents sont sous Alassane Ouattara taxés de xénophobie.

Des artistes comme Akissi Delta, Digbeu cravate ne font que poursuivre l’œuvre de leur maître. La musique poétique d’Amédée Pierre, de Gadji Céli, d’Aïcha Koné, celle satirique de Big Sat, de la culture Zouglou, de Billy Billy, des Patrons ne représentent que la voix des sans-voix. Loin d’opposer les Ivoiriens aux immigrés, tous ces artistes participent à la formation de l’âme de la Patrie ivoirienne. Ils sont très souvent dans le collimateur du pouvoir politique parce que tous ceux qui œuvrent à l’unité nationale en Afrique sont, durant cette guerre psychologique menée par les colons français, des ennemis potentiels. Avant de diviser la société ivoirienne sous Alassane Ouattara, les artistes, les footballeurs, les sportifs, tous ceux qui contribuent à l’unité nationale furent volontairement divisés. Ils opposèrent
expressément le Nord au Sud: les querelles intestines au marché ou dans les cours communes entre femmes bétés, gouros, dioulas, baoulés sont perçues sous Alassane Ouattara comme des signes de division entre le Nord et le Sud. Au sein de l’armée ivoirienne les renards ont suscité des personnages identiques à Idi Amin Dada. Après avoir travaillé aux cuisines et à la buanderie dans les casernements, ce soldat africain à la carrure impressionnante (1,91 pour plus de 100Kg) fit carrière grâce à sa cruauté, et devint président le 25 janvier 1971 par un coup d’État. Certains historiens affirment que les autorités britanniques avaient favorisé la promotion de soldats peu instruits pour contrôler indirectement les futures armées nationales après la décolonisation. Il n’est donc pas surprenant d’entendre le journaliste qui a réalisé un documentaire sur Wattao affirmer, de manière ironique, à la fin de son reportage, que le chemin qui conduit à la démocratie en Côte d’Ivoire est encore long, puisque la guerre psychologique consiste à semer les germes de la division, de la haine, dans la société ivoirienne. Pourquoi des hommes politiques africains éduqués dans des communautés assez émotives et religieuses, ayant au centre de leurs actions l’homme, la communauté, sont-ils devenus des tueurs froids? Pour faire carrière, l’homme politique africain est invité à adhérer à des écoles ésotériques comme la Franc-Maçonnerie, où l’on enseigne que le mal est nécessaire au bien car Dieu a besoin de Satan. Il y a seulement, selon ces renards mystiques, des personnes qui ont choisi de jouer le mauvais rôle et d’autres le bon rôle (page 152 du livre de Edouard Brasey intitulé: Le Traité des Anges). Transféré dans le monde politique, ce principe philosophique permet d’attribuer des mauvais rôles à certains qui assassinent, sans remords, leurs semblables, puisque de par leurs actions ils aident Dieu à construire un monde nouveau; ils deviennent alors, volontiers, les disciples de Satan «le Lieutenant de Dieu, son aide». Un tel enseignement fait des renards et de leurs corbeaux africains (leurs bourreaux) des dieux pour leurs semblables. Il suffit de suivre attentivement la guerre psychologique de la France en Afrique, du point de vue de la théorie scientifique de Carl Hempel sur les déductions logiques des événements pour relever des faits étranges qui précèdent la conquête des anciennes colonies par la France: il s’agit, à chacune de leur conqu ête de l’assassinat répété de journalistes dont le but est de susciter la colère du monde des média, et leur adhésion systématique à toutes les atrocités commises par l’armée française, par ces renards mystiques et politiques dans le pays où les journalistes ont trouvé la mort, puisqu’il est peuplé de sauvages, d’indigènes sans scrupules. Il suffit de suivre l’actualité, le marketing politique de personnalités françaises tout juste après l’assassinat de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon (Paix à leur âme) pour se rendre compte du fait que ceux qui ont choisi d’exploiter le Nord du Mali en se frayant un chemin en Lybie ne reculent devant rien, pour assouvir leurs ambitions politiques, dérobé le fromage des corbeaux. Cachés dans l’ombre, ces renards politiques et mystiques tirent les ficelles, contrôlent les mécanismes, les faits qui conduisent aux événements. Que les Ivoiriens, les Africains évitent d’être des victimes innocentes des flatteurs qui vivent à nos dépens, en faisant surtout de nous des monstres, des loups pour nos semblables.

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

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