Crise postélectorale de 2015: le temps de prévenir et de tout repenser en Côte d’ivoire

Naamloos

Par K .DAPA Donacien Chroniqueur Indépendant

Prochaine crise postélectorale de 2015 : le temps de prévenir et de Tout repenser consensuellement en Côte d’ivoire

I- Contexte et état des lieux

La Côte d’Ivoire n’évolue pas en vase clos. Sa faculté à l’autodétermination est fonction de la météorologie du contexte international, matérialisée par l’ambiance au sein des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pour avoir négligé et minimisé cet aspect, la Refondations s’est fait décapiter de la façon la plus violente et la plus horrible. Depuis lors, elle scrute l’horizon et parcourt continent après continent, parallèlement aux voyages de Magellan, afin d’y puiser les moyens d’une vengeance à la hauteur des moyens utilisés par ses adversaires pour son éviction des délices et des jouissances illimitées du pouvoir d’Etat.
La Côte d’Ivoire n’a pas vocation, non plus, à être gérée selon les méthodes autocratiques d’administration d’un patrimoine privé ou familial suivant des réseaux tribalo-ethno-religieux et mafieux.

Pour avoir convaincu (après bientôt trois ans de gestion du pouvoir) l’opinion publique ivoirienne, africaine et mondiale, sur son agenda longtemps caché, trahi enfin par le concept sulfureux et monstrueux de rattrapage ethnique, autant répugnant et confligène que celui de l’ivoirité, conçu et injecté dans le corpus social par l’allié Henri Konan BEDIE, le pouvoir RHDP court le risque de se faire engloutir par le cratère davantage béant, ouvert par le mal ivoirien, tel un volcan qui n’attend que la tenue de la prochaine élection présidentielle, fixée constitutionnellement en octobre 2015, pour se remettre de plus bel en éruption.
Si rien n’est entrepris, courageusement et consensuellement, dès maintenant, pour prévenir et enrailler définitivement la racine du mal, il est à craindre qu’en 2015, les laves de sang innocent qui couleront dépasseront les limites des trois milles morts de la crise post-électorale de 2010. Au bas mot, et dans la projection la moins pessimiste, l’on pourrait s’attendre à au moins cinq millions de morts sur l’effectif de 25 millions d’habitants que compterait la Côte d’Ivoire.
Projetons-nous dans les hypothèses de cet avenir brumeux, fait d’un cocktail fumant et explosif, nourri successivement de deux décennies de construction ivoiritaire, de promotion d’ambitions et de raccourcies putschistes, de recrutement sur base ethno-tribal et enfin, suivant une logique de rattrapage ethnique.

II- scenarios qui pourraient se produire

II-1/ Scénario 1 : Le contexte constitutionnel actuel s’applique et les institutions issues de l’élection de 2010 demeurent jusqu’en 2015.

Le statu quo actuel conduit inexorablement dans le mur voir dans l’abîme. A l’analyse du bilan du RHDP, le Président Ouattara est convaincu de ce que les voix de l’électorat, dans une élection démocratique, lui seront défavorables. Le passif est lourd, tandis que l’action gouvernementale en vue de la réalisation des promesses électorales n’offre aucune lisibilité ni de visibilité. Le sachant, le concerné, avoue avant l’heure, l’échec de son premier mandat et prépare déjà l’opinion à lui trouver des circonstances atténuantes pour briguer un deuxième mandat à partir de 2015.

Démarche proactive du président en exercice qui pourrait fouetter la détermination des militants de son parti. Cependant, en s’auto-désignant puis en s’auto investissant candidat, sans en laisser l’initiative ni la primeur à ses alliés de le faire, le président ne s’aventure-il pas dans un jeu de poker, en se plaçant dans une posture de vie ou de mort ? Erreur politique ou stratégie politique destinée à forcer le PDCI de Henri Konan BEDIE à renoncer à toute ambition présidentielle, avant 2020 ?

En envisageant et en « légiférant »de manière cavalière, relativement à l’élection de 2015, au foncier, à l’apatridie et au code de nationalité, le Dr Ouattara n’effarouche t-il pas ses alliés et n’exacerbe-il pas le contexte sociopolitique déjà délétère ?

