Bacongo à propos de sa candidature aux municipales: “Le cumul est souhaitable”

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Cissé Ibrahim Bacongo passe ici en revue l’actualité le concernant. Depuis ses ambitions pour la mairie de Koumassi, les subterfuges utilisés par ses détracteurs pour le tirer vers le bas, en passant par les réalisations qu’il a opérées dans cette commune, la réconciliation nationale et la liberté provisoire accordée à certains détenus pro-Gbagbo, Cissé Ibrahim Bacongo dit tout et règle ses comptes.
Monsieur le ministre, au moment où nous réalisons cette interview à quelques jours de la clôture du dépôt des candidatures, alors que votre parti n’a pas encore publié officiellement la liste des candidats à investir pour les municipales, nous avons appris que vous êtes candidat aux municipales à Koumassi. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qu’il en est exactement concernant vos investitures et concernant votre candidature à Koumassi ?
S’agissant des candidatures aux élections, les premiers responsables des différents partis composant le Rhdp ont décidé que les bases dans les différentes communes désignent les têtes de liste. Les directions au plan national ne feront qu’entériner les choix des bases. S’agissant de Koumassi, les secrétaires de section du Rdr se sont réunis, les commissaires politiques aussi, les jeunes, à travers leur bureau, les femmes également, le conseil départemental, c’est-à-dire le premier responsable et ses différents collaborateurs se sont retrouvés, eux aussi. Tous ont décidé que c’est Cissé Ibrahim Bacongo, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui a le meilleur profil pour conduire la liste du Rdr à Koumassi. C’est une déclaration sous la forme d’une pétition qui formalise cette décision signée par tous ces responsables dont je viens de parler et adressée à la direction du parti. Ensuite, les partis du Rhdp, c’est-à-dire, le Pdci-Rda, le Rdr, le Mfa, l’Udpci se sont réunis. Je dois dire que ces partis se réunissent assez régulièrement à Koumassi. Ces partis ont produit une déclaration au terme de laquelle ils ont porté leur choix, pour diriger la liste du Rhdp aux municipales à Koumassi, sur la personne de Cissé Ibrahim Bacongo. Suite à quoi, les mêmes partis se sont retrouvés dans une conférence de presse pour réitérer leur choix sur ma personne, comme tête de liste. Je crois que les déclarations faites au cours de cette conférence de presse ont été largement relayées par les organes de presse mais également par la télévision nationale. A l’issue des choix faits par la base du parti et par le Rhdp, c’est tout naturellement que la direction du parti a entériné leur décision.

De façon formelle, est-ce que cela vous a été notifié ?
De façon formelle, j’en ai été informé par qui de droit. Et je crois qu’il ne pouvait pas en être autrement pour mille et une raisons, mais je prendrai la plus importante à savoir que face au maire sortant, il fallait un candidat qui soit à la hauteur et qui puisse donner de réelles chances au Rdr de gagner.

Mais monsieur le député et futur maire, il se trouve que le maire sortant, s’il a été élu en tant qu’indépendant, a rallié le Pdci et est l’un des responsables de ce parti. Que pouvez-vous dire si vous devez l’affronter. Vous dites que vous êtes candidat Rhdp, vous êtes sûr que lui, il va aller en indépendant ou en Pdci pour battre en brèche votre choix du Rhdp ?
Il n’est pas exclu que le maire bénéficie du soutien de la direction de son parti. Il appartiendra à l’ensemble des partis du Rhdp de tirer les conséquences de cette situation. Mais, sur le terrain, tous ceux qui constituent les représentants du Pdci au sein du Rhdp, à part le maire sortant, sont de notre côté. Le 1er adjoint au maire sortant, le 2ème adjoint au maire sortant, des responsables des jeunes et des femmes, sont avec nous. De surcroît, le Premier ministre Ahoussou Jeannot, n’arrête pas de nous demander d’aller en Rhdp. C’est d’ailleurs grâce à son soutien que nous réussissons à rassurer tous les cadres du Pdci qui pouvaient avoir des réticences, surtout que la direction du Pdci n’a pas pris position jusque-là, face aux déclarations du maire sortant qui, dans le temps, avait traité l’alliance du Rhdp de marché de dupes ou d’utopie. Qui, à la faveur de ces élections, s’est déclaré candidat avant même que son parti n’ait pris quelques décisions.

