Centrafrique: le Premier ministre appelle à « éviter un bain de sang »
Face à l’arrivée des rebelles de la Séléka aux portes de Bangui, le Premier ministre Nicolas Tiangaye, figure de l’opposition au président François Bozizé, a lancé samedi un ultime appel à négocier « pour éviter un bain de sang » dans la capitale centrafricaine.
Les rebelles de la Séléka avaient toutefois déclaré peu auparavant ne plus vouloir négocier avec le président Bozizé, un ancien général au pouvoir depuis 2003.
Ils ont déclaré vouloir mettre en place un gouvernement de transition s’ils prenaient Bangui, où une équipe d’union nationale a été formée en janvier pour mettre fin à une première crise.
« Le Premier ministre demande à nos frères de la Séléka de se mettre en rapport avec le gouvernement d’union nationale pour trouver une solution pacifique et éviter un bain de sang », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, M. Crépin Mboli Goumba.
« Il y a eu la déclaration des Nations unies, du département d’Etat américain, du président tchadien Idriss Deby, tous rappellent l’importance de l’application des accord de Libreville (signés le 11 janvier antre pouvoir, rebelles et opposition politique) et le rôle du gouvernement d’union nationale », a précisé M. Mboli Goumba, opposant au président Bozizé.
« On peut gagner ou perdre une guerre mais il est extrêmement important de gagner la paix », a-t-il conclu.
La rébellion a toutefois paru décidée à imposer une nouvelle donne à la faveur de ses nouveaux succès militaires.
« Négocier avec le général Bozizé, non. Combien de fois avons-nous négocié avec lui? Ca ne donne jamais rien », a déclaré le colonel Djouma Narkoyo, un des chefs militaires de la Séléka joint au téléphone par l’AFP depuis Libreville.
L’accord de paix prévoit que M. Bozizé reste au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat en 2016.
Le responsable n’a pas voulu dire quand la rébellion marcherait sur Bangui, notant seulement que « la nuit a été calme. Il n’y a pas eu de coups de feu ».
Mais il a ajouté que si elle prenait le pouvoir la rébellion installerait un nouveau gouvernement.
« Nous mettrons en place un gouvernement de transition. Notre chef reste Michel Djotodia », a déclaré le colonel Narkoyo.
La rébellion avait retenu M. Djotodia, chef politique du Séléka et vice-Premier ministre du gouvernement d’union nationale ainsi que quatre autres ministres issus de ses rangs dimanche à Sibut, à 160 km de Bangui où ils étaient allés rencontrer les rebelles.
On ignore actuellement où se trouvent les ministres.
« Ne pas verser de sang »
Des responsables de l’ONU ont prévenu que les exécutions sommaires et violations des droits de l’homme se généralisaient à mesure que les tensions s’intensifiaient entre les rebelles et le président Bozizé.
Le président tchadien, puissant voisin, a lui aussi averti sur RFI que « nous ne pouvons accepter une prise du pouvoir par les armes, nous ne pouvons pas accepter non plus la remise en cause du gouvernement qui a été formé après Libreville.
« Il faudra arriver à une solution sans verser du sang », a-t-il dit. Mais il a dit ne pas vouloir intervenir en RCA, soulignant les différences avec l’envoi de soldats tchadiens au Mali en début d’année contre les jihadistes dans le cadre d’une opération validée par l’ONU.
« Il ne faut pas faire l’amalgame » entre le Mali et la Centrafique, a-t-il souligné, « il faut qu’ils (les Centrafricains) se comprennent entre eux, qu’ils arrêtent la violence, surmontent les difficultés et mettent en exécution les accords de Libreville ».
Accusant le président Bozizé de ne pas respecter les accords, la coalition rebelle a repris les hostilités et a dit avoir franchi vendredi le verrou de Damara, à 75 km au nord de Bangui.
Le colonel Narkoyo a souligné que la Séléka était prête à négocier avec la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale qui avait envoyé des soldats au secours du président Bozizé après le succès de la première offensive rebelle en décembre.
« Si les chefs d’Etat de la CEEAC le demandent nous sommes prêts à les rencontrer et discuter », a-t-il dit.
Il a appelé « les habitants de Bangui à rester chez eux et ne pas avoir peur. Nous n’en avons pas après les populations; Nous en avons après les militaires ».
Il a aussi demandé au président sud-africain Jacob Zuma qui dispose aussi d’hommes en Centrafrique « de retirer ses troupes » dont on ignore le nombre.
A Bangui, la situation était calme mais les habitants vivaient dans l’angoisse. « La nuit a été été pénible. On était sur le qui-vive guettant toutes les informations », a expliqué un employé de bureau.
La France a 250 militaires à Bangui avec pour mission de protéger la communauté française de cette ville de moins d’un million d’habitants.
AFP
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