Les signes ne trompent pas. Réuni en conclave en vue de l’organisation de leur congrès, l’allié BEDIE a été prié par les forces vives incarnées par les secrétaires de section, non seulement d’informer (séance tenante), audiblement et sans fioriture, l’allié Ouattara de la candidature du PDCI à la présidentielle de 2015, mais aussi d’interpeler le Dr Ouattara sur la « politique dite de rattrapage ». Quand un parti à coloration tribale et ethnique comme le PDCI lève le ton et exprime son « amertume » contre un autre à coloration tribal et religieux, il faut s’en inquiéter et tirer sur la sonnette d’alarme. Si la branche la plus clémente du PDCI vis-à-vis du RDR sort ses griffes, qu’en sera-t-il de la branche souverainiste incarnée par les parrains de Djédjé Mady, même si pour des raisons visiblement tactiques Djédjé Mady affirme du bout des lèvres son attachement au RHDP ?

« le conclave constate avec amertume :

le manque de clarté et de lisibilité dans l’exécution des clauses de l’alliance ;
l’insuffisance de promotion des cadres du parti à des postes de responsabilité ;
la mise en chômage des cadres du parti par leur remplacement systématique du fait de « la politique du rattrapage »;
l’inquiétude des militants face à l’arrogance et à la violence entrainant mort d’hommes entre alliés ».

Enfonçant le clou, le parti auquel appartient M.Kobénan Kouassi Adjoumani, invite le géniteur du concept de rattrapage à « respecter le principe sacro-saint de l’égalité d’accès de tous les citoyens aux fonctions et emplois publics en mettant fin à la politique dite « de rattrapage ».
Du coup, le ton change entre alliés. « Prétendue politique de rattrapage : de quoi parle le PDCI ? », c’est la réponse du berger à la bergère, publiée par l’organe principal d’information du RDR, au lendemain dudit conclave.

Au contentieux électoral, s’ajoute un nouveau contentieux fratricide, entre alliés, autour de la part du gâteau devant revenir à chaque ethnie et tribu arrimées à chaque parti politique, porte-parole avant tout de revendications tribales et rarement nationales. « Dans notre incapacité au sein de l’alliance RHDP à augmenter les ressources du pays afin d’améliorer le quotidien de tous les ivoiriens, pourquoi ne pas partager entre ethnies alliées le peu de gâteau que nous avons trouvé en place ? », tel semble être le sens de l’interpellation lancée par le PDCI au Dr Ouattara. Car à bien relire les griefs du PDCI, la confrérie tribale réunie à Yamoussoukro, présentée abusivement comme étant la représentation des secrétaires de section du PDCI, revendique en réalité, sa part du gâteau à distribuer à quelques cadres de la tribu sous forme de rentes viagères. Aucun souci du bien être des militants encore moins celui du reste de la population en générale n’intéresse les initiateurs du conclave.
Le PDCI serait aujourd’hui pris au sérieux si ses dirigeants avaient protesté en 2011, au moment où le Dr Ouattara lançait le concept depuis 2011 à Paris dans le journal français « l’Expression ».

En ayant gardé pendant deux ans le silence, monsieur BEDIE et les siens n’ont pas à s’étonner aujourd’hui des dégâts de cette politique dont ils sont solidairement et collectivement comptables avec le RDR. Le PDCI doit assumer et demander pardon à ses propres militants au lieu de manœuvrer dans le sens de tromper l’opinion publique.
Quant à la tendance Djédjé Mady, sa démarche ne serait-t-elle pas courageuse, plus lisible et plus audible si elle affirmait clairement son retrait du RHDP? De deux choses l’une. Ou bien, la tendance Mady-Kkb-Banny ne se reconnaît plus dans la gouvernance du RHDP, alors elle est fondée à affronter le candidat RHDP au premier et deuxième tour de la présidentielle, après avoir préalablement démissionné de cette coalition.

Ou bien, elle se reconnait toujours dans la gouvernance RHDP, alors elle est obligée de soutenir la candidature RHDP au premier et deuxième tour, sans murmure. L’amalgame n’est plus à entretenir dans ce pays. « Un pied dedans, un pied dehors, dehors ! » tranchait un autre chantre du MEECI, avec lequel Djédjé Mady formait un beau duo très appréciée d’houphouet Boigny, à l’époque du parti unique.