Mais alors, comment expliquez-vous le fait, comme vous l’aviez dit vous-même, qu’il se soit pas exclus que son parti le soutienne en dépit de ses antécédents ?
Je veux dire qu’en tant que militant du Pdci, maire sortant, son parti pourrait lui apporter son soutien, sauf si tout ce qui est dit au niveau des directions de partis se traduisent dans les faits. Il reste que si nous devons aller en Rhdp, il est évident que c’est le candidat du Rdr qui doit être tête de liste.

Pour quelles raisons ?
Pour la raison que le Rdr est venu en tête lors du 1er tour de la présidentielle à Koumassi. C’est pour cette raison qu’aux législatives, dans la perspective d’une liste commune Rhdp, il était prévu que le Rdr ait deux postes de titulaires et le Pdci un poste. Sur cette base, si nous devons aller en Rhdp, le Rdr doit prendre la tête de liste.

Monsieur le député, le Fpi a laissé entendre qu’il pourrait aller à ces élections, pensez-vous que si on aboutit à un accord et que l’ancien parti au pouvoir allait aux élections, les conditions d’une coalition Rhdp seraient plus favorables?
On ne peut pas préjuger du comportement que les partis politiques du Rhdp pourraient avoir dans la perspective d’une participation du Fpi ou LMP aux élections. Il ne serait pas bienséant que face à l’adversaire que constitue la LMP, nous partions en rangs dispersés aux risques de faire le lit à ce dernier. Donc, je pense que face à une éventuelle participation du Fpi aux élections, les partis du Rhdp pourront faire preuve d’un dernier sursaut pour aller en rangs serrés pour gagner ces élections.

Monsieur Cissé Bacongo est ministre, il est député et il est annoncé futur maire. On pourrait se demander qu’est-ce qui vous fait courir ?
Rien ne me fait courir. Cissé Ibrahim ne court pas, il est militant d’un parti, donc quelqu’un de très respectueux des règles de fonctionnement de ce parti. Cissé Ibrahim Bacongo a été mis en mission à Koumassi pour apporter les trois sièges de députés à son parti. C’est cette mission qu’il est allé accomplir. Et je crois qu’il l’a accomplie à la satisfaction du parti. Cette mission accomplie, Cissé Ibrahim Bacongo est retourné au Gouvernement, puisqu’il y a une incompatibilité entre la fonction ministérielle et la fonction de Parlementaire. Ce n’est donc pas Cissé Ibrahim qui siège au parlement, c’est son suppléant, Sangaré Yacouba, qui est payé comme député, qui bénéficie de tous les avantages et privilèges des députés.

Par la loi ? Il a été dit que les suppléants n’ont pas droit aux indemnités?
Ce n’est pas moi qui paye Monsieur Sangaré Yacouba. C’est l’Assemblée nationale qui le paye en tant que député. C’est lui qui a le macaron de l’Assemblée nationale et qui bénéficie de tous les avantages qui sont accordés aux députés. Je n’ai jamais cherché à savoir à combien de francs mon suppléant est payé par mois. Donc, dans la réalité, dans les faits, Cissé Ibrahim Bacongo n’est pas député aujourd’hui. C’est le suppléant qui est le député. Ce n’est qu’une application bête de la loi sur la suppléance. Cissé Ibrahim Bacongo, voudrait être maire. Là aussi, ce n’est pas moi qui décide d’ être maire. C’est une mission qui me sera confiée et confirmée certainement dans les heures qui viennent, pour aller chercher la mairie de Koumassi et la mettre à la disposition du président de la République pour lui permettre d’appliquer localement le programme de gouvernement que le président présenté aux Ivoiriens et sur la base duquel il a été élu. Il ne peut pas l’être par n’importe qui. Il ne peut l’être que par des gens qui ont fait leurs preuves. Des gens sur qui le président peut se reposer en toute sécurité et en toute tranquillité. En allant à ces élections municipales, Cissé Bacongo va accomplir la mission de gagner la mairie de Koumassi et faire en sorte que les populations de Koumassi se sentent enfin prises en compte par le président de la République. Et ce faisant, Cissé Ibrahim Bacongo va faire en sorte de garantir la réélection du président de la République en 2015, en tout cas, à partir de Koumassi.

