A l’ouest de la Côte d’Ivoire, rien ne va plus. Et ce depuis l’arrivé du président Alassane Dramane Ouattara à la tête du pays, le 11 avril 2011. Pris entre plusieurs de ses propres feux que sont les FRCI, les Dozos, les seigneurs de guerre venus du Burkina et autres bandes armées non identifiées, le soldat Alassane peine à éteindre le feu qu’il aurait lui-même allumé dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Un risque d’implosion que les multiples rapports des organisations de défense des droits de l’Homme ont aussi du mal à prévenir. Face à cette situation qui risque d’emporter son pouvoir, Alassane Ouattara veut sévir, au moment où son parti, le RDR, s’apprête à conquérir à nouveau le suffrage des ivoiriens lors des prochaines élections locales prévues pour le 21 avril 2013.
Longtemps accusés de laxisme, les cadres Wê auraient-ils pris leur responsabilité, il y a quelques mois (octobre-novembre 2012) en allant sur le terrain pour s’enquérir par eux-mêmes des réalités de leurs parents des régions du Cavally et du Guémon. Leur rapport encore tenu au secret revient sur des témoignages authentiques des familles qui ont perdu un ou plusieurs de leurs membres depuis 2002. Pour la première fois Eventnews Tv propose ici l’intégralité de ce rapport de mission qui serait déjà sur la table de plusieurs organisations des droits de l’Homme, de la CPI, de la présidence ivoirienne mais aussi dans toutes les chancelleries du monde.
PREAMBULE
Avant d’aborder les préoccupations essentielles exprimées dans le présent mémorandum, il nous parait nécessaire, non seulement de baliser les charges sémantiques des termes « Pays- Wê » et « Patrimoine Wê », mais aussi d’en harmoniser la conceptualisation pour une meilleure compréhension de tous.
En effet le Pays-Wê regroupe à la fois la langue, la culture et l’espace géographique.
Cette précision a toute son importance dans la mesure où ces notions sont souvent méconnues de la plupart des nationaux à plus forte raison des non nationaux.
Du point de vue de la langue, le Wê a malheureusement reçu en héritage colonial la distinction dialectale de Wobé et de Guéré d’une région qui, en réalité, a de tout temps formé un tout organique.
Heureusement, aujourd’hui, ce peuple a surmonté cette fausse distinction et n’en retient seulement que des ‘’désignations’’ par des positions cardinales. Ainsi, nous avons:
– Les Wê nord appelés ‘’Wobé’’ regroupés au sein du département de Kouibly.
– Et les Wê sud appelés abusivement ‘’Guéré’’ occupant les départements de Bangolo, Duékoué, Guiglo, Bloléquin et Toulepleu.
NB : les premiers colons ayant pénétré par le nord du pays Wê ont, dans leur démarche, demandé au peuple visité de décliner l’identité du peuple voisin immédiat. C’est ainsi que pour les Wê-nord, le peuple malinké a dit au colon ‘’webèhé’’ (là-bas ce sont les Wê) qui devient Wobé pour désigner les Wê-nord.
Et pour les Wê-sud, le peuple ‘’Yacouba’’ a décliné : ‘’ Guéhé minh’’ qui devient Guéré (peuple guerrier).
Les Wê-nord, dans l’imagerie populaire, appelant les Wê-sud, les ‘’Zonbahon’’ traduisible par les ‘’hommes d’en bas, (du sud)’’ et les Wê-sud appelant les wê-nord : ‘’ les koéahon’’ synonyme de ‘’ Hommes d’en haut, (du nord)’’.
– Le terme pays Wê, en définitive, désigne à la fois le peuple (langue, culture, société), l’espace naturel et géographique (faune, flore, sol, environnement, terre etc.).
– Le patrimoine foncier Wê : terme synthétique, implique à la fois la sociologie, la culture, l’histoire et la géographie du peuple Wê.
Parler donc d’Invasion du patrimoine foncier Wê telle qu’elle se déroule sur le terrain, est synonyme d’une opération de repeuplement méthodiquement planifiée d’une région dont la résultante est l’extermination physique et culturelle des populations Wê en vue de les exproprier de leur sol et de leurs richesses au bénéfice d’allogènes burkinabé et maliens.