C’est dans cette ambiance de suspicion entre partis alliés que s’examine en commission à l’Assemblée Nationale, le projet de loi relatif à l’apatridie.
Si nous avions évité de justesse la guerre civile consécutivement à la crise postélectorale de 2010, les joutes électorales de 2015 mettront incontestablement aux prises l’anti et les défenseurs de la politique de rattrapage ethnique. Il ne faut pas se voiler la face. L’ambiance du conclave et le communiqué final qui en est résulté achève de jeter les bases de cette confrontation qui risque de virer rapidement à une guerre interethnique, qui opposerait partisans de l’ivoirité à ceux du rattrapage ethnique.
D’escalade verbale, il est à craindre des échanges de coups de point entre alliés à l’hémicycle avant la fin de cette session extraordinaire.
Deuxième erreur politique de monsieur Ouattara. Sa récente tournée dans les régions du Nord, a plutôt renforcé l’image d’un candidat en campagne de mobilisation de ses parents pour la pérennité de la dynastie au pouvoir. Nonobstant la ténue d’un conseil de ministres à Korhogo, le premier jour, étant donné que les compagnons du périple présidentiel sont presqu’exclusivement issus du même groupe ethno tribal auquel appartient le Président de la République, le discours du Président devrait être axé sur le thème de la réconciliation à l’exclusion de toute campagne visant l’échéance électorale de 2015.

Depuis 2002, coupée sur le plan médiatique du reste du pays par la rébellion, voilà une partie de la Côte d’Ivoire qui a été instrumentalisée et débordée du même type de discours de désinformation, aggravé par les tensions de la campagne de 2010.

Accédant au sommet de l’Etat et occupé par ses nombreuses charges, on comprend que le Président de la République n’ait pas pu retourner de sitôt dans les zones ex-CNO pour les décompresser afin de les reconnecter véritablement au train de la réconciliation.
La visite d’Etat devrait donc servir prioritairement, à notre sens, à dédramatiser et à banaliser l’appartenance ethnique du détenteur du fauteuil présidentiel, de sorte que les populations comprennent qu’avoir un fils de la tribu présider aux destinées du pays n’est pas une fin en soi.
Hélas, en profitant de ces tribunes dressées dans le nord, devant des populations du nord, chauffées à blanc par des cadres et élus du nord, écoutant le message du fils du nord, le Président de la République a plutôt encouragé, engagé et orienté les populations du nord à répéter le vote ethnique de 2010, soldé par les scores soviétiques, allant de 98 à 100 pour cent des suffrages exprimés, principal point de discorde qui nous a conduit dans le malaise social et sécuritaire actuel.

C’est de bonne guerre, répondront les répondeurs automatiques. Soit.

Le nouveau challenge dans lequel les populations du nord sont engagées, à travers le pacte de fidélité astucieusement imposé par le fils du nord à l’issue de la tournée, c’est à une obligation de résultat hissée à 100% des voix du nord, en faveur exclusivement du candidat Ouattara. L’appel à l’exclusivisme constituera incontestablement le point de départ d’autres dérives en 2015.

Pour atteindre cette obligation de résultat, vite assimilable à un impératif de vie ou de mort, par une population majoritairement attachée à la culture dozo, qui considère les désirs du chef comme des ordres militaires à exécuter par tous les moyens, la classe politique et la communauté des Etats civilisés sont déjà avertis de la flambée de violence qui émailleront la prochaine présidentielle de 2015.

En matraquant les populations rurales, sans cesse jusqu’en 2015, sur la nécessité absolue de reconduire le fils du nord, l’impact sera tel qu’un échec éventuel du candidat serait inacceptable par les populations chauffées à blanc pendant trois ans de campagne.

N’était-il pas du devoir du chef de l’Etat de dédramatiser l’environnement électoral à l’occasion de sa visite dans les zones ex-CNO, d’autant plus que les préoccupations du moment tournent autour de l’impératif de réconciliation et de l’amélioration des conditions de vie des populations?

Là où le chef de l’Etat se devait de mettre les populations en ordre de bataille vers les objectifs de développement, finalité ultime de toute ambition politique, le président de la République les presse plutôt de mettre le cap sur la nécessité de reconduire le fils du nord, une fixation obsessionnelle qui n’augure aucun horizon dépassionné dans la perspective de la prochaine présidentielle.

