Messi remporte son 4e Ballon d’or consécutif, mais est-il le meilleur de tous les temps ?

Au Palais des Congrès de Zurich, Lionel Messi est devenu le premier footballeur de l’histoire à remporter le Ballon d’or pour la quatrième fois consécutive. Détenteur du trophée depuis 2009, l’attaquant du FC Barcelone entre dans la légende en dépassant les Hollandais Marco Van Basten, Johan Cruyff et le Français Michel Platini, qui furent chacun récompensés à trois reprises.

LeMonde.fr

Lionel Messi est-il le meilleur joueur de tous les temps ?

Le Figaro Cyrille Haddouche

Un avènement. En recevant, lundi soir à Zurich, son troisième Ballon d’Or-Fifa consécutif, Lionel Messi a rejoint au palmarès du trophée le Français Michel Platini ainsi que les Néerlandais Johan Cruyff et Marco Van Basten. Et parmi les triple lauréats susnommés, seul «Platoche» avait auparavant été sacré trois fois d’affilée (1983, 84, 85). Mais l’actuel président de l’UEFA venait alors de dépasser la trentaine. Âgé seulement de 24 ans, Lionel Messi a encore de belles années devant lui pour s’échapper seul au sommet du palmarès suprême. C’est le destin que lui prédit Johan Cruyff: «Messi gagnera gagnera cinq, six, sept Ballons d’or. Il est incomparable. Il joue un autre championnat», s’émerveille l’ancien maître du Barça. Une malédiction pour le Madrilène Cristiano Ronaldo, qui malgré des statistiques exceptionnelles en 2011 (60 buts en autant de rencontres) est cantonnée au rôle de faire valoir. Signe que le génie argentin du Barça n’a aucun rival dans le football du XXIe siècle. La seule question encore en suspens étant désormais de connaître la place qu’il occupe dans le Hall of fame. Comparaison avec les légendes du football mondial…

Aussi précoce que Pelé

Depuis Mozart, qui composa ses premières œuvres à 6 ans, la figure de l’enfant prodige est souvent associée à la naissance du génie des temps présents et à venir. En matière de football, Messi a marqué les esprits dès ses premières apparitions à 17 ans dans l’équipe fanion du Barça en 2004. Adoubé par les vedettes de l’époque (Ronaldinho, Eto’o et Deco), encensé par la presse et le public catalan, le joyau de La Masia est immédiatement apparu comme la promesse d’un avenir radieux pour le Barça. Sept saisons plus tard, le lutin argentin a largement dépassé les espoirs placés par ses dirigeants et le public barcelonais en son talent incommensurable. À 24 ans, son palmarès avec le Barça (18 trophées remportés) lui permet d’être en avance sur les temps de passage des plus grands joueurs de l’histoire du football. À l’exception de Pelé qui en avait conquis autant au même âge, mais dont deux Coupes du monde. Di Stefano, Maradona et Ronaldo (le Brésilien) n’avaient remporté que 4 titres. Cruyff et Van Basten, 8. Comparé aux références françaises du jeu, Platini (1 Coupe de France et un titre de champion de D2) et Zidane (une super-coupe de l’UEFA et une Coupe intercontinentale), il explose les standards. Parmi tous ces monstres sacrés de l’histoire du ballon rond, seul Alfredo Di Stefano avait remporté la C1 aussi précocement.

Ses statistiques de buteur sont, elles aussi, hors-norme. Avec 211 buts inscrits en 297 matches avec le Barça, l’Argentin pourrait d’ici la fin de saison battre le record de César Rodriguez, le meilleur réalisateur de l’histoire du club catalan (235). Si on ajoute ses 19 réalisations avec la sélection argentine, Messi a déjà marqué 230 buts toutes compétitions confondues. Au même âge, parmi les géants, seuls les Brésiliens Pelé (398) et Ronaldo (250) avaient fait mieux. Et le second était un pur avant-centre alors que Messi brille également par ses talents de créateur.
Plus buteur que Maradona

Buteur efficace, passeur incroyable et dribbleur magique, Messi maîtrise la gamme complète de l’attaquant d’exception comme Cruyff et Pelé (Platini, Maradona et Zidane étant eux des purs meneurs de jeu). Sa technique d’orfèvre s’exprime à pleine vitesse où sa souplesse et son sens du contre-pied lui permettent de reproduire quasiment à l’envi le slalom épique effectué par Maradona contre l’Angleterre en quart de finale de la Coupe du monde 1986. Ce qui en fait un joueur spectaculaire capable de détruire les blocs défensifs les plus renforcés sur une accélération supersonique. Comme en demi-finale de la Ligue des champions face au Real Madrid de Mourinho dans un Stade Bernabeu médusé par tant de facilité. Facteur X d’une équipe barcelonaise souveraine sous l’égide de Guardiola, Messi profite de la force collective catalane pour régner sur la planète football. Son altruisme éclaire en retour le jeu du Barça. «La grande force de Messi, c’est qu’il ne se contente pas de réaliser des miracles, il en fait aussi réaliser à ses coéquipiers», insiste David Villa. Pour preuve la kyrielle (89) de passes décisives offertes depuis ses débuts au Barça. Sans oublier sa propension à progresser saison après saison. Son total de buts est ainsi passé de 38 en 2008-2009 à 47 en en 2009-2010. Pour s’élever à 53 en 2010-2011. Avec 31 buts déjà inscrits à mi-saison, l’Argentin devrait encore augmenter son record personnel: «Chaque année, il est encore meilleur. Vous pensez toujours qu’il a atteint le sommet, mais il s’améliore à nouveau, parce qu’il joue plus et gagne de l’expérience», assure Guardiola. Il lui reste encore à acquérir suffisamment d’épaisseur pour mener l’Argentine vers un troisième sacre mondial.
Moins décisif en sélection que tous ses aînés