Cette invasion a ainsi pris l’allure d’un véritable génocide de toutes les composantes qui constituent l’âme du peuple Wê.
INTRODUCTION
La crise militaro politique qui secoue la Côte d’Ivoire, depuis 2002, connait à l’ouest du pays une conflagration particulière aux conséquences multiples dont entre autres, l’invasion du pays Wê par des populations allogènes provenant essentiellement du Burkina Faso. Celles-ci débarquent depuis la crise post électorale par millier dans les régions du CAVALLY et du GUEMON.
On assiste ainsi, sous l’œil complice de l’autorité militaire et administrative, à l’expropriation sans autre forme de procès des forêts villageoises, à la destruction massive des forêts classées et parcs nationaux.
Dans certaines localités (villes et villages), on assiste à des constructions anarchiques sans autorisation ni respect des règles de lotissement et des plans directeurs. Les propriétaires terriens sont de manière insolente déniés de leur droit de sol.
Interpellés par ce constat douloureux, nous élus, cadres et chefs traditionnels des régions du CAVALLY et du GUEMON, réunis au sein du ‘’ COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE FONCIER Wê (C.S.P.F-WÊ)’’ avons décidé, à travers le présent mémorandum, de porter à la connaissance de la l’opinion nationale et internationale, le processus de spoliation avec preuves à l’appui, des autochtones Wê de leurs terres.
Ce processus a commencé de façon subtile depuis les années 1970 pour s’accélérer à partir de 2002, début de la crise militaro- politique avant d’atteindre son point culminant depuis la crise post électorale.
Le pays Wê, situé à l’ouest de la Côte d’Ivoire, comprend deux régions : les régions du CAVALLY et du GUEMON et est composé au total de six départements.
Selon le RGPH (recensement général de la population et de l’habitat) de 1998, la population globale des deux régions se chiffre à 745 608 habitants et se répartit comme suit :
1/ Région du CAVALLY
– Département de Guiglo : 166 336 habitants
– Département de Bloléquin : 93 750 habitants
– Département de Toupepleu : 50 592 habitants
Sous total : 310 678 habitants
2/ Région du GUEMON
– Département de Duékoué : 198 047 habitants
– Département de Bangolo : 133 000 habitants
– Département de Kouibly : 103 883 habitants
Sous total : 434 930 habitants
Les deux régions sont couvertes par une forêt tropicale dense et humide très luxuriante.
Elles sont dotées d’un réseau hydrographique dru dominé par les fleuves Cavally, Sassandra, N’zo, ko, Nuon et leurs nombreux affluents.
L’exubérance de la végétation, la richesse du sol, du sous-sol et la pluviométrie abondante oscillant entre 1500 et 2000 mm par an, rendent ces régions propices à toutes les spéculations agricoles dont les cultures de rente telles que le binôme café-cacao et l’hévéaculture.
Les énormes potentialités de ces deux régions ont attiré toutes sortes de convoitises et ont fait d’elles une zone de forte immigration qui, à la faveur de la crise, a pris l’allure d’une colonisation et d’une expropriation systématiques des autochtones de leurs terres par les nouveaux arrivants dont la majorité est constituée de combattants rebelles encore en armes.
I- HISTORIQUE DE L’OCCUPATION DU PAYS WE
Les premiers étrangers accueillis par les Wê sont principalement des guinéens dans les années 1950, suivis plus tard par des maliens, des voltaïques (aujourd’hui Burkinabé) et des malinké ivoiriens.
Cette première vague, constituée essentiellement d’ouvriers agricoles a bénéficié des largesses de leurs tuteurs qui leur ont cédé gracieusement des parcelles pour leur permettre de faire des cultures saisonnières de subsistance telles que le maïs, la patate, l’igname, le manioc etc.
Il faut noter que le peuple Krou dont les Wê constituent une composante est, du fait de sa culture, très ouvert à l’étranger qu’il considère comme un envoyé de Dieu, donc source de bénédictions.
La cohabitation avec cette première vague n’a souffert d’aucune anomalie dans la mesure où les allogènes respectaient les us et coutumes de leurs tuteurs avec qui ils partageaient l’espace villageois.