Le comble de ces dérapages, c’est lorsque le Président de la République, Chef de l’Etat, garant de la constitution, de la forme républicaine de l’Etat et de l’intégrité du territoire, accorde une prime à la tentation rebelle en lançant des fleurs à l’initiative du MPCI (mouvement patriotique de cote d’ivoire) de Guillaume Soro. Cette déclaration du Président de la République donne des frissons, eu égard aux multiples tentatives et assauts des rebelles qui rendent jusqu’à présent l’ouest ivoirien instables.

Dans le camp opposé à celui du RHDP, surpris par l’ampleur de la violence dont il se dit la principale victime depuis avril 2011, ceux que l’on désigne globalement de Pro-Gbagbo, bien imprégnés de la mélodie du groupe musical ivoirien MAGIC System, à savoir : « premier gaou n’est pas gaou, c’est deuxième gaou qui est gnata », le sentiment de vengeance ajouté à l’effroyable ambiance du sulfureux concept de rattrapage ethnique, en rajoute au risque d’embrasement généralisé du territoire national. Qu’adviendrait-il des bénéficiaires de promotion dans l’administration publique fondée sur le rattrapage ethnique, en cas de victoire des victimes de ce concept?

Ici encore comme dans le camp de monsieur Ouattara, l’enjeu des élections de 2015 est une question de vie et de mort. Pour rien au monde, le parti d’AFFI N’Guessan se permettra de perdre ses élections, à écouter les professions de foi des uns et des autres.

Dans un camp comme dans l’autre, le camp éventuellement perdant est convaincu de subir le dictat, la tyrannie, la cruauté et la servitude du parti ethno tribal vainqueur, pour longtemps encore, grâce au régime présidentiel ou présidentialiste qui fait du président élu, un roi à la fois autocrate, monarque et tyran qui arrivera toujours à ses fins avec ou sans le consentement du parlement.

II-2/ Scenario 2 :

Le cadre constitutionnel , les lois foncières et le code de nationalité modifiés unilatéralement par une Assemblée Nationale monocolore ou par suite d’un référendum organisé par les institutions actuelles.

Quelles que soient les motifs qui fondent le caractère monocolore du Parlement actuel, le présent pouvoir législatif ivoirien est certes légal (sous réserve du débat autour de l’éligibilité de son président), mais totalement illégitime en raison de l’absence de l’opposition.
Quid de la commission électorale indépendante (CEI) ? Forclose et illégitime au regard de sa responsabilité dans les violences postélectorales, cette commission est moins légitime que le parlement pour prétendre arbitrer un processus référendaire.
Prendre le risque de confier une mission d’envergure à cette structure décriée, c’est en rajouter au ciel déjà assombris par la boite de pandore constituée par le foncier rural et la question de la nationalité, deux problèmes majeurs qui ne peuvent trouver des solutions imposées unilatéralement par le RHDP à plus forte raison par le singleton RDR.
A quoi servent des lois manifestement impopulaires qui contribueront à désagréger davantage le climat social déjà alourdi?
La dernière résolution de l’ONU ne recommande-t-elle pas une large concertation suivie d’un large consensus de tous les acteurs politiques avant toute adoption de ces textes ?

II-3/ Scénario 3 : marge de manœuvre de la communauté internationale en cas d’une nouvelle crise post-électorale en Côte d’Ivoire.

Si en 2010, la convergence de vue des principaux acteurs de la communauté internationale était établie sur les conflits de l’époque, cependant le chaos consécutif à l’intervention des forces onusiennes et françaises en Lybie et en Côte d’Ivoire, a fissuré l’unanimité des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. Divisés sur le contenu du mandat des casques bleus dans les régions du monde en conflit, les gendarmes du Monde n’arrivent plus à s’accorder sur la doctrine guidant leurs actions en vue d’imposer la paix.
Flouée par la fourberie de certains Etats membres permanents du Conseil de Sécurité, de l’usage qu’ils ont fait du mandat pour une zone d’exclusion aérienne dans ces deux pays, la Russie a depuis lors, levé le pieds, en exerçant son droit de veto sur tout dossier similaire.

Les premières victimes de ce manque d’unanimité, ce sont les populations civiles de la Syrie et de l’Egypte.

Depuis deux ans, l’ONU affirme son impuissance face aux factions armées, faisant des millions de morts en SYRIE.

