Blé Goudé en « résidence protégée » selon le ministre de l’intérieur

Le président par intérim du COJEP, accompagné d’une délégation forte de 13 personnes, a fait deux doléances au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, au cours d’une audience le jeudi 31 janvier 2013. La première concerne la libération de leur leader, Charles Blé Goudé, arrêté au Ghana le jeudi 17 janvier 2013, puis extradé vers la Côte d’Ivoire le lendemain, vendredi 18 janvier. La deuxième doléance avait trait au processus de paix et de réconciliation en cours en Côte d’Ivoire. Joel Poté qui a fait un rappel des actions menées par le COJEP avant l’arrestation de Blé Goudé, a demandé au ministre Hamed Bakayoko d’intercéder auprès du Président Alassane Ouattara, pour la libération de «son fils» Charles Blé Goudé, qui a été présenté, pour la deuxième fois, à la doyenne des juges d’instruction le mercredi 30 janvier 2013. «Le président du FPI a dit qu’il demande au Président Alassane Ouattara de libérer son frère Laurent Gbagbo. Nous, nous demandons au Président de la République de libérer son fils. Nos différences idéologiques ne doivent pas constituer des barrières au dialogue politique et nous disons aussi que nous sommes résolument inscrits dans le processus de paix et de réconciliation. La Côte d’Ivoire a plus besoin d’un père que d’un Président de la République. Nous vous prions d’intercéder auprès du Président de la République pour qu’il puisse libérer son fils Charles Blé Goudé et qu’il use de tous ses pouvoirs pour prendre une loi d’amnistie totale pour libérer tous les prisonniers politiques. L’Etat a le devoir d’apaiser le climat politique pour que le «Vivre ensemble» ensemble soit une réalité», a situé Joel Poté sur l’objet de leur présence dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Le ministre Hamed Bakayoko entouré de Touré Mamadou, conseiller technique du Président de la République, chargé de la jeunesse et des sports, a pris bonne note des demandes formulées par le COJEP et en guise de réponse, Hamed Bakayoko a fait quelques révélations sur le cas Charles Blé Goudé. «Charles Blé Goudé a été interpellé et arrêté dans le cadre d’une procédure judiciaire. Nous sommes tous engagés dans le processus de réconciliation qui a ses exigences et ses contraintes. Vous demandez une loi d’amnistie pour toutes les personnes qui font l’objet de poursuites, nous enregistrons cette demande, mais nous disons aussi que la loi d’amnistie est au bout d’un processus qui ne peut pas faire l’économie de la justice, de la repentance et du pardon. La Côte d’Ivoire a connu une crise très grave. Il y a des parents de victimes, il y a des milliers de morts, des dégâts. Il faut s’arrêter à un moment donné pour faire la comptabilité de ces dégâts, mais on ne peut pas, si nous voulons prospérer et améliorer notre société, faire l’économie de la justice. Je viens de recevoir des ONG de Droits de l’Homme qui elles, demandent d’aller au bout du processus judiciaire pour tout le monde (…) Beaucoup se sont interrogés sur le lieu de détention de Blé Goudé, il n’est pas détenu de façon clandestine. Il est en résidence protégée. Vous connaissez la personnalité de Charles Blé Goudé, ce n’est pas évident d’assurer sa sécurité dans une maison d’arrêt ordinaire (…) Les prisonniers d’une certaine catégorie bénéficient de protection particulière. Le Président Gbagbo n’était pas dans une maison d’arrêt, il était dans une villa ; Mme Gbagbo est pas dans une villa parce qu’on ne sait pas où sont les ennemis. Vous avez bien vu la polémique autour de son retour, a-t-il fait un deal avec le pouvoir ou pas ? Donc on ne sait pas quelles sont les personnalités qui peuvent peut-être menacer sa vie. Nous voulons le garder dans des conditions protégées jusqu’à ce que les choses évoluent (…) Quiconque, au nom d’une corporation ou du gouvernement pose des actes, tôt où tard, il répond de ses actes devant la justice (…)Vous demandez la clémence du chef de l’Etat, c’est un acte positif, mais tout cela suivra un processus», a expliqué Hamed Bakayoko à la délégation, en leur demandant de continuer sur la voie de la négociation et du dialogue.

Olivier Dion
L’Intelligent d’Abidjan

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Les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko lors d’une audience, ce jeudi 31 janvier 2013 à Abidjan, acoordée à des responsables du Mouvement politique de Blé Goudé, le COJEP:

« (…) Beaucoup s’interrogent sur le lieu de détention de Charles Blé Goudé, il n’est pas détenu de façon clandestine, il est en résidence protégée. Vous connaissez également la personnalité de Charles Blé Goudé. Un ministre de l’Intérieur, il a un certain nombre d’informations, ce n’est pas évident d’assurer sa sécurité dans une maison d’arrêt ordinaire. On l’a fait pour plusieurs personnalités. Et ce n’est pas la première fois dans le monde. Dans tous les grands pays, les prisonniers d’une certaine catégorie bénéficient de protections particulières (…) Le président Gbagbo lui-même n’était pas dans une maison d’arrêt, il était dans une villa, madame Gbagbo n’est pas dans une maison d’arrêt, elle est dans une villa parce qu’évidemment on ne sait pas où sont les ennemies. Vous avez vu la polémique sur son retour. A-t-il fait un deal avec le pouvoir ou pas, donc on ne sait pas quelles sont les personnalités qui peuvent menacer sa vie. Nous, nous voulons le garder dans des conditions protégées jusqu’à ce que les choses évoluent (…) Ce que je peux noter est que Charles Blé Goudé a été interpelé dans le cadre d’une procédure judiciaire. Nous sommes tous engagés dans le processus de réconciliation. La réconciliation a ses exigences, elle a ses contraintes et vous demandez également une loi d’amnistie pour toutes les personnes qui font l’objet de poursuite, nous enregistrons cette demande. Mais nous disons aussi que la loi d’amnistie est au bout d’un processus qui ne peut pas faire l’économie de la justice de la repentance et du pardon. Notre pays a connu une crise très grave (…) Il y a des parents des victimes, il y a des milliers de morts. Il y a des dégâts. C’est vrai, il faut s’arrêter à un moment donné, faire la comptabilité çà et là de ces dégâts. Mais on ne peut pas, si nous voulons prospérer, si nous voulons améliorer notre société faire l’économie de la justice. Je viens de recevoir des ONG des droits de l’Homme qui nous demandent d’aller au bout du processus judiciaire et pour tout le monde (…) »

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