Malheureusement, ce climat de paix va connaître un début de friction avec l’afflux d’autres populations composées d’allochtones originaires essentiellement du centre du pays dans les années 1970-1980.
Ces derniers, contrairement aux allogènes qui vivent dans les villages de leurs tuteurs, refusent toute cohabitation et préfèrent créer leurs propres campements en pleine forêt aux abords de leurs plantations.
Généralement, ils refusent de contribuer aux actions de développement des villages d’accueil, et plus grave, ils ne reconnaissent pas l’autorité de la chefferie locale.
Cette situation qui découle de leur esprit de vie en autarcie, porte gravement préjudice à la cohabitation pacifique, à la communication entre les différentes communautés, toutes choses qui favorisent les malentendus qui dégénèrent souvent en conflits.
Les causes de cet afflux massif des années 1970-1980 sont multiples :
1- La première raison serait liée au prétexte de l’appauvrissement des terres de la zone de l’Est qui était la boucle du cacao où un nombre important de Baoulé étaient employés.
Cette situation a contraint beaucoup de planteurs à émigrer vers l’ouest à la recherche de nouvelles terres riches et propices à la cacaoculture.
Il faut souligner que les populations de l’ouest s’étaient plutôt spécialisées dans la culture du café et maitrisaient peu ou pas du tout les techniques liées à la cacaoculture.
2- La deuxième raison de cet afflux vers l’ouest tient au barrage de Kossou dont la construction a entrainé le déguerpissement d’Ivoiriens d’ethnie baoulé et qui ont été arbitrairement installés à l’ouest et au sud-ouest par le Président Houphouet Boigny avec l’aval et le soutien de certaines personnalités politiques de ces régions qui espéraient monnayer leur attitude par leur propre promotion politique ou économique.
3- La troisième cause résulte de l’instauration au sein du PDCI, parti unique d’alors, d’une ‘’démocratie ‘’ interne. Certains candidats n’ayant aucune véritable assise au sein de leurs populations, ont favorisé l’installation des planteurs baoulé dans le but d’en faire un électorat captif.
Pour légitimer l’installation abusive des allochtones sur les terres de l’ouest et du sud-ouest, le Président HOUPHOUET BOIGNY lance le 30 octobre 1970 une déclaration sans fondement juridique réel, qui dit: ‘’la terre appartient à celui qui la met en valeur’’.
Encouragés par ce slogan, les planteurs allochtones, bien organisés, soutenus financièrement et politiquement, ont littéralement investi les forêts du pays Wê sous le regard impuissant des autochtones.
Ainsi, on a assisté à la naissance de plusieurs gros campements, dotés pour certains, d’infrastructures sociales dans les forêts (forêts villageoises, forêts classées etc.). A titre d’illustration, il existe dans le département de Guiglo environ 740 campements baoulé dont la population par campement oscille entre 90 et 150 habitants.
Cette situation a, inévitablement, provoqué une forte pression sur les terres, rendant les conflits récurrents entre propriétaires fonciers et planteurs allochtones et allogènes.
On a encore en mémoire le conflit sanglant entre allochtones Baoulé et autochtones Wê en décembre 1997 à Fengolo (Commune de Duékoué).
Vu la récurrence des conflits fonciers qui, souvent, se sont soldés par des pertes en vies humaines à travers le pays et particulièrement dans les zones forestières, le gouvernement, sous l’autorité du Président Henri KONAN BEDIE, a fait voter à l’unanimité, après une longue campagne d’explication au peuple par les députés, la loi n°98-750 du 23 décembre 1998 portant code foncier rural pour règlementer la gestion foncière afin de juguler les conflits fonciers.
Cette loi, considérée par tous comme très bonne, même au plan international, n’a pu entrer dans sa phase d’application, lorsque, malheureusement, éclate la crise militaro politique en 2002 dont les conséquences sur le foncier telles que évoquées plus haut, ont été désastreuses aussi bien sur le plan social qu’humanitaire dans une région déjà en proie à des conflits fonciers aux conséquences meurtrières.
Les forêts classées, les parcs nationaux et certaines forêts villageoises ont été pris d’assaut par les hommes armés qui se sont érigés en planteurs et qui ont fait de ces forêts leur chasse gardée et des poches de résistance au profit de la rébellion armée.
