12e Congrès du PDCI: La guerre de leadership s’accentue
Les enjeux d’une bataille
Kisselminan Coulibaly Source Soir info
La bataille pour le contrôle de l’appareil est engagée, au Parti démocratique de Côte d’Ivoire.
Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire, l’organisation du 12e congrès ordinaire laisse apparaître de franches dissensions au sein des hiérarques.
D’aucuns avaient cru le malentendu entre Alphonse Djédjé Mady et Henri Konan Bédié, dissipé, mais l’actualité récente, à la « maison du parti » incline à croire que le malaise est profond.
Djédjé Mady, secrétaire général du Pdci-Rda, n’admet pas- alors-là, pas du tout- qu’on tente de l’écarter de l’organisation d’un 12e congrès particulièrement attendu et qu’on veuille dans le même temps, le confiner dans un poste douillet de « superviseur délégué ». Sa sortie, dix jours plus tôt, devant les membres du comité de direction, des jeunes et des femmes, au siège du parti, a marqué les esprits : « Selon les textes, c’est le secrétaire général qui organise le Congrès. Le président nomme le président du congrès et les secrétaires de séance dont le mandat prend fin à la clôture du Congrès (…). Tout ce que je demande, c’est le respect des statuts. Je ne demande rien d’autre. Mais qu’on fasse en sorte que le Pdci soit fort en respectant un minimum d’équité, de justice et respect pour les autres ».
Rarement Djédjé Mady avait été aussi rude, dans l’expression, aussi peu diplomate : « Quand on a avalé plusieurs couleuvres, un moment donné, il y a des couleuvres qui ne passent pas ». Deux rencontres Mady-Bédié ont eu lieu avant que le second ne prenne l’avion, mardi 28 mai, pour Paris. On croyait l’incident clos…Que non ! Les évènements à la « maison parti » montrent bien que Djédjé Mady a décidé de s’adjuger l’organisation du congrès. Ici, le hic : ses détracteurs reprochent au député de Saioua une interprétation abusive des directives du « chef ». Alphonse Djédjé Mady serait bien le « superviseur délégué » du 12e congrès du Pdci et l’Inspecteur général d’Etat Niamien Ngoran en serait le coordonnateur, disons le maître d’ouvrage.
Preuve que la pression demeure forte, les mercredi et jeudi derniers, l’ambiance n’était pas à la grande camaraderie, à Cocody-Sainte Marie et le bien introduit « Nouveau Réveil » rapporte, dans sa livraison du 30 mai, une « empoignade verbale » entre Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général et Maurice Kacou Guikahué, Sga chargé de l’organisation et de la mobilisation du Pdci. Les débats étaient précisément tendus autour de la question de l’organisation du Congrès et les deux responsables ont laissé éclater leur désaccord.
De grands enjeux en perspective
Il ne faut surtout pas être naïf. L’organisation du 12e Congrès du Pdci-Rda renferme des enjeux énormes. Les différends apparus, ces dernières semaines, au sein de la haute direction ne que sont les prémices de débats houleux autour de questions cruciales : le Pdci-Rda présentera-t-il un candidat à l’élection présidentielle de 2015 ? Le parti préférera-t-il faire bloc autour d’Alassane Ouattara, issu du Rhdp et candidat déclaré à sa succession ? Le Pdci-Rda voudra-t-il disparaître au profit d’un grand ensemble communément désigné « parti unifié » et qui regroupera les trois grands piliers de la Coalition, Rdr, Udpci et Pdci ? Quelle suite donner à l’appel à une alliance du Front populaire ivoirien ?
Le président de la Jeunesse du Pdci, Kouadio Konan Bertin (KKB) que certaines langues voudraient proches de Djédjé Mady, n’écarte pas un rapprochement avec le parti d’opposition : « nos frères du Fpi ne sont pas nos ennemis (…) L’appel n’est pas à rejeter. Il fera l’objet de réflexions entre nous, de débats, et le congrès tranchera » (In Soir Info du jeudi 16 mai 2013). La vision de l’impétueux député de Port-Bouet n’a pas grand’chose en commun avec l’approche de Henri Konan Bédié au sujet de l’appel au « sursaut national » de Miaka Ouretto : « Faut-il oublier que cette alliance (celle avec le Rdr, ndlr) a permis de se débarrasser d’un tyran ? Ne faut-il pas chercher plutôt à l’améliorer ? » (In Le Nouveau réveil du vendredi 24 mai 2013).