Mais vous ne vous sentez pas concerné par le débat contre le cumul des mandats ou de fonctions ?
Pour ma part, je considère que le cumul des fonctions de maire et de ministre est souhaitable. On a qu’à regarder autour de nous, dans les grandes démocraties, c’est ce cumul qui est souhaité. Un maire qui est ministre ne peut être qu’efficace pour le développement de sa commune. Toutes les contraintes auxquelles les maires sont confrontées, peuvent être levées facilement, quand ils sont ministres. C’est un cumul souhaitable de mon point de vue. Parce que, par la force des choses, à cause de sa position, le ministre a un carnet d’adresses, un réseau relationnel plus ou moins important, un peu de notoriété, toutes choses qui constituent un atout pour lui, dans ses fonctions de maire. Il faut d’ailleurs encourager ce cumul. Il faut faire en sorte que les maires aient suffisamment d’autorité, c’est vrai que tous les maires ne pourront pas être ministre, mais partout où il y a un ministre qui veut être maire, il faut l’encourager.

Mais, il y a certainement un cadre de Koumassi qui ne doit pas être de cet avis. Il y a votre directeur de campagne qui crie à la trahison et qu’il y aurait des loubards qui l’auraient bastonné. Qu’en est-il exactement?
Je ne sais pas si vraiment le maire Adou Assalé, puisque c’est de lui que vous parlez, est sérieux quand il tient ce genre de propos. Ou alors si c’est sa manière à lui de faire la politique, par les contre vérités ! Je ne sais pas à partir de quoi il dit que je l’ai trahi ?

Il se dit que lors de la campagne pour les législatives, vous vous êtes mis d’accord pour ne pas aller, vous, aux élections municipales ?
Je ne me suis jamais assis avec Adou Assalé, ni à deux, ni à trois ou à quatre, avant ou après, ni pendant les élections législatives pour évoquer sa candidature aux municipales en contre-partie de son acceptation pour diriger la campagne des législatives. Jamais, au grand jamais. Ceux qui sont allés convaincre Adou Assalé pour qu’il soit mon directeur de campagne sont encore vivants. Il s’agit du président des jeunes du Rdr de Koumassi, Diarrassouba Sékou, de Koné Sidi, président de la Commission technique électorale, et enfin, de Touré Souleymane, qui est un compagnon de tous les jours d’Adou Assalé. Ce sont les trois qui m’ont convaincu de prendre Adou Assalé, afin qu’il dirige ma campagne aux législatives pour des raisons que je n’ai pas jugé pertinentes. Ils m’ont dit que Adou Assalé aurait conservé quelques beaux souvenirs, un peu de sympathie à Koumassi ensuite ayant été opposé à N’Dohi Raymond, qu’il a une revanche à prendre sur ce dernier. Je leur ai dit que visiblement, Adou Assalé ne tenant pas bien sur ses jambes, pouvait-il faire une campagne digne de ce nom face à un adversaire aussi solidement enraciné ? J’étais convaincu, moi, de ce que Adou Assalé méritait mieux que de diriger une campagne et qu’il pouvait se reposer tout simplement et que nous devions aller chercher la victoire pour lui rendre hommage. Mais, on m’a dit qu’il fallait qu’il soit mon directeur de campagne. Je leur ai dis d’aller le voir, s’il est partant, moi, je n’ai pas de problème, mais que, je n’allais pas attendre Adou Assalé pour faire ma campagne. Ils sont allés, et l’ont convaincu après nous nous sommes retrouvés chez lui à la maison. Nous étions environ 30 personnes. Toutes ces personnes sont encore vivantes. Il n’a jamais été question d’élections municipales ! Alors, c’est pour cette raison que je m’étonne. Si je lui ai fais des promesses, c’étaient des promesses d’ordre financières et je les ai toutes tenues.