La crise post électorale est venue porter l’estocade au peuple Wê. Aucune parcelle du pays Wê n’a été épargnée par les tueries massives, les exactions de tout genre, l’accaparement des terres villageoises et l’occupation des forêts classées, comme butin de guerre.
Le peuple Wê, dans le silence coupable des associations des droits de l’homme et de la communauté internationale, vit, en ce moment, un drame sans précédent dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Pour récapituler, on note que l’occupation des terres par les étrangers dans le pays Wê s’est déroulée en quatre phases :
– La phase coloniale et post coloniale (1950-1970)
– La phase liée au déplacement de la boucle du cacao et à la construction du barrage de Kossou ayant eu pour conséquence le transfert des populations déguerpies vers l’ouest et le sud-ouest au cours de la période 1970-1980.
– La phase de la rébellion de septembre 2002
– La phase de la crise post électorale à partir de 2011
II- ETAT DES LIEUX
2-1. Découpage administratif
Le pays Wê comprend les régions administratives du CAVALLY et du GUEMON composées de six départements à savoir :
– Région du CAVALLY :
Guiglo, Bloléquin, Toulepleu
– Région du GUEMON :
Duékoué, Bangolo, Kouibly
2-2. Climat, végétation et économie
Le pays Wê s’étend sur une superficie de 18424 km2 et occupe l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Le climat de type équatorial est caractérisé par deux saisons de pluie en alternance avec deux saisons sèches. La petite saison sèche étant moins marquée.
La pluviométrie abondante oscille en moyenne entre 1500 et 2000 mm par an.
C’est une zone de forêt autrefois très dense mais fortement entamée par une exploitation forestière abusive et par l’invasion des populations étrangères à la suite de la crise militaro-politique qui dure depuis 2002.
Au plan économique, le pays Wê repose sur l’agriculture qui constitue un secteur dynamique basé sur le binôme café-cacao, sur l’exploitation forestière, sur l’hévéaculture introduite dans les années 1980 et sur les cultures vivrières telles que le riz, le manioc, la banane plantain et les légumes.
Il renferme les forêts classées et les parcs nationaux les plus importants du pays.
On a les forêts classées de Scio, du Cavally, de Goin Débé du Mont Tia et également le parc national du Mont Péko et celui de Taï qui sont classés patrimoines mondiaux.
2-3 Population
a) Répartition de la population dans les régions du CAVALLY et du GUEMON
Source : Recensement général de la population et de l’habitat de 1998.
Régions départements Populations Autochtones Populations étrangères total % de la population étrangère
cavally Guiglo 90 662 75 674 166 336 45,49%
Bloléquin 41 784 51 974 93 758 55,43%
Toulepleu 46 119 4 473 50 592 08,84%
Guémon Duékoué 101 686 96 381 198 047 48,67%
Bangolo 94 176 38 766 132 942 29,16%
kouibly 98 542 11 115 109 657 10,14%
TOTAL GENERAL 472 969 278 383 751 332 37,05%
b) Commentaire
Au regard des données statistiques de ce tableau, on constate :
1- Globalement, sur l’ensemble des deux régions, le poids très important des étrangers dont le taux se situe autour de 37% de la population totale.
2- Le taux démographique de la population étrangère avoisine celui de la population autochtone dans certains départements ( Duékoué, Guiglo) et le dépasse dans d’autres (Bloléquin).
3- Les départements de Kouibly et de Toulepleu enregistrent quant à eux, de faibles taux d’étrangers.
• Au niveau du département de Kouibly, situé en zone montagneuse et à la lisère de la zone de savane arborée, le couvert forestier est moins dense et présente très peu d’attrait pour les planteurs de cacao.
• Quant au département de Toulepleu, la pénétration étrangère reste très faible du fait de sa position géographique excentrée et difficilement accessible.
4- La proportion des étrangers dans les deux grandes régions est en corrélation avec le niveau d’occupation des terres des autochtones.
5- Les données statistiques mentionnées dans ce tableau datent de 1998. il conviendrait donc de les actualiser pour tenir compte de la croissance de la population en général, mais aussi et surtout pour prendre en compte le caractère dynamique de la liaison logique entre l’afflux des étrangers et l’accroissement des superficies occupées.