Depuis des semaines, la paix a foutu le camp en Egypte laissant derrière elle, les défenseurs de la légalité (pro-Morsi) face aux défenseurs de la légitimité populaire (pro-armée).

Les morts se comptent désormais par centaines et surement très bientôt par milliers avec le risque d’une interminable guerre civile, pendant que l’ONU démontre une fois de plus son impuissance.

Aggravé par les frictions entre Washington et Moscou, le désaccord est si profond à tel enseigne que la complicité active entre membres permanents du Conseil de Sécurité ne sera pas de retour de sitôt.

Quant aux maliens, ils l’ont échappé bel. Lancée en solo par la France, les autorités françaises attendaient vainement l’endossement par l’ONU de son offensive contre les islamistes. Mais face à l’impuissance manifeste doublée du manque de volonté de l’ONU et face à la trouille qui s’est emparée des pays africains, le pauvre François Hollande, président de l’ancienne puissance coloniale, abandonné dans le désert du Sahara a dû mettre les bouchés doubles pour finir « sa » guerre au Mali, par solidarité au peuple malien (peut-être), mais surtout pour sauver son propre honneur.

De ce qui précède, en cas d’un nouveau conflit postélectoral, les populations de Côte d’Ivoire peuvent-elles espérer en un arbitrage de l’ONU ? A méditer en faisant abstraction de tout argument tiré de la proximité idéologique entre tel parti français et tel parti ivoirien. De telles conclusions hâtives sont à l’origine de nombreuses désillusions passées et récentes.

Le cas malien constituait une spécificité, que François hollande ne rééditerait pas à tout va. Pour preuve, avant son engagement au Mali, la Centrafrique de BOZIZE avait désespérément sollicité le secours de la France.

Les menaces sur la présidentielle de 2015 existent et constituent une épée de Damoclès suspendue sur la tête de chacun de nous : civil, politique, militaires, religieux, athées…
Quelle démarche appropriée pour la résolution durable du mal ivoirien ?

crise-post-electorale-8-mars-2012

III- Solution inter ivoirienne à l’instabilité chronique

Etape 1 : admettre que le Dr Alassane Ouattara est le Président de la République de Côte d’Ivoire ;
Etape 2 : élargir le bénéfice de la liberté provisoire à l’ensemble des prisonniers du 11 avril 2011 et à ceux de la Pergola ;
Etape 3 : Que chaque parti politique demande pardon à ses propres militants ;
Etape 4 : Qu’ensuite, le Président de la République demande pardon aux ivoiriens et aux ivoiriennes au nom de tous les acteurs politiques de Côte d’Ivoire.
Etape 5 : Au nom de l’unité nationale, que le Président de la République, aille plaider la cause de Laurent Gbagbo à la CPI. Après tout, c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui a traduit l’ex président devant cette instance internationale.
Etape 6 : Geler les projets de lois en cour sur le foncier et la nationalité ou les mettre en stand by jusqu’à l’avènement d’un gouvernement de Transition, qui les prendrait en charge;
Etape 7 : En vertu de l’article 48 de la Constitution, composer un Gouvernement de Transition ayant pour mission de doter la nation d’une constitution et d’un nouveau cadre législatif (foncier, nationalité, régime politique) appropriés, efficaces véritablement consensuel, non seulement pour la gestion du mode de dévolution du pouvoir, mais aussi pour la prévention des conflits.

C’est serait une période idéale à mettre à profit pour assurer la mutation d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, plus soft et qui limite la probabilité de crises électorales.

La composition du Gouvernement de la Transition se présenterait comme suit :

– Président de la République, Président de la Transition : Alassane Ouattara, au nom du RHDP ;

– 1er vice Président de la Transition, Laurent GBAGBO, au nom du FPI et suivant les résultats annoncés par la CEI, et confirmés par le panel de l’union africaine;
– 2eme-vice Président de la Transition : Henri Konan BEDIE, suivant les résultats du premier tour de la présidentielle de 2010.
– Premier Ministre du Gouvernement de Transition : Mamadou KOULIBALY, au nom du Cadre Permanent du Dialogue (CPD), et en raison de son statut de président de la précédente assemblée nationale. Victime parfois d’attaques injustifiées provenant tantôt de gauche, tantôt de droite, parfois concomitamment, l’homme garde sa ligne de ni CNRD ni RHDP pour mieux réconcilier les ivoiriens si l’occasion se présentait. Ne confesse-t-il pas souvent que l’essentiel pour lui n’est pas la présidence de la république, mais la reforme en profondeur des piliers de l’Etat et des moules institutionnels ? C’est auprès du mur qu’on voit le bon maçon. Il reste à savoir s’il accepterait de participer à une transition qui lui priverait momentanément son éligibilité.