Vos détracteurs disent que vous avez un discours violent. Il y en a même qui disent que vous sortez souvent votre revolver lors de vos meetings pour menacer des individus?
Je n’ai jamais d’arme à feu. Je n’ai jamais eu de certificat de port d’arme, ni d’arme. Je confesse que je ne sais pas utiliser la langue de bois. C’est un trait de caractère qui peut plaire ou ne pas plaire, mais dans tous les cas, je l’assume. Quand Adou Assalé dit que je l’ai trahi, il affabule et tente de tromper. Il dit que je lui ai promis de le soutenir aux municipales, il affabule et tente de tromper ! Et puis, c’est un non sens ! Si Adou Assalé est militant du Rdr qu’il est choisi par le Rdr, pour être candidat à quelques élections que ce soient, évidemment, c’est tout le Rdr qui sera derrière lui pour le pousser à la victoire, moi avec. Mais, moi je ne suis pas la direction du parti, je n’ai pas le pouvoir d’imposer Adou Assalé comme candidat à une élection ou à une autre ! Si c’est de cela qu’il veut parler, mais là, je ne peux pas le lui promettre parce que moi, je suis un militant, je connais les textes du parti, je ne peux pas lui avoir promis de faire en sorte qu’il soit candidat. Ce serait malhonnête de ma part. Le parti est organisé, il y a un président, un secrétaire général et les décisions se prennent par des instances et non par des individus.

En tant que député, qu’avez-vous eu à faire pour les populations de Koumassi pour que vous cherchiez à nouveau être maire ? Et qu’est-ce que vous comptez faire pour elles, notamment au niveau social, avec les quartiers précaires qui existent dans cette grande commune ?
Je peux vous dire que Koumassi est parmi les communes les plus riches potentiellement en Côte d’Ivoire, mais l’une des plus pauvres dans les faits, paradoxalement. C’est un paradoxe. Il y a une zone industrielle, il y a beaucoup de potentialités qui auraient pu permettre, dans le cadre d’une bonne gestion, de créer des emplois pour les jeunes, trouver des fonds aux femmes et l’environnement aurait pu être attrayant. Mais les caniveaux sont bouchés, ils sont cassés, quand nous y arrivions, l’état de quelques infrastructure nous a profondément choqué. Nous sommes allés au quartier Sopim, c’était dans le cadre de la campagne. Il y avait un grand caniveau à ciel ouvert. Pendant une causerie avec les populations, elles nous ont dit qu’il n’y avait pas de Pdci, ni de Rdr, ni de Mfa, ni de Fpi, et d’Udpci et qu’il n’y avait que des populations. Que toutes ces populations avaient une préoccupation. Celle de voir fermer ce caniveau qui tue en temps de pluie. Lorsqu’il est plein, le caniveau devient comme de la terre ferme. Ce caniveau a tué de nombreuses personnes. Quand il ne pleut pas, ce sont les odeurs et les moustiques qui tuent. Les populations nous ont donc demandé de faire fermer ce trou. C’était avant les élections législatives. Nous étions un samedi. Nous avons promis aux populations de couvrir le caniveau le lundi suivant. Après le meeting, nous avons commencé les travaux le lundi et le jeudi qui a suivi, nous avons achevé les travaux et le caniveau est couvert aujourd’hui. Lorsque vous allez au grand marché de Koumassi, au niveau du cinéma Fraternité, le bitume sur cet axe n’était plus qu’un souvenir lointain. Les ordures qui jonchaient cet axe avaient fini par rendre tout secteur invivable. Avec l’aide de madame la ministre de la Salubrité Urbaine, du ministre de l’Assainissement, du ministre des infrastructures, nous avons enlevé les ordures et rendu cet endroit vivable. Désormais, les véhicules circulent sur la voie. Ensuite, le carrefour Fanny, qui avait une image apocalyptique au secteur, à cause de son état est devenu praticable aujourd’hui, alors que l’on était arrivé à la conclusion on ne pouvait pas la réparer. Personne ne se rend compte maintenant que ce carrefour était autrefois impraticable. Au niveau social, la grande mosquée de Koumassi est en réhabilitation, soit un montant de près de 250.000.000 F Cfa par nos soins. Ces 250.000.000 F Cfa, nous ne les avons pas en poche, ni en trésorerie, ni en compte, mais nous avons utilisé notre réseau relationnel. J’ai fais une quête un peu comme le ministre Patrick Achi l’a fait pour la mosquée d’Adzopé, j’ai sollicité certains camarades ministres, des opérateurs économiques, et cette mosquée est en train de renaître de ses cendres. Voilà une illustration de ce que le cumul de fonctions de ministre et de maire peut être un avantage.