Pendant que les populations autochtones désertent leurs territoires pour échapper aux massacres consécutifs aux crises de 2002 à 2011, l’on observe un mouvement migratoire inverse massif des populations étrangères, burkinabé en majorité, vers les zones abandonnées par les autochtones.
Les populations autochtones qui ont pris le risque de rester sur place sont confinées dans leurs villages et ne peuvent aller au- delà d’un rayon d’un kilomètre avec toutes les conséquences que cela implique.
On peut, à ce jour, affirmer, avec certitude, que la population étrangère dans les régions du CAVALLY et du GUEMON a plus que doublée pour atteindre, voire dépasser la barre des 75% de l’ensemble de la population de ces régions.
Comme déjà mentionné plus haut, cette invasion de la population étrangère va de paire avec les expropriations constatées sur le terrain.
2-4 Occupations du domaine foncier protégé
a) Occupation du domaine foncier protégé (Forets classées et parcs nationaux).
Source : CNTIG (Centre National de télédétection et d’information géographique)
Types de forêts Superficies initiales
(ha) Superficies occupées
(ha) Superficies restantes
(ha) % des superficies occupées
FORETS CLASSEES
Scio 89.753 67.000 25.753 74,65%
Goin Débé 130.931 95.000 35.931 72,56%
Cavally 67.327 50.000 17.327 74,26%
Kouin 8.547 5.000 3.547 58,50%
Tyonle 4.300 2.500 1.800 28,14%
Fransobly 14.191 9.000 5.191 63,42%
Semien 2.916 2.000 916 68,59%
Duekoue 52.008 34.000 18.008 65,37%
S/TOTAL 369.973 264.500 105.473 71,49%
PARCS NATIONAUX
Mont Peko 25.119 20.000 5.119 79,62%
Parc national de Taï 541.759 325.000 216.759 60,00%
S/TOTAL 566.878 345.000 221.878 60,86%
TOTAL GENERAL 936.851 609.500 327.351 65,06%
NB: La réserve du N’Zo est comprise dans le parc national de Taï .
b) Commentaire
Il n’est aujourd’hui, un secret pour personne que l’occupation anarchique et massive du domaine foncier protégé est le fait des seigneurs de guerre issus de la rébellion armée de septembre 2002 étrangement tolérée par les pouvoirs publics.
Ils procèdent à des morcellements pour installer des rebelles armés érigés en planteurs ainsi que les nombreux nouveaux arrivants.
Le MONT PEKO (parc national) est contrôlé par le tristement célèbre AMADE OUEREMI de nationalité burkinabé qui dirige un millier de combattants lourdement armés.
Il a, avec ses hommes, participé au génocide de Duékoué.
La forêt de Goin Débé est prise d’assaut par plus de vingt mille (20 000) rebelles armés dirigés par un certain ‘’Rougeot’’.
La forêt de Scio est régentée par SANA SALIFOU qui rançonne 2444 planteurs baoulés de 35 campements.
Comme on peut le voir, pour ne citer que ceux là, toutes nos forêts classées et parcs nationaux sont infestés de rebelles armés et de nouveaux migrants.
Bien qu’il soit difficile de chiffrer avec précision les superficies exploitées, on estime, eu égard à cette invasion massive du domaine protégé, qu’environ 2/3 de la superficie de ces forêts sont sauvagement exploités, soit plus de 65% de la superficie totale.
2-5. Bilan partiel du génocide Wê
Depuis 2002, début de la crise militaro politique en Côte d’Ivoire, le peuple Wê continue de payer un lourd tribut d’une guerre dont il est devenu la cible privilégiée.
L’adhésion aux idéaux du Président Laurent GBAGBO ne peut à elle seule expliquer ce génocide, dans la mesure où les résultats des élections présidentielles, tels que annoncés par la CEI et l’ONUCI, donnent à celui-ci au moins 46% des voix reparties sur l’ensemble du territoire ivoirien. Le peuple Wê n’est donc pas le seul peuple à soutenir massivement le Président Laurent GBAGBO. Les raisons de son extermination se trouvent donc ailleurs.
