Yamoussoukro, 1er nov (AIP) – Après plus de deux ans de processus de réconciliation en Côte d’Ivoire, des Ivoiriens interrogés par l’AIP à Yamoussoukro se disent préoccupés par le blocage du processus, pour lequel ils proposent le pardon, la voie de la tradition et surtout l’implication de tous, tout en appelant chacun à bannir la vengeance et la différenciation entre Ivoiriens pour y parvenir.
»Il faut pardonner sincèrement et laisser tomber tout ce qui s’est passé et reprendre comme avant », a conseillé Mme Bernadette Kouadio Ahou, secrétaire de la coopérative Etrayawlin », rencontrée lundi à Konankoffikro.
Mme Bernadette Kouadio demande que les autorités nationales fassent en sorte que les opposants qui campent sur leur position, malgré tout ce qui a été dit et fait, entendent raison et participent avec l’ensemble des Ivoiriens à la construction de la nation.
Quant à Issouf Koné, responsable politique chargé de la jeunesse au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir) à Yamoussoukro, pour la réconciliation, il faut bannir les clivages politiques et regarder tous dans la même direction. »Pour moi, tout enfant de la Côte d’Ivoire doit regarder seulement la Côte d’Ivoire et non la coloration politique rien que pour l’intérêt de la nation », a-t-il dit.
Il fait savoir que pour avoir eu la chance, depuis fort longtemps, de côtoyer la grande majorité de toutes les populations du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest, il a fait le constat qu’il n’y a pas de problème véritable entre les populations.
»Qu’on comprenne qu’on ne crée pas de problème là où il n’y en a pas. Que chaque leader politique ou ethnique fasse comprendre à la population que tous, nous devrons avoir le même objectif. Cette Côte d’Ivoire-là, il faut qu’elle soit au-dessus de tous. Qu’on soit Dioula, Bété, Baoulé, nous sommes tous même chose », a fait remarquer Issouf Koné.
Quant à Elias Kouadio, archiviste à la mairie de Yamoussoukro, il propose comme bon nombre de personnes interrogées l’alliance à parenté comme véritable moyen pour résoudre les problèmes et asseoir la vraie réconciliation en Côte d’Ivoire.
»Je connais l’histoire du frère d’un ami, qui lui est gendarme et de l’ethnie Gouro. Pendant la crise, il devrait être exécuté à Bouaké. Il a fallu un Sénoufo précisément le frère de Tuo Fozié, qui a dit aux autres, +ce monsieur fut mon patron ce n’est pas la peine de l’exécuter, et de surcroît, il est Gouro. Nous sommes alliés+. Voici comment le jeu de Toukpè (alliance) a sauvé la vie de ce monsieur », a témoigné Elias Kouadio.
De l’avis de Geneviève Kouadio Ahou, religieuse chargée de prière à l’église CMA dans la sous-préfecture de Lolobo (17 Km de Yamoussoukro), les Ivoiriens doivent, dans un premier temps, prier et implorer sincèrement le Dieu créateur de toute chose pour qu’il accorde son aide et délivre la Côte d’Ivoire. »Il faut ensuite que les hommes politiques prônent l’union et s’aiment parce que si on s’aime, personne ne prendra d’arme contre l’autre », a proposé la servante de Dieu.
Thomas Kouakou N’Guessan de la société civile vivant à Yamoussoukro, se prononçant sur l’attitude à adopter pour réconcilier les Ivoiriens, a souhaité que la réconciliation soit élargie à tous les niveaux sans exception et que tous sachent qu’il ne s’agit pas de se venger.
»Quand on constate, il y a certaines personnes qui croient qu’un certain nombre de personnes a été lésé à un moment donné et qu’on veut faire d’eux les nouveaux qu’il faut satisfaire, ça crée encore d’autres frustrations et cela ne pourra pas aboutir à la vraie réconciliation que nous voulons », a-t-il fait remarquer.
« Qu’on vienne dire que le Nord a été délaissé ou qu’une certaine région de la Côte d’Ivoire a été délaissée et qu’on veut rattraper ce retard-là, c’est encore créer des disparités et la réconciliation ne sera pas effective », a-t-il averti.
Il a suggéré que chacun fasse fi du passé parce que pour lui, »chacun de nous à un moment donné a été victime plus ou moins de tout ce qui s’est passé, depuis le régime de Bédié, de Gbagbo jusqu’à aujourd’hui sous le Président Alassane, chacun de nous a été victime de quelque chose, quelle que soit son ethnie ou sa race » , précise M. Thomas Kouakou. »Qu’on nous mette sur un pied d’égalité et cela pourra encore réconforter nos populations et nous rapprocher plus », a-t-il ajouté.
Il a estimé que l’on a tendance à opposer le Dida et le Godié au Baoulé alors que selon ses informations et ses renseignements, le Dida et le Godié seraient tous de même mère avec le Baoulé. »Et ça, je le tiens des historiens très très avérés et agrégés qui m’ont donné une certitude. Donc, qu’on essaie de comprendre nos origines et notre histoire, cela nous aiderait à nous réconcilier tous », a-t-il conclu.
(AIP)
nam/kkp/cmas
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