A côté du social, Koumassi abrite la plus importante zone industrielle…
Malheureusement, les jeunes de Koumassi ne profitent pas de cette situation. L’un des engagements forts que nous voulons prendre est de faire en sorte que les jeunes de Koumassi soient privilégiés pour les emplois qui sont dans la zone industrielle. Il faut faire en sorte que les jeunes de Koumassi qui ont le profil, puissent travailler dans les entreprises qui sont dans cette zone. Toujours au niveau social, nous avons financé des activités des commerçantes des différentes associations. Nous avons fait cela déjà pendant la campagne présidentielle et aux législatives, cela ne nous a pas posé le moindre problème de rééditer ce qu’on avait fait auparavant. Nous avons financé des activités de centaines femmes. C’était avant les législatives, pour un montant de 11.800.000 F CFA. Nous avons également fait en sorte que 580 jeunes de Koumassi, sélectionnés sur la base de leurs diplômes, sans considération ethnique, religieuse, politique, bénéficient d’une formation pour créer leur propre emploi. Sur les 580, il y a environ 200 qui ont réussi à se maintenir pour pouvoir créer leur propre entreprise grâce à un soutien que nous allons leur apporter. Il y en a d’autres que nous avons récupéré qui n’avaient pas le niveau requis pour travailler dans une administration, qui sont actuellement en formation dans des sociétés de gardiennage. Nous avons beaucoup de projets pour les jeunes.

Vous parlez de gardiennage, au-delà de la société de gardiennage, qu’envisagez-vous pour la sécurité de Koumassi ? C’est une préoccupation dans plusieurs commune en Côte d’Ivoire et, notamment, celles d’Abidjan ?
Concernant la question de la sécurité de façon plus générale à Koumassi, nous avons un certain nombre de commissariats. Nous avons même un camp commando. Je veux dire que les forces de sécurité régulières sont à Koumassi. Il va falloir renforcer les moyens mis à leur disposition. Il faut mettre des moyens conséquents à leur disposition pour que ces éléments puissent s’acquitter avec efficacité de leur tâche. Nous même avions fait une visite surprise hier, d’abord à la mairie pour rencontrer Monsieur le maire, ensuite au commissariat du 6ème où nous sommes nous avons constaté beaucoup de difficultés. Nous avons donc promis d’offrir 10 bureaux, 10 fauteuils, 5 ordinateurs et une télévision. Nous avons également décidé de réhabiliter le poste. Au niveau de la sécurité, ce qu’il nous faut, c’est de renforcer tout simplement le dispositif des éléments des FRCI (Police et Gendarmerie), afin qu’ils puissent s’acquitter efficacement de leur tâche. Pour le reste, les jeunes des différentes Sicogi que nous avons rencontrés envisagent de se constituer en société de gardiennage, ne serait-ce que pour sécuriser leur quartier. C’est une idée que nous avons trouvé judicieuse et que nous allons les aider à mettre en œuvre, parce que nous avons vu que dans les couloirs, ce sont des jeunes d’autres quartiers qui viennent se droguer. Les couloirs sont devenus des fumoirs, avec tout ce que cela peut impliquer.