Les motivations profondes des tueries ciblées et massives dont le peuple Wê est victime résident, comme cela a été déjà démontré, dans l’irrésistible désir des ressortissants burkinabé de s’accaparer les terres des autochtones Wê.
Ces Burkinabé, considérés comme des bêtes de somme dans la production de cacao, sont soutenus par les pouvoirs politiques et par les cartels du café-cacao.
Il est impossible d’établir, à l’heure actuelle, un bilan exhaustif de ce génocide car les tueries continuent et il ne se passe pas de jour sans que des assassinats dans les villages et dans les villes ne soient enregistrés dans les différentes localités du pays Wê.
Les chiffres provisoires connus à ce jour se situent à plus de trente mille (30 000) tués sur l’ensemble du territoire Wê depuis septembre 2002.
Plusieurs charniers ont été localisés à différents endroits donnant ainsi une idée de l’ampleur du désastre.
Ces charniers ou fosses communes, malgré leur importance en nombre et en quantité de cadavres ensevelis, ne sauraient refléter la réalité, dans la mesure où des paysans sommairement abattus et abandonnés en pleine brousse sont découverts plusieurs jours après, avant d’être inhumés par leurs proches.
Les tableaux suivants récapitulent partiellement le nombre de personnes tuées.
C’est une réalité que les pouvoirs publics ivoiriens et la communauté internationale s’évertuent à dissimuler.
a)- Bilan partiel des tueries depuis 2002
Localités Nombre de tués
Duékoué (commune et S/Préfecture) 13.000
Bangolo 3.850
Kouibly 750
Facobly 635
Guiglo 170
Tai 285
Blolequin 4.500
Toulepleu 6.865
Total 30.055
b) Les charniers et les fosses communes
Localisation des sites Nbre de charniers ou fosses communes Nbre de cadavres
Duékoué
Guitrozon 01 75
Fengolo 02 225
Gbaoubli 01 145
Diaouin 01 95
Duekoué(quartier carrefour) 05 585
S/total 10 1125
Bangolo
– Gare de Man 02 650
– Derrière résidence du Préfet 01 373
S/total 03 1023
Blolequin
– derrière la sous -préfecture 01 126
– village Doké 01 65
S/total 02 191
Toulepleu
– Saibly 02 98
– Diai 03 95
– Toulepleu village 01 indéterminés
– Bohobli 03 97
– Seizaïbli 01 79
– Guiellé 02 76
– Bakoubli 01 89
– Mayoubli 01 99
– Nezobli 02 95
– Doho 01 87
– Pékambli 01 indéterminés
S/total 17 815
Kouibly (gendarmerie) 03 180
Facobly (Féanbly) 02 135
Guiglo (Zouan) 01 17
TOTAL Général 38 3.486
Nb : le nombre de corps de certains charniers n’a pu être défini du fait qu’il ne restait dans les fosses que des amas d’ossements
III- ANALYSE ET PROPOSITIONS
3-1. Analyse
Au regard de tout ce qui précède, il est clairement établi que l’extermination savamment planifiée et programmée du peuple Wê a pour mobile essentiel l’accaparement de ses terres.
Cette opération de grande ampleur, caractérisée par sa cruauté, par sa si longue durée, par l’importance de la population touchée et par l’étendue de l’espace ravagé, constitue un cas sans précédent dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire indépendante.
Les tueries, les exactions et l’exil forcé infligés au peuple Wê et qui ont accompagné cette opération d’expropriation, particulièrement au cours de la crise dite post électorale sont des faits constitutifs de crime contre l’humanité et de génocide.
Il est clair que cette opération ne pouvait aboutir sans l’implication des intérêts politiques et économiques (opérateurs de la filière café cacao) ayant armé une bande de rebelles épaulés militairement par les forces dites ‘‘impartiales’’ (ONUCI, FORCE LICORNE).
On comprend aisément les desseins inavoués du Chef de l’Etat Alassane Dramane OUATTARA de modifier la loi sur le foncier rural, loi pourtant approuvée par le peuple ivoirien et votée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale le 23 décembre 1998.
Elle n’a jamais fait, à ce jour, l’objet d’aucune contestation au sein du peuple ivoirien qui ne demande que son application pure et simple.