– un ministre issu de chaque parti membre du CPD;
– un ministre issu de chacun des partis membres du RHDP ;
– Mabri Toikeusse, Anaki Kobena, Affi N’Guessan, Konan BANNY, Simone GBAGBO ayant rang de présidents d’institutions
– représentant de l’alliance des jeunes patriotes : Charles Blé GOUDE,
– un représentant de la diaspora en exile, pour laquelle le gouvernement de transition définirait consensuellement les conditions de bon retour au bercail.
A noter que le 1/3 des membres du gouvernement proviendrait du RDR et assimilé (y compris les Forces Nouvelles).

NB : L’alibi du caractère pléthorique du cabinet gouvernemental ne tiendrait pas si la réconciliation doit passer par là.

Dispositions immuables et transitoires :

1/ – le gouvernement de Transition a une durée de vie de cinq ans à compter du 1er janvier 2014;

2/- Durant cette période, le Président de la Transition, les deux vice-présidents et le chef du gouvernement sont inamovibles. Ils sont inéligibles au poste de Président de la République, à l’occasion de l’élection qui suit immédiatement la fin de la transition.
3/- L’inéligibilité au poste de président de la République s’étendrait à tous les membres du gouvernement de Transition ainsi qu’au Président de l’Assemblées Nationale en exercice à la date de l’entrée en vigueur de la Transition.

4/- Le régime présidentiel devenu parlementaire après l’adoption de la constitution, le gouvernement de Transition organiserait les élections législatives en 2016.
5/- Le Président de la République (appelé Premier Ministre) proviendrait du parti ou la coalition ayant le plus grand nombre de députés.
6 /- Le Président de la République élu par les députés de la majorité, prêterait serment lors de la passation des charges entre le gouvernement de transition et la prise de fonction du nouveau gouvernement, précisément à la fin de la transition fixée deux ans après les législatives, c’est-à-dire en 2018, le temps de consolider les institutions.
7/ – Ne pourront être nommés ministres que des personnes préalablement élues députées, donc jouissant d’un minimum de confiance du peuple.

NB : C’est ici la parfaite illustration de la Démocratie à savoir : le Gouvernement du Peuple par le Peuple et pour le Peuple.

Conclusion

En définitive, et suivant l’indispensable période transitoire utile au pansement des plaies encore visibles, la prochaine « élection présidentielle », s’opérerait sans douleur, anesthésiée qu’elle est par une seule élection : celle des députés dans laquelle est diluée l’élection présidentielle.

D’ici là, les acteurs de premier plan, responsables collectivement de la longue crise, seraient inéligibles, et prendraient paisiblement leur retraite politique, pour ceux qui seraient entre temps frappées par la limite d’âge, sans crainte d’être emprisonnés ni assassinés.

Les autres qui ne seraient pas frappés par la limite d’âge, retrouvent leur éligibilité 5 ans après.

Ce qui permettrait un renouvellement qualitatif du personnel politique en Côte d’Ivoire et l’adoption d’un mode de dévolution du pouvoir qui préserve, non seulement les vies innocentes, mais aussi la vie des candidats.

L’opposition plurielle le comprendrait-elle ainsi ? Elle y a intérêt. Le terrain est miné au sens propre comme au sens figuré. Les nombreux contingents de combattants venus des pays limitrophes et ceux que l’actualité désigne par « colonies de peuplement » dont la plupart sont des supplétifs armés, constituent, aux dires des sécurocrates du pays, une armée de réserve, prête à tout moment à monter en puissance aux côtés des FRCI pour étouffer et mater toute contestation.
En plus, le gèle des avoirs constitue une arme fatale de dénigrement massif que le pouvoir pourrait utiliser pour discréditer totalement les cadres de l’opposition aux yeux des électeurs.

Le pouvoir pourrait procéder par une mainlevée, au cas par cas, après examen d’une demande de justification qui amènerait le requérant à communiquer le montant de sa fortune et sa provenance.