Vous avez parlé de votre visite en l’absence du maire. Le Rdr, c’est le vivre ensemble. Est-ce que vous êtes prêt à prendre des initiatives pour rencontrer le maire sortant qui est un allié du Rhdp ? Que comptez-vous faire pour harmoniser les relations avec lui et votre directeur de campagne qui est un doyen, un aîné. Etes-vous prêt à les rencontrer pour vider les contentieux et vous poser en rassembleur?
Il n’y a aucun contentieux ni avec l’un ni avec l’autre. La preuve, le maire sortant, je l’appelle régulièrement. Chaque fois que je peux, je l’appelle.

Malgré tout ! Et il accepte de vous parler ?
Il lui arrive quand il ne peut pas décrocher, de me rappeler. Ma visite d’hier (NDLR, C’était un samedi), fait suite à une précédente que je n’ai pu faire. Je l’ai appelé une fois avant de me mettre en véhicule, pour lui dire que je partais le voir à la mairie et que je n’étais pas loin. Il m’a dit qu’il venait de bouger il y a cinq minutes. Ensuite, il m’a demandé de reporter la visite, ce à quoi j’ai accédé. Etant donné que c’est lui que je partais voir, je n’ai pas jugé utile d’aller à la mairie sans qu’il y soit. Hier, c’était samedi et comme les samedis il y a la célébration des mariages, j’ai déduis qu’il ne pouvait pas ne pas être là, à l’heure à laquelle je voulais m’y rendre. C’est ainsi que j’ai pris sur moi d’aller sans l’avertir. Il venait encore de partir. Celui que j’ai trouvé, Djédjé Venance, qui venait d’officier mariage, m’a dit qu’il était parti. On a tenté de l’avoir tous les deux en vain, malheureusement on n’a pas réussi parce qu’il devait être apparemment à une cérémonie. S’agissant d’Adou Assalé, je mets cela sur le compte de la politique car, c’est vrai que beaucoup de chose se disent et doucement ça sort, parce que personne n’a vu de pistolets, ce sont les propagandistes qui ont vu les pistolets. A part eux, même sa sécurité n’a pas vu ces pistolets. Il n’y a vraiment rien du tout. En fait, il s’est mis dans une situation contre laquelle je l’ai averti. C’était devant des témoins. Nous étions au mois de janvier 2012. Il m’a appelé pour me dire que cela faisait quelques jours qu’on ne se voit pas, qu’on ne se parle pas et que ce n’est pas normal, alors, nous-nous sommes rencontrés chez lui, en présence de deux autres personnes, un commissaire politique, Fanny Massa et Touré Souleymane, son compagnon des jours de gloire comme les jours sombres. Il m’a annoncé qu’il voulait être candidat et qu’il ne voulait pas que je l’apprenne dans la rue. Je lui ai répondu que c’est une très bonne chose que de vouloir être candidat aux municipales. Mais qu’il devait faire attention. Parce que s’il commence à aller dans les bases pour dire qu’il est candidat, il allait trouver dans certains regards qu’il croiserait, du scepticisme, des doutes, des interrogations qu’il pourrait interpréter comme des signes d’hostilité à sa candidature et à partir de quoi, il pourrait lui-même se créer des difficultés. C’est pour cette raison qu’il faut s’en remettre toujours aux instructions de la direction. Il ne sert à rien de dire que je suis candidat quand la direction de votre parti vous a choisi. Soit, vous avez menti à ceux à qui vous avez donné l’information, ou alors, vous foncez droit dans le mur en étant candidat indépendant. Mais il ne m’a pas écouté. Pendant que moi je me débattais pour faire en sorte que le parti puisse fonctionner et capitaliser les acquis de l’élection législative car, nous avons accueilli beaucoup d’électeurs aussi bien du Pdci que de la LMP, lui, voyait dans les rencontres qu’on faisait, la preuve de la volonté de Bacongo de se présenter aux municipales. La suite, on la connait : Bacongo m’a trahi, il a promis me soutenir si j’acceptais de diriger sa candidature aux municipales, il ne tient pas parole. Voilà d’où tout est parti. A part cela, moi je n’ai aucun problème avec lui. Je dis bien absolument aucun problème avec lui. On se salue chaleureusement à toutes les rencontres auxquelles on participe tous les deux.