Au regard de l’évolution du jeu (plus physique, plus rapide dans la prise de décision en raison de la réduction des espaces), Messi est sans doute le joueur le plus véloce que le football ait jamais produit. Mais pour rejoindre au panthéon les quatre rois des temps révolus (Di Stefano, Pelé, Cruyff et Maradona selon César Menotti dans So Foot), le footballeur 2.0 qu’est Lionel Messi devra transcender et amener vers la victoire une équipe nettement moins talentueuse que le Barça et sa pléiade de milieux fantastiques (Iniesta, Fabregas et évidemment Xavi). Pour l’heure, Messi n’est pas parvenu à marcher sur les traces de Maradona avec la sélection argentine. Son titre de champion du monde junior (2005) et sa médaille d’or olympique à Pékin (2008) ne pèsent pas par rapport à son double échec face à l’Allemagne en quart de finale de Coupe du monde (2006, 2010). De quoi courroucer le public argentin, qui lui reproche pêle-mêle sa Copa America ratée à domicile l’année dernière et le fait qu’il soit un joueur plus européen que sud-américain.

La Coupe du monde comme juge de paix. Au Brésil en 2014, Messi devra changer le cours de l’histoire, comme Maradona en 1986, et conduire son pays au sacre suprême. Pour devenir l’égal du «Pibe de Oro» et rivaliser avec le roi Pelé, qui a remporté trois Coupes du monde mais au sein de Seleçao aussi fortes collectivement et individuellement que le Barça d’aujourd’hui. Pour relever ce défi de taille avec une sélection guère flamboyante, Messi devra donc ajouter la rage de vaincre atavique propre au football argentin à l’élégance catalane. Et forcer donc sa nature par trop discrète.

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Ballon d’Or: « Lionel Messi mettra un terme au débat en 2014 »

Eurosport

Le monde entier se demande depuis hier si le quadruple Ballon d’Or est le meilleur joueur de tous les temps. Revue de presse et du web.

Son costume a beaucoup fait parler. Mais si la toile n’a pas manqué d’ironiser sur la filiation vestimentaire entre Lionel Messi et Diego Maradona, elle a aussi profité du nouveau sacre de l’Argentin pour chanter ses louanges. « Le meilleur de l’histoire », a immédiatement titré le journal madrilène Marca sur son site internet avant de réaffirmer, palmarès à l’appui : « Il est unique ». Les Catalans de Mundo Deportivo placent également le quadruple vainqueur du Ballon d’or « seul sur la cime ». Le directeur de la rédaction Santi Nolla n’hésite pas à asséner : « Le football est Messi ». « A seulement 25 ans, Messi a déjà dépassé tous les autres grands du football », affirme la plume barcelonaise, suivie dans son élan par des journalistes, de grands noms du sport et des dizaines de milliers d’anonymes venus exprimer leur admiration pour la Pulga.

« Messi est le roi », reprend Enrique Sacco dans une tribune sur le site de Clarin. « Il est impossible de comparer les époques et les rois (Pelé, Maradona, Cruyf ou Di Stefano) de chacune d’entre elles, reconnaît le seul journaliste argentin membre du jury. Chacun fut Roi en son temps. Aujourd’hui, nous vivons l’ère Messi. » Le Guardian ne peut qu’approuver : « La domination de Messi paraît irrépressible ». « Personne, pas même l’admirateur le plus dévot de Cristiano Ronaldo ne peut contester que Messi est le poids lourd indiscuté du football », appuie Tom Adams dans le blog Early Doors hébergé par Eurosport UK. Partout, les mêmes jeux de mot autour d’un homme aux pieds d’or. Olé (Argentine) s’incline devant le « Varon de Oro » (homme en or). « Messidoro », répond Tuttosport en Italie. Consacré « Roi du Ballon » par Bild, Messi a un temps posé avec son « Poker de Ballons d’Or » en Une du site de Mundo Deportivo.

 » Iniesta n’emportera jamais un Ballon d’Or…  »

Encensé par les commentateurs, Lionel Messi a également reçu l’assentiment de ses pairs. Smartphone en mains, nombreux sont les footballeurs à avoir commenté son quatrième sacre mondial sur les réseaux sociaux. A grand renfort de majuscules, son compatriote Ezequiel Lavezzi (PSG) félicite « LE MEILLEUR DU MONDE ». « Wow, 4 à la suite ! Messi a rajouté quelque chose à sa liste ‘la seule personne à avoir…’ #MessiLeMeilleurDeTousLesTemps ?? » s’enthousiasme le défenseur de Manchester United Rio Ferdinand. Quelques jours après avoir exposé son cabinet des trophées sur Twitter, Michael Owen joue la carte de l’humour : « je ne suis qu’à 3 derrière Messi ! #toujoursletempsdelerattraper #OUPAS ».

Supporter du Real Madrid, Rafael Nadal oublie le tennis pour féliciter Messi. « C’était compliqué avec deux grands comme (Andrés) Iniesta et Critiano (Ronaldo) ». MisterChip, alias le journaliste espagnol Alexis Tamayo, n’oublie pas plus les rivaux de l’Argentin. « Iniesta n’emportera jamais un Ballon d’Or : il fera la passe à un équipier ou l’expédiera dans la lucarne à la dernière minute », s’amusait-il mardi matin sur Twitter, entraînant plus de 3.000 retweets. Surtout, Iniesta a remporté le seul grand trophée qui manque à Messi, la Coupe du monde. « Je pense qu’il est vraiment le meilleur et espère qu’il mettra un terme aux débats en 2014″, conclut Martyn Ziegler, rédacteur en chef de Press Association.

Eurosport – Benoît VITTEK

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