Sacré Soro ou la culture de l’irresponsabilité politique

Il se trouve un personnage curieux à la tête de l’assemblée nationale de Côte d’ivoire, il se nomme Soro Kigbafory Guillaume, ancien leader d’une fédération estudiantine de Côte d’ivoire – dont d’anciens étudiants ivoiriens se souviennent encore douloureusement, ancien secrétaire général des forces nouvelles (bandes de criminels ayant pris les armes pour tenter d’offrir le pouvoir exécutif à Alassane Ouattara sous couvert d’anti-ivoirité), ministre de Laurent Gbagbo après les accords de Marcoussis, premier ministre de Laurent Gbagbo après l’accord de Ouagadougou , premier ministre d’Alassane Ouattara jusqu’à ce que Bédié menace de dénoncer l’alliance Rhdp, député de Férké (élu à 99,05% des voix) et à l’unanimité, illégalement élu président de l’assemblée nationale de Côte d’ivoire (article 35 et article 65 de la constitution ivoirienne). Nous allons donc tenter de faire la lumière sur cet étonnant personnage qui espère un jour connaitre le sacre de l’exécutif en Côte d’ivoire, outrecuidance et incantations voire fantasmes maladifs, patience cher lecteur !

Sacré étudiant à l’opposé du brillant, à ses trente années il pouvait se prévaloir d’une maitrise d’anglais – celui dont on n’a jamais à ce jour apprécié le niveau de maitrise de la langue de Shakespeare – et d’un parcours de tolard à la hauteur de son surnom de Bogota. Son influence et son charisme lui valent néanmoins d’être repéré par Alassane Ouattara qui en fera un influent chef de guerre. Le fiasco de la rébellion de 2002 tolérée par Laurent Gbagbo, lui permet de se positionner en secrétaire général des forces nouvelles. L’imbuvable compétence de Soro Guillaume a été bien dissimulée lors des négociations qui ont précédé les signatures des innombrables accords bafoués les uns et les autres par les forces nouvelles. Certains ont d’ailleurs révélé que lors de ces négociations, les représentants de l’état de Côte d’ivoire étaient face à des pantins qui demandaient toute les 10 minutes une pause téléphonique pour prendre des consignes (1). Mais comme tout bon escroc tentant de «fourguer » son produit frelaté dirait: vendu en état ! Oui le mythe du politologue et de l’homme politique est né. Aidé par un Gbagbo qui se croyait stratège, voici notre politologue désormais parachuté à la tête de la primature et n° 2 désormais de l’exécutif.

L’irresponsabilité politique et la confusion intellectuelle érigée en communication

Notre politologue plutôt éloquent discoureur va encore se distinguer par une inconstance légendaire, on le voit avec Gbagbo, avec Ouattara, puis tout seul, et enfin avec Ouattara. L’homme est soucieux de faire valoir le non-respect de l’assemblée nationale de Côte d’ivoire, c’est d’ailleurs pour cela qu’il présentera tous ses budgets par décrets au président Gbagbo. Il reste administrateur des zones CNO sous contrôle de sa rébellion qui lui permettent d’instaurer un trafic parallèle(2) de diamant de matière première etc pour financer ses soldats sortis de nulle part et se constituer un important butin de guerre. La criminalité et les exactions auront augmenté de façon considérable dans ces régions, tout comme le sous-développement et l’impunité. Mais notre politologue passera tout ceci sous une négation sans pareille, c’est le responsable irresponsable, le chef de guerre bureaucrate et ventripotent qui feint l’homme de stratège. Il décide d’imputer le bilan des zones sous son contrôle à Laurent Gbagbo et au fpi.

La question que l’on est en droit de se poser – sachant que l’accord de Marcoussis conférait au premier ministre la charge de conduire la politique nationale et plaçait le président comme une mascotte politique – est : mais quelles étaient donc réellement vos attributs et prérogatives dans le gouvernement dont vous étiez le chef en même temps que la rébellion ?