Il y a aussi à Koumassi des pro-Gbagbo, les anciens ex-patriotes on les voit souvent avec vous, comptez-vous les intégrer dans votre conseil ou comment envisagez-vous vous prendre avec eux ?
Je suppose que nous sommes dans une période de réconciliation. Ce sont des jeunes gens, des femmes, des hommes qui ont procédé à une analyse saine de la situation, et qui sont arrivés à la conclusion qu’il est quelque fois bon de faire bon cœur contre mauvaise fortune. Nous ne sommes peut être pas le choix idéal qu’ils auraient fait s’ils avaient beaucoup de possibilités, dans la situation actuelle. Nous sommes ensemble, nous les rassurons, lorsqu’ils nous font part de leurs préoccupations, celles que nous pouvons régler, nous les résolvons. Est-ce qu’ils seront dans le conseil municipal ou pas ? Pour le moment, la question ne s’est pas posée. Me concernant, je n’en ai pas encore discuté même avec les amis du Rdr. Le plus important pour nous c’est de marquer le terrain, de nettoyer le terrain des rumeurs, de l’intox. C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup de temps, c’est le 10 janvier prochain que nous devons avoir fini de déposer les dossiers.

Est-ce que conformément au retour du FPI, il y a une possibilité de report ?
C’est une question qui relève de la CEI. Nous ne pouvons pas parler en son nom. Nous nous en tiendrons à ce qu’elle va décider.

Vous avez parlé de rapprochement avec les jeunes du Fpi, ex-LMP, à Koumassi. Mais au-delà de Koumassi, quel regard portez-vous sur la réconciliation et la récente mise en liberté provisoire des détenus LMP ?
Je pense que la libération des frères qui étaient jusque là dans les liens de l’incarcération constitue un signe d’apaisement, un signe qui va dans le sens de la réconciliation. Ensuite, je crois que nos frères et sœurs du Fpi en particulier, doivent se saisir de toutes ces opportunités. Parce que la Côte d’Ivoire ne peut pas se construire sans eux. Ils ne peuvent pas rester dans la position dans laquelle ils sont, indéfiniment, il faut qu’ils saisissent ces signes pour aller à la réconciliation. Ce qui s’est passé dans notre pays est inhérent à à la vie de toutes les Nations. C’est-à-dire, les crises. Des pays ont connu des crises plus dramatiques que celles que nous vivons depuis deux décennies maintenant. Nous, notre souhait est que le pays reprenne sa marche vers son développement et que notre démocratie puisse s’enraciner. Afin que lors des prochaines élections, tout le monde puisse se présenter aux présidentielles, aux législatives, aux municipales et aux régionales, avec l’assurance que les règles du jeu soient respectées. C’est ce que je conseille à nos frères du FPI.

Récemment, vous avez lancé un appel aux jeunes de Koumassi de rentrer et que rien ne leur arrivera. En êtes-vous sûr ?
J’en suis sûr. Je suis sûr de ce que tous ceux qui sont à l’étranger, dont certains n’ont aucune raison d’y être, peuvent rentrer sans aucun risque pour leur vie et leur sécurité. On ne va pas continuer à se battre quand il n’y a plus de raisons, surtout que beaucoup d’entre ceux qui sont partis sont des anonymes. C’est eux-mêmes qui avaient créé des conditions totalement détestables dans leur entourage, qui craignent d’être pris à partie aujourd’hui par leur voisin. Je crois qu’à la date d’aujourd’hui, on est plus préoccupé par la consolidation de la paix, par la reconstruction de notre pays que par des actes de vengeance à l’égard des gens qui ont peur de tout et qui se sont expatriés. Ceux qui avaient les armes et ceux qui donnaient les instructions, beaucoup de ceux-là sont rentrés. Il n’y a pas de raison que ceux qui n’applaudissaient qu’à des meetings ne rentrent pas.