Ce sont deux visions qui s’affronteront au Congrès des 3, 4 et 5 Octobre à Abidjan : la vision d’un Henri Konan Bédié, 79 ans, toujours maître du parti et bien encadré par les apparatchiks, et celle d’un Pdci révolutionné, disons, radicalement transformé. Avant-hier, à la permanence du Pdci, au Plateau, des vice-présidents de la Jdpci, se sont désolidarisés des positions…révolutionnaires de KKB : « Il veut prendre la Jpdci en otage pour la vendre aux personnes tapies dans l’ombre qui le manipulent. Mais il nous trouvera sur son chemin (…) Bédié reste et demeure le gardien du temple Pdci. Nous l’encourageons à être candidat au congrès prochain et il a notre soutien indéfectible » (In Le Patriote du vendredi 31 mai 2013).
Au parti de Bédié, la bataille pour le contrôle de l’appareil est engagée. Une certitude : un camp déchantera au soir du 5 octobre prochain. Ou alors, ce sera la scission. Pas sûr que Félix Houphouët-Boigny, de son caveau, appelle à un éclatement.
Kisselminan COULIBALY
Multiples manœuvres dilatoires – qui veut reporter le Congrès du Pdci ?
Là Où tout le monde devrait applaudir, il se trouve des gens pour multiplier les entraves. Le 12ème Congrès au Pdci, prévu en octobre prochain, n’en finit pas de susciter des débats d’arrière-garde. Et surtout, des résistances de mauvaise foi. Une atmosphère sournoise qui contraste d’avec la campagne véhémente que d’aucuns avaient initiée, en son temps, pour appeler à cette grand-messe, donnant parfois dans la propagande. Ces pro-congressistes très tôt affichés avaient, peut-être, secrètement pensé que le président du parti, Henri Konan Bédié, était opposé à une telle éventualité. Or, il n’en était rien. Le chef du vieux parti estimait, jusque-là, que les conditions de ce rendez-vous n’étaient pas complètement réunies, tenant compte des aléas de sortie de crise post-électorale au plan national. Maintenant que ce cycle électoral est bouclé et que le président Bédié vient de donner le coup d’envoi du Congrès, qu’il a fixé en août, la tenue d’un pré-congrès, les mêmes pro-congressistes semblent curieusement freiner des quatre fers. Certains multiplient les intrigues, comme pour retarder l’échéance. A savoir, s’ils ne roulent pas en faveur de son annulation pure et simple. Leur attitude est telle qu’on les prendrait pour des militants qui préparaient un complot. En effet, que ces militants militent pour une retouche de la liste de près de 300 délégués désignés pour préparer ce Congrès, est fort compréhensible. Mais qu’ils manœuvrent pour remettre en cause tout le gros travail déjà réalisé par le comité ad hoc du Congrès ou qu’ils veulent tout chambouler, l’est forcément moins. Cela fait émettre des séreux doutes sur leur intention véritable de collaboration. Sont-ils encore vraiment favorables pour la tenue d’un Congrès qu’ils ont pourtant appelé de tous leurs vœux et qu’ils voyaient, à juste titre, comme occasion de restructuration et redynamisation du parti ? Bédié n’est-il pas à encourager, lui qui, en bon démocrate, a accédé à la volonté de faire un Congrès, a même ébauché les thèmes du congrès et élaboré des équipes de travail ? En tout cas, pragmatique, Bédié, par ce balisement, rend plus aisé le déroulement du Congrès, évite, les pertes de temps, les empoignades futiles et inutiles. Cela devrait focaliser désormais l’attention de tout bon militant sur l’essentiel : le Pdci-Rda face aux nouveaux défis : renouveau, rajeunissement et renaissance. Tout autre comportement, visant à compromettre la tenue de ce Congrès, ne participerait qu’à tirer le parti vers le bas. Pour être légitimes, les ambitions au sein d’un parti, comme c’est bien le cas au Pdci, ne doivent pas être des grains de sable dans la machine.
Paul Koudou
Le Nouveau Réveil
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