3-2. Propositions
a) Au niveau des forêts protégées
L’Etat doit se donner les moyens conséquents pour déguerpir toutes les personnes qui exploitent illégalement ces aires protégées.
Les forêts classées sont contrôlées et gérées par l’Etat qui en fait un réservoir environnemental.
Les parcs nationaux et réserves sont classés comme patrimoines mondiaux, du fait de l’importance et de la rareté des espèces (flore, et faune) qu’ils renferment.
Ils sont placés sous la surveillance de l’Etat, mais sont gérés financièrement par la banque mondiale.
b) Au niveau des forêts villageoises
– l’Etat doit veiller à la stricte application de la loi sur le foncier rural.
Cette loi prend appui sur le droit coutumier dans lequel on a introduit la propriété foncière.
Son application effective peut régler définitivement les problèmes fonciers en Côte d’Ivoire.
– l’Etat doit prendre en charge, comme cela s’est fait dans certaines régions de l’Est du pays, les opérations de délimitation des terroirs villageois et la délivrance des certificats fonciers.
Dans cette optique, l’Etat peut confier cette opération aux directions locales de l’agriculture.
– l’Etat doit veiller au respect des forêts sacrées appartenant aux communautés villageoises et dont la gestion, repose, entre autre, sur les fondements de la culture Wê.
Au regard de ce qui précède, l’Etat doit créer des pôles de développement dans les régions nord, nord-est, nord-ouest et centre, pour sédentariser les populations dans leurs terroirs afin d’amoindrir les pressions sur les différentes forêts de l’ouest.
Le rythme accéléré du processus migratoire, tel que constaté actuellement, si on n’y prend garde, aboutira inéluctablement à la savanisation de la zone forestière qui constitue la seule zone de convergence de toutes ces populations en quête de terres de culture.
C’est le lieu de rappeler que sur le plan national, de 16 millions d’hectares de forêts en 1960, nous sommes aujourd’hui à moins de 2 millions d’hectares en 2012.
CONCLUSION
Depuis la période coloniale jusqu’à la crise militaro politique, les régions du CAVALLY et du GUEMON ont fait l’objet de vives convoitises qui ont débouché consécutivement à la crise postélectorale sur l’accaparement de leurs forêts précédé d’une véritable épuration ethnique.
Ces opérations sont menées en violation des droits fondamentaux des communautés locales, au vu et au su des organisations des droits de l’homme et surtout des autorités gouvernementales, dont le silence coupable est la preuve d’une opération bien pensée et planifiée.
Les populations locales sont aujourd’hui privées de moyens de subsistance. C’est une atteinte au droit inaliénable de tout peuple de disposer librement de sa terre pour vivre dans la dignité.
Au regard de ce qui précède, nous, élus, cadres, chefs traditionnels, réunis au sein du ‘’COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE FONCIER WÊ ’’ (CSPF-WÊ) :
1. Condamnons l’expropriation du peuple Wê de ses terres
2. Exigeons des pouvoirs publics :
– la protection des populations aujourd’hui livrées à toutes sortes d’exactions et de tueries perpétrées par des éléments armés qui sillonnent les villages.
– l’application effective de la loi N°98-750 du 23 Décembre 1998 portant code foncier rural.
– l’expulsion immédiate des seigneurs de guerre et clandestins auteurs des pillages des parcs nationaux et forêts classées pour freiner la destruction de ces réservoirs de la biodiversité.
3. Demandons à la Communauté Internationale et aux
Organisations de Défense des Droits de l’Homme d’aider les populations Wê pour mettre un terme à leur extermination programmée dans le seul but de les exproprier de leurs terres.
C’est un appel pour la suivie du peuple Wê obligé aujourd’hui de devenir étranger sur la terre de ses ancêtres, sur sa propre terre.
Le titre et le chapeau sont de la rédaction de EVENTNEWS TV
De p.kouhon/ Eventnews Tv (pkouhon@gmail.com)
Article du : 27-03-2013 14:03:21
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Dossier explosif/ La vraie vie des 800 détenus politiques en Côte d’Ivoire/ Même en prison Ouattara pratique le rattrapage ethnique /Le mutisme de la direction du FPI
Mariage gay : Forte mobilisation à Paris. Les derniers manifestants évacués de force
Email : houlatidiane@yahoo.fr
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