Monsieur le ministre, avant de terminer, on va revenir à votre cas personnel en vous demandant de réagir vis-à-vis de ceux qui pensent que si vous avez été maintenu dans le Gouvernement du Premier ministre Daniel Kablan Duncan, ce serait parce que votre marabout est fort. Est-ce un hasard, un miracle, qu’en est-il exactement ?
Sur la base de quels critères certains sont partis alors que d’autres sont restés ? Est-ce que les gens peuvent répondre à cette question. Je note que le président de la République est un homme politique avertit qui n’a jamais pris de décisions sur la base de considération irrationnelle. Je suppose que si j’ai été retenu dans le Gouvernement actuel, ce n’est pas sur la base d’état d’âme, ou des considérations, métaphysiques. Peut-être, ai-je eu un peu de mérite et de chance.

Qu’est-ce que sa vous fait de réaliser une interview sans parler de l’université ?
Je considère que cette thématique a été beaucoup ressassée. Beaucoup de chose ont été dites avant la réouverture, à la faveur du problème des droits d’inscription. J’ai fais l’objet de volets de bois verts. Les réseaux sociaux se sont déchainés, ma tête a été mise à prix, surtout lorsque mon directeur des finances et du patrimoine, Méïté Adama a été limogé. Il y a eu la rentrée du 3 septembre 2012 au cours de laquelle le président de la République, lors de son intervention a exprimé toute sa satisfaction pour le travail qui a été abattu. Les Ivoiriens ont découvert leurs Universités que certains ont comparés à des universités américaines. Des gens viennent spécialement visiter nos universités, mais ils ne réalisent pas que nous ayons pu faire les travaux de réhabilitation en un an. Il a fallu beaucoup d’énergie, beaucoup de pressions. Il n’y a pas très longtemps, des étudiants nous ont donné quelques frayeurs qui nous ont fait penser que, la violence n’était pas partie totalement des universités. Pour diverses raisons, notamment le manque de toilettes, de restaurants, les difficultés éprouvées pour le transport. Ils sont allés en déloger d’autres, comme au bon vieux temps de la FESCI triomphante. Mais il y a eu plus de peur que de mal. Les mêmes étudiants se sont réunis au cours d’une cérémonie qu’ils ont organisée, toutes les familles et associations estudiantines ensemble, pour prendre l’engagement devant, la nation, mais aussi devant l’opinion internationale, en dénonçant la violence et en signant une charte qu’ils appellent la Charte universitaire ivoirienne de la non violence. Les choses à l’université vont dans le bon sens. On ne pouvait pas faire un travail de cette envergure sans qu’il n’y ait tout ce que nous avons noté ça et là. Les procédures qui ont conduit à l’attribution à l’entreprise qui a obtenu le marché, ont paru un peu heurtée. Mais pour pouvoir rouvrir les universités dans un délai raisonnable, nous étions obligés de passer par une procédure d’urgence, à mi-chemin entre l’appel d’offre et le gré à gré. Il y a eu aussi les péripéties qu’on a connues en entreprenant ces travaux. On ne pouvait pas s’attendre à ce que tout beigne dans l’huile, sans souci. Nous travaillons jusque là à ce que toutes les difficultés soient aplanies afin que ce que nous avons appelé le départ nouveau, soit un départ qui marque une rupture d’avec le passé.

Quel autre message avez-vous à lancer à l’endroit des populations de Koumassi dans toute leur composante, Rhdp, à la communauté universitaire, aux partenaires et à l’ensemble de la communauté nationale?
Je voudrais souhaiter à la grande famille universitaire, aux populations de Koumassi et plus généralement, celles de Côte d’Ivoire, des vœux de santé, de bonheur partagé, de paix, de réconciliation entre les fils et les filles de la Côte d’Ivoire mais également entre eux et ceux qui ont fait le choix de venir résider dans notre pays. Je voudrais formuler le vœu qu’au cours de cette année 2013, les Ivoiriens puissent se découvrir à nouveau de façon définitive comme des frères et des sœurs, en faisant le choix de vivre ensemble, sans distinction de leur origine, de leurs ethnies, religions, leurs croyances philosophiques. Que l’année 2013 soit une année de repositionnement et de reconstruction de notre pays. Bonne et heureuse année à toutes et à tous.

Charles Kouassi (Coll : A. Dedi)
L’Intelligent d’Abidjan

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