Camarade Bogota, la Globalisation n’est pas la colonisation, ni la politique ivoiricide, le contraire de l’Ivoirité !
La presse a souvent le malin plaisir de donner des titres ronflants à des articles pour justifier l’attrait. C’est de bonne guerre puisqu’il faut qu’elle vende. Mais avec l’article publié relatant tout le plaisir du Camarade Soro Guillaume d’avoir contribué au vote des lois sur le foncier rural et sur la naturalisation, parler ‘allumer les ivoiritaires », me parait quelque peu grossier, sinon complètement faux.
D’abord parce que le débat sur le foncier rural et la naturalisation n’est pas le fait des « ivoiritaires », c’est-à-dire, ceux qu’on décrie comme ayant pris fait et cause pour l’Ivoirité. Le débat actuel est simplement lié au caractère faux des justificatifs du gouvernement pour ce qui est de sa politique de naturalisation et sur le foncier rural. Par exemple, le Camarade panafricaniste Soro Guillaume considère que ces lois remettent la Côte d’Ivoire en pôle position car « La Côte d’Ivoire ne pouvait pas se dérober à sa vocation de leader sur ces questions qui ont, hélas, miné notre Nation et ébranlé la sous région ouest-africaine. » d’autant plus que « Le Micro-Nationalisme étriqué ne peut plus prospérer dans un monde qui se globalise. » Effectivement, la Côte d’Ivoire ne s’est jamais dérobée de sa position de leader en matière d’intégration des populations étrangères. La preuve est que, selon le recensement de 1998, sa population est composée de 27% d’étrangers dont 47.3% nés sur la terre ivoirienne, soit 1890117 contre 2109930 de nés hors notre pays. Les ayants-droit sont donc au nombre d’au moins 3 000 000, chiffre que le RDR a toujours considéré comme le nombre de personnes devant être identifié comme ivoiriennes et n’ayant pas été comme tel lors des élections passées. Voilà qui fonde la suspicion, sinon le caractère scélérate de ces lois. Et de Un.
Selon RFI, « jusqu’ici, les touristes pouvaient entrer au Sénégal à l’aide d’un simple passeport. Mais par souci de réciprocité avec les pays de l’espace Schengen, Dakar a décidé de rééquilibrer la donne. » C’est le principe de la réciprocité qui justifie l’instauration du visa pour les ressortissants de l’espace Schengen. Pour les pays membres de la Cedeao, le principe de la libre circulation des biens et des personnes prévaut. Alors pourquoi la Côte d’Ivoire, dans un espace de libre circulation des personnes et des biens, donnerait la nationalité à des ressortissants de la Cedeao quand, premièrement ils n’en ont pas besoin et deuxièmement, le principe de la réciprocité n’est pas la règle qui prévaut dans notre sous-région dont tous les pays ont le droit de sang comme principe d’octroi de la nationalité ? Qui plus est, la loi qui ne saurait être rétroactive ne devrait en aucun cas concernée des personnes forcloses. La globalisation ne veut pas dire le vagabondage mais impose des règles d’uniformisation que tout le monde est censé respecter. Mais en plus, il importe de débattre avant de prendre des décisions dont les conséquences ne vous concernent pas directement, surtout, en ce qui concerne le foncier rural. Et de deux.