L’homme tend à nous faire croire que sa participation étaient uniquement folklorique et inaugurale, que son action lui était dictée par Laurent Gbagbo et que le vrai numéro 2 était Mamadou Koulibaly président de l’assemblée nationale. Et en cela notre politologue tente ici un parfait numéro de confusion et de charlatanisme (selon le Pr Koulibaly). Comme si il pouvait être concevable que M. AHOUSSOU Jeannot ne soit point responsable de l’action de son gouvernement pour la période de 2012, ou pire encore comme si l’on pouvait décréter que Ouattara n’était pas responsable des mesures qu’il mettait en place en 1992 lorsqu’il était premier ministre d’Houphouët Boigny. La confusion intellectuelle que tente de nous imposer ici Soro Guillaume – avec son parterre d’intellectualistes sans profondeur, tous adeptes de son charlatanisme- est d’autant plus agaçante lorsque l’on sait que La constitution de Côte d’ivoire est calquée sur le modèle Français, qui dans le volet exécutif précise bien le rôle du premier ministre et celui du président, faire croire que le numéro 2 du l’état français serait Claude Bartolone par exemple est tout aussi ridicule que de suggérer que Mamadou Koulibaly président de l’assemblée nationale, dans un parlement désavoué par le Rdr et Soro lui-même, avait plus de responsabilité dans la conduite de la politiqué que le premier ministre. Posture Risible et irresponsable tendant à semer une pathétique confusion dans des esprits peu vigilants !

Notre Politologue et confusionologue après avoir en 2010 réendossé son costume de chef de guerre a dirigé lui-même les opérations militaires ayant conduit à la prise d’un certain nombre de villes de l’Ouest de la Côte d’ivoire notamment Duékoué, qui a connu des massacres sans précédents de la part des Frci, ceci au nez et à la barbe des force de l’Onuci. Plusieurs Ong notamment Human rights watch, la croix rouge et Amnesty international ont dénoncé ces massacres inhumains commis sur hommes femmes et enfants. Pire encore la commission d’enquête mise sur pied par Ouattara lui-même, confère aux Frci conduits par Soro Guillaume (premier ministre et ministre de la défense) 922 assassinats de civils. Mais vous avez eu tort de penser que notre confusionologue se sente responsable. Sur un plateau de télévision français, il s’est dit étonné d’entendre parler de massacres, avec un air des plus sérieux. A court d’idées, il aura même recours à la plume de ses amis intellectualistes et philosophes dont la morale fut étouffée dans une sorte d’autodafé de la conscience. Une célèbre citation d’un de ces secouristes charlatans : en temps de belligérance les droits de l’homme ne valent pas plus qu’une balle de kalachnikov. Par exigence de cohérence, il convient d’expliquer ici que cette citation cautionne elle-même toute forme de rébellion qui se dressera contre Soro et Ouattara, car il semble que l’état de belligérance soit établit.

L’autosatisfaction de notre politologue a atteint son paroxysme lorsqu’il avoua lors d’une manifestation publique avoir mieux œuvré en 10 mois que son prédécesseur en 10 ans, car il aurait voté 24 lois pour la législature 2012. Mais notre confusionologue commet une petite bourde ici, la première session de l’assemblée pour l’année 2012 s’est tenue le 26 avril, ce qui revient à dire que les 24 lois dont il s’auto congratule, n’ont été votées qu’en 8 mois – ou moins si l’on considère que les députés ont eu droit aux vacances d’Aout ou de Juillet. C’est donc en tout plus de 3 lois par mois qui ont été examinées et votées sous ce parlement en 2012. La question qui se pose est de savoir comment des députés un tant soit peu sérieux peuvent lire, amender et voter plus de 3 lois par mois (weekend compris) et prétendre faire fonctionner une institution aussi importante que le parlement. C’est donc la preuve que c’est un parlement d’enregistrement, dans lequel la pensée unique est une exigence politique, et dans lequel le débat d’idées est proscrit. La preuve également lors du vote de la loi sur le statut de chef de famille, la contradiction de certains députés leur a valu un remaniement ministériel.

Dans la famille politique fissurée de Ouattara, le confusionologue Soro et ses chefs de guerre demeurent les acteurs incontournables du sale boulot et de la violence politique et physique imposée aux ivoiriens ; lorsque nécessaire cautionné par des intellectualistes décousu de toute morale et en quête de légitimité.
Continueront-ils à le soutenir lorsque la justice internationale –actuellement embarrassée – l’arrêtera et le jugera pour ses crimes perpétrés de 2002 à 2011 ?
Question risible peut être, peut-être pas !

Loic Mpanjo – Economiste

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