Certaines personnalités de l’opposition se trouveraient dans des situations inconfortables et confuses à l’image de Karim WADE au Sénégal, dont la fortune est estimée à plusieurs dizaines voir des centaines de milliards.

Considérant que l’enrichissement sans cause ou enrichissement illicite est constitutif d’un délit punissable pénalement et pécuniairement, les personnalités bénéficiaires de la liberté provisoire ne sont pas au bout du tunnel. Dans ces conditions, les marges des dirigeants de l’opposition dont le FPI, sont très minces présentement. Mais, en sera-t-il ainsi à long terme ? Les prochains mois seront sans doute décisifs.

Le pouvoir RDR le comprendrait-il ainsi ? Il n’a pas le choix, dans la mesure où le rapport de force au plan interne et international serait favorable à l’opposition, gonflée à bloc à l’approche de la date fatidique d’octobre 2015.

La cherté de la vie, actuellement sur une pente ascendante, n’offre aucune perspective baissière ni à court, ni à moyen ni à long terme. Ventre affamé n’a point d’oreille.
Aussi, la rue qui continue de gronder du Caire à Tunis, contaminant au passage Rabat, Casablanca, Tripoli avec des vibrations sonores à Ouagadougou, n’a pas dévoilé sa destination finale.
Et en cas d’alternance violente avant ou en 2015 non précédée d’une transition préalable d’humanisation de la politique, il est fort à craindre que les bénéficiaires de la politique de rattrapage en subissent brutalement et durablement l’effet boomerang.

Dans un tel cas de figure, les nouveaux princes n’hésiteraient pas à recourir au gèle des avoirs des perdants, en plus des poursuites pour enrichissement illicite.
La société civile organisée et la population en générale le comprendraient-elles ? Plus que les politiques, le déminage préalable du champ politique est à l’avantage du citoyen lamda et du militant anonyme dans la mesure où « la guerre est un massacre des gens qui ne se connaissent pas, au profit des gens qui se connaissent, mais ne se massacrent pas », selon l’excellence définition de Paul VALERY, écrivain Français.

Allons-nous rester les bras croisés face au péril, sous prétexte qu’au vu de l’ampleur du désastre à deux ans de la fin de son mandat, le président Ouattara qui aura réussi la prouesse de décevoir unanimement partenaires et adversaires, ne mériterait pas de présider aux destinés de la Côte d’Ivoire jusqu’en 2018?

La sagesse commande que lorsqu’on est pressé, on va doucement. L’élection présidentielle de 2015 n’est pas une fin en soi. Après 2015, nous devons avoir la garantie de vivre sans être décimés par une guerre plus meurtrière que celle que nous vivons depuis le coup d’Etat du 24 décembre 1999, à dix mois de la présidentielle de 2000.
La durée d’un gouvernement de transition allant du 1er janvier 2014, au 1er janvier 2018 peut sembler longue. Mais qui sait si le Dr Ouattara ne consentirait pas à ouvrir la période du gouvernement transitoire du 1er janvier 2014 pour la clore en octobre 2015 et se retirer définitivement du pouvoir, en se contentant d’un seul mandat ?
Le faisant, il devancerait, de loin son challenger, Laurent GBAGBO, à l’héritage politique et historique de Nelson Rolihlahla MANDELA, dans une Afrique dans laquelle l’homme le plus célèbre de la planète attend de se trouver un digne successeur, non assoiffé de pouvoir avant de tirer sa révérence.

Mais un Ouattara est différent d’un Mandela dans sa conception du pouvoir.

Alors, par prudence, aménageons-lui une porte de sortie pour laquelle nous ne perdons rien et lui non plus. Déminons préalablement et consensuellement le champ politique et social avant d’y inviter les innocents électeurs à s’y aventurer.

Donnons-nous le temps nécessaire que le Général Guéi aurait dû se donner en 2000.

Ne permettons pas, par cupidité et par précipitation, que le fer croise le fer sans jointure en 2015.

Le mécanisme transitoire que nous proposons, constitue à juste titre des jointures et des ressorts, destinés à amortir le choc des ambitions mal contenues, source du chaos qui guette la Côte d’Ivoire, et que nous pouvons éviter.

K .DAPA Donacien
Chroniqueur Indépendant.
dapadonacien@yahoo.fr

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