Mon Appel aux athlètes africains aux jeux de la Francophonie tentés par la fuite

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Regardez bien cette photo. Je l’ai prise à Barbès (Paris). Cette dame qui me jette un regard inquisiteur vend du maïs braisé. Les braves dames qui vendent du maïs braisé à Adjamé (Abidjan) ou à Coléah (Conakry), n’ont rien à lui envier. Cette photo résume le nouveau drame de l’Europe, qui n’est guère plus un eldorado, même pour les Européens, encore moins pour les Africains impécunieux.

Chers athlètes africains, cela vous tente de fuir la compétition, et de vous jeter dans la nature française, je vous dis très fermement : vous commettez l’erreur de votre vie. L’Europe commence à être en faillite, tandis que la croissance économique est de retour en Afrique, en dépit de situations politiques certes, de moins en moins détestables. L’emploi est en crise en Europe, tandis qu’avec un minimum d’imagination et beaucoup de courage, l’Africain peut réussir sur la terre de ses ancêtres.
Pour s’en convaincre, je vous demande une et une seule chose : donnez-moi l’exemple d’un seul artiste ou sportif (puisque ce sont eux qui semblent être possédés par le démon de la fuite), qui après avoir fui, lors d’un bref séjour en Europe organisé par des tiers, est revenu au pays, couvert de gloire et de succès ?
Je vous l’assure, il n’y en a pas, pas même un seul. Les Africains qui réussissent en Europe (et ils sont de plus en plus nombreux), sont ceux qui y sont allés de façon tout à fait régulière (études, exil, travail, invitation, etc.).

Quand vous fuyez ainsi, vous êtes condamnés à l’errance et à la débrouillardise. C’est un aller sans retour. Alors si vous pensez qu’il vaut mieux pour vous, aller vendre des bouteilles d’eau minérale sur les champs Elysées aux touristes, plutôt qu’à ouvrir un garbadrôme à Cocody pour faire fortune dans quelques années, si vous pensez que vous êtes mieux dans votre dignité d’Africain, quand vous vendez des cigarettes de contrebande, aux passants, au Trocadero, plutôt que de créer une petite exploitation de maraîchers dans la périphérie de Ouagadougou, qui va vous procurer le confort matériel, avec de la persévérance, ne vous gênez pas, fuyez !
Si vous pensez que vous êtes nés pour vivre dans l’auto-persécution morale permanente, liée à votre hantise d’être rapatrié, si la police découvre votre statut d’irrégulier, ne vous gênez pas, fuyez !

Mais n’oubliez pas une chose : votre avenir, du fait de la façon détournée dont vous êtes entrés dans le système européen, est tracé d’avance : c’est un échec et vous, vous êtes condamnés d’avance à rester un homme ou une femme raté(e).

André Silver Konan
Journaliste-écrivain

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