Egypte: derrière des dizaines de morts, la menace de guerre civile

Egypte: des dizaines de morts dans des heurts entre les pro-Morsi et la police

Par LEXPRESS.fr

Les affrontements de la nuit entre les partisans de Mohamed Morsi et la police auraient coûté la vie à 75 personnes, selon un hôpital de campagne géré par les Frères musulmans. Le ministère de la Santé évoque un bilan de 20 morts de son côté.

Au moins 75 partisans du président égyptien destitué Mohamed Morsi ont été tués dans des affrontements avec la police tôt samedi matin sur la route de l’aéroport du Caire, selon un hôpital de campagne géré par les Frères musulmans.

L’hôpital de campagne installé par les partisans de Mohamed Morsi à la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, dans le nord-est du Caire, a fait état de 75 morts et 1000 blessés dans des heurts avec la police sur la route de l’aéroport, non loin de la mosquée, a rapporté l’agence officielle Mena.

Le ministre de la Santé et un journaliste évoquent d’autres chiffres
Ce bilan chiffré a cependant été revu à la baisse vers 10h30 par le ministère de la Santé qui, lui, fait état de 20 morts et 177 blessés.

Trente-sept cadavres étaient alignés samedi matin dans la morgue improvisée d’un hôpital de campagne tenu par les islamistes partisans du président déchu Mohamed Morsi au Caire, a constaté un journaliste de l’AFP.

Il s’agit de personnes ayant été tuées par des tirs à balles réelles, lors d’affrontements avec la police aux premières heures samedi, selon des sources médicales sur place, précisant que d’autres corps ont été acheminés vers d’autres établissements.

Avec

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Egypte: derrière les manifestations, la menace de guerre civile

Une nouvelle journée de manifestations a lieu ce vendredi, suite aux appels lancés par l’armée et les Frères musulmans. La crainte d’affrontements violents est forte.

Une nouvelle journée de manifestations est prévue aujourd’hui en Egypte. Elle s’annonce plus tendue que les précédentes. Jeudi, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée, a appelé à manifester pour lui donner « mandat » d’en « finir avec le terrorisme et la violence ». La place Tahrir et le palais présidentiel devraient ainsi voir converger les soutiens au nouveau gouvernement. Si un porte-parole de l’armée a précisé que cet appel ne « constituait pas une menace envers un groupe politique en particulier », les Frères musulmans, opposants à l’armée, sont implicitement visés. L’organisation islamiste a vu dans les propos du chef militaire un « appel à la guerre civile », alors que l’ancien président Mohamed Morsi, l’un des leurs, est encore emprisonné. Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, a lui aussi appelé ses soutiens à participer à des manifestations, qu’il souhaite « pacifiques », contre le « coup d’Etat sanglant » du 3 juillet.

La menace militaire
Dans ce contexte, l’inquiétude de voir l’armée reprendre les armes grandit. En même temps que l’appel lancé par le général al-Sissi, un communiqué vindicatif était publié sur une page Facebook proche des militaires. « Le commandant des forces armées a donné un délai de 48 heures pour un retour dans les rangs de la nation » annonçait le message. Passé ce délai « les forces armées changeront de stratégie face à la violence et au terrorisme ». Une source militaire se voulait rassurante, et précisait que « cet ultimatum de 48 heures est en fait une invitation politique ». Mais il n’est pas sûr que cela suffise à apaiser les tensions.

Face à cet ultimatum, les Frères musulmans préparent une démonstration de force, à travers une mobilisation importante. Une trentaine de cortèges doivent partir des mosquées de la ville après la grande prière du vendredi, et marcher vers deux sites où campent les partisans du président Morsi : les alentours de l’université du Caire, et la grande mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est de la ville.

Les Occidentaux inquiets
La situation inquiète aussi hors d’Egypte. Les Etats-Unis, qui se sont refusés à qualifier la destitution du président Morsi de coup d’Etat afin de maintenir l’aide financière fournie à son précieux allié, a envoyé un avertissement au gouvernement provisoire, et suspendu la livraison de quatre chasseurs F-16. La semaine précédente, le Royaume-Uni est lui aussi revenu sur certaines autorisations d’exportations d’armes. Quant au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, il a demandé que le président Morsi et ses collaborateurs, détenus par l’armée dans un lieu secret, « soient libérés ou que leurs dossiers soient examinés de façon transparente sans plus attendre ». Il a ajouté qu’il appelait « toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue ».

Un symbole : Mohamed Morsi
Car la détention du président Mohamed Morsi, évincé du pouvoir le 3 juillet et emprisonné par l’armée, cristallise toujours les tensions. Vendredi, les Frères musulmans ont considéré que cette détention marquait un retour à l’ère Moubarak. Peu avant, un tribunal du Caire a ordonné le placement en détention, durant quinze jours du président destitué. Le motif invoqué par le tribunal est que Mohamed Morsi aurait entretenu, début 2011, des liens avec le Hamas palestinien lors d’attaques contre la police, puis qu’il se serait évadé de prison.

Alors que les violences ont déjà fait plus de 200 morts depuis un mois, selon un décompte de l’AFP, la police a annoncé le déploiement de nombreux renforts pour assurer la sécurité dans les deux camps. Les observateurs espèrent que les mots d’ordre de calme seront suivis, et que l’armée maintiendra son engagement de mener l’Egypte, au plus vite, vers de nouvelles élections démocratiques.

Thibaut Sardier – leJDD.fr

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