Et pour cause : Selon le recensement de 1998, voici le pourcentage de ressortissants étrangers dans les différentes régions du pays : Nord (Denguélé 6.2%, Bafing 10%, Zanzan 10.8%, Savanes 13%, Worodougou 13.2%) ; Ouest ( Bas Sassandra 43%, Haut Sassandra 36%, Sud Bandama 36.4%,Moyen Cavally 36%,, Fromager 29.6%, Marahoué 22.4% et Montagnes 11.5%) Centre (Vallée du Bandama 14%, Lacs 15.2%, Nzi Comoé 15.4%,) Sud et Est (Moyen Comoé 43%, Sud Comoé 45%,, Lagunes 36%, Agneby 24.4%). Ainsi, comme on le constate, l’installation des populations étrangères suit l’évolution des frontières d’intensification de la production de Cacao et Café qui commence dans le centre, avant de partir vers les régions de la Comoé pour finir aujourd’hui dans l’ouest. La présence des populations de la sous-région y est donc massive, un peu plus de 80% d’entre elles se trouvent justement dans le sud, et souvent, sur le domaine du foncier rural. Comment alors, concrètement, ces lois règlent-elles les questions qui « auraient animées le débat politique ces dernières décennies » ? On attend la réponse. Mais pour moi, la seule option reste la dépossession des terres des populations locales du Sud pour le bénéfice de celles venues produire le cacao et le café depuis longtemps sur des bases légales inexistantes, mais fondamentalement coutumières et d’hospitalité traditionnelle.
La conclusion reste simple : La globalisation n’est pas la colonisation par la violence ou la force et la politique qui viendrait mettre fin à la crise n’est certainement pas celle qui se veut contraire à l’Ivoirité, mais se révèle entièrement « ivoiricide », dans le sens d’une volonté claire d’effacer aujourd’hui la mémoire historique, et certainement demain, de changer la carte démographique, de notre pays. Par conséquent, vos lois viennent, en fin de compte, d’entrouvrir, grandement, les portes d’une crise qui va embrassée la Côte d’Ivoire. Et cela, ni nos frères de la sous région qui ont vécu dans la paix avant l’instauration de la carte de séjour par le Premier Ministre Alassane Ouattara, au nom des programmes d’ajustement structurels, encore moins leurs pays d’origine qui ont énormément besoin de la stabilité de la Côte d’Ivoire, n’y gagnent quoi que ce soit. Sauf, bien entendu, « le père de la dignité des peuples du Nord ». Chez les fescistes, cela s’appelle simplement «la malonie». Je demande à Karel Arnaut de m’excuser s’il n’a pas encore expliqué cette expression mais elle signifie simplement être roublard et futé, par l’utilisation de la malhonnêteté et de la mauvaise foi, à des fins purement politiques, sinon politiciennes. Rien d’autres Please Sir !!!
Le 29 Août 2013
Martial Joseph AHIPEAUD, PhD
Université de Bouaké
Président de l’UDL
Membre Fondateur et 1er Secrétaire Général effectif de la FESCI
Source: http://josephahipeaud.unblog.fr/2013/08/30/bogota-soro-guillaumela-globalisation-n%E2%80%99est-pas-la-colonisation-ni-la-politique-ivoiricide-le-contraire-de-l%E2%80%99ivoirite/
Annexe : Population étrangère en Côte d’Ivoire selon leur pays d’origine
Pays d’Origine Nee en CI Hors CI Population Totale % Nee en CI
Benin 52819 54680 107499 49,1
Burkina Faso 1089308 1149240 2238548 48,7
Cap Vert 307 271 578 53,1
Gambie 638 751 1389 45,9
Ghana 35908 97313 133221 26,9
Guinée 112761 117626 230387 48,9
Guinée Bissau 310 340 650 47,7
Liberia 12659 65518 78177 16,2
Mali 405675 386583 792258 51,2
Mauritanie 4472 13680 18152 24,6
Niger 27960 74260 102220 27,3
Nigeria 37281 34074 71355 52,2
Sénégal 14063 29150 43213 32,5
Sierra Leone 436 870 1306 33,4
Togo 23336 49556 72892 32
Afrique de l’Est 1734 1999 3733 46,4
Afrique Centrale 1830 8940 10770 17
Afrique Australe 192 124 316 60,7
Afrique du Nord 655 1270 1925 34
Autre Afrique 394 350 744 52,9
Europe 7484 1124416028 29,8
Autres Pays 7195 9476 16617 43,1
Non Declare 55400 2615 58015 95,5
Total 1890117 2109930 4000047 47,3
Source: Recensement Général de la Population et de l’Habitat, 1998, INS
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