La classe politique française apparaît très circonspecte, sinon hostile à une éventuelle intervention militaire occidentale en Syrie, les dirigeants PS et UMP se taisant tandis que d’autres voix à droite comme à gauche mettent en garde contre « les risques » d’une réaction de force à l’usage d’armes chimiques à Damas.
Par AFP
Les réactions se sont multipliées mardi alors que les Etats-Unis et leurs alliés semblent de plus en plus déterminés à lancer une frappe contre le régime syrien, accusé d’être à l’origine d’une attaque chimique le 21 août près de Damas, qui aurait fait plus d’un millier de morts. « Nous sommes prêts à y aller », a déclaré le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel.
« La France ne se dérobera pas à ses responsabilités », affirmait-on mardi de source proche de l’Elysée, avant que le président François Hollande ne précise dans l’après-midi la doctrine française sur ce sujet, devant les ambassadeurs de France.
Attribuant le « massacre chimique » au régime de Bachar al-Assad, le chef de la diplomatie Laurent Fabius a prôné lundi « une réaction forte », ajoutant toutefois que « les options (étaient) ouvertes ». Elles vont « du renforcement des sanctions internationales aux frappes aériennes en passant par l’armement des rebelles » syriens, selon une confidence de François Hollande au Parisien.
A l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon observent le silence pour le moment. Au PS, le numéro un Harlem Désir ne s’est pas non plus exprimé.
Si Rachida Dati dit craindre « que le chaos succède au chaos », un autre ancien ministre UMP, Benoist Apparu, défend « la nécessité d’une intervention » sous des formes « à définir ».
Voyant se profiler « une mécanique implacable » qui, « à certains moments, rappelle la préparation de la guerre en Irak » en 2003, l’ancien ministre centriste François Bayrou a lancé « un appel pressant à la prudence ». Le président du MoDem préconise d' »attendre des preuves certaines » du caractère chimique de l’attaque, et la certitude qu’elle a bien été commanditée par le régime de Damas.
Il s’est aussi inquiété des « conséquences sur les minorités d’une action de force », en particulier les chrétiens du Liban, un pays où la France a « une responsabilité particulière », a-t-il rappelé.
Au Front national, le vice-président Florian Philippot, plus catégorique, refuse ce qu’il appelle une « diplomatie de cowboys ». S’agissant de la responsabilité de l’attaque chimique, il parle de « preuves en sable » et fait le parallèle avec les « armes de destruction massive en Irak alors qu’il n’y en avait pas ».
Le FN, qui s’est toujours inquiété d’une déstabilisation des régimes arabes en place, même dictatoriaux, agite à nouveau le spectre d’une menace islamiste puisque, selon M. Philippot, « les rebelles (sont) dominés par les islamistes radicaux ».
A droite encore, le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan appelle François Hollande à ne pas participer « à cette aventure hasardeuse ». « Partout où les Occidentaux ont tenté d’imposer par la force leur démocratie, cela s’est terminé en fiasco », souligne-t-il rappelant les précédents de l’Irak et de la Libye.
Le député de l’Essonne a réclamé la tenue, « sous les 48 heures » d’un débat parlementaire suivi d’un vote, comme cela va se faire en Grande-Bretagne.
Cette exigence est également formulée, à l’autre bout de l’échiquier politique, par le numéro un du PCF Pierre Laurent, qui a demandé au chef de l’Etat d' »inscrire en priorité à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui s?ouvrira le 10 septembre, une discussion parlementaire » à ce sujet. Selon lui, « bombarder la Syrie serait ajouter la guerre à la guerre, entraînant le risque jusqu’ici inégalé d’un embrasement de toute la région ».
Sur la même ligne, son compère du Front de gauche, l’un des rares à avoir critiqué l’intervention française au Mali, redoute « une erreur gigantesque ». « Prenez tous le temps du sang-froid », a lancé Jean-Luc Mélenchon aux dirigeants occidentaux.
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