Criminalisation d’État et Mensonge – Soro et le charlatanisme politique

Par Mamadou Koulibaly | LIDER | 28 décembre 2012

Le meilleur des premiers ministres de Gbagbo Laurent aime raconter comment de nombreux lauriers doivent lui revenir et pourquoi il doit être traité comme le meilleur des citoyens de notre pays, celui qui a sauvé la Côte d’Ivoire. En un an comme en dix, n’a-t-il pas mieux fait que tous ?

Voilà plus de dix-huit mois qu’il est au pouvoir sans qu’il n’y ait eu de rébellion organisée contre lui qui, en septembre 2002, se jetait contre l’Etat de Côte d’Ivoire avec sa horde de rebelles en armes. Ils étaient venus y mettre de l’ordre, disaient ceux qui ont été identifiés plus tard comme le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire, dont Soro était le secrétaire général. Contre lui, personne n’a encore monté une rébellion. Qui dit mieux, en un an comme en dix ?

Dans le débat politique, la liberté d’expression exige, – en démocratie en tout cas –, que toutes les opinions puissent s’exprimer. Personne ne peut interdire que certains puissent écrire et publier que le soleil se lève au nord et se couche à l’ouest, que l’homme et la femme sont du même sexe, que Houphouët Boigny n’est pas mort mais qu’il a simplement émigré en Australie, que les poules ont des dents que seules des lunettes spécifiques permettent de voir, que le 19 septembre 2002 il n’y a eu aucun événement choquant en Côte d’Ivoire, que les prophéties de Malachie sont en cours de réalisation, etc. Toutes ces affirmations, dans un certain sens, découlent de la liberté d’expression. Dans le processus de construction d’une nation sur des bases démocratiques, tout doit être fait pour sauvegarder cette pluralité des opinions, même si certaines paraissent absurdes, saugrenues et politiquement insensées. Cependant, la liberté d’exprimer ses opinions ne signifie pas la libre acceptation de toutes les opinions exprimées, parce qu’il existe un filtre dans le débat qui permet à notre entendement de sélectionner la vérité et de réfuter l’erreur et le mensonge. Le débat d’idées, la confrontation des opinions sur les questions politiques et économiques comme sur toutes les questions sociales, recourent à l’approche scientifique, à la démonstration argumentée pour exclure les opinions perverses de la dialectique et de la rhétorique.

Le président de l’Assemblée nationale croit que le débat politique est une foire d’opinions de toutes sortes, et ignore que le respect de l’opinion signifie rigueur analytique. Pour lui, comme nous sommes dans le débat politique, n’importe quelle affirmation est bonne à exprimée car, après tout, chacun de nous n’est-il pas propriétaire et responsable de ses idées, de ses sentiments et de ses opinions? Procéder ainsi, comme il le fait, sur des questions sérieuses, relève du charlatanisme politique, car c’est pervertir le débat que d’y jeter de la confusion intellectuelle et morale.

Le charlatanisme politique est une imposture qui tente de se confondre avec la science politique. Dans notre pays, lorsqu’au sommet de l’Etat l’opinion majoritairement exprimée relève de ce type de confusion, c’est la démocratie que l’on assassine et avec elle, la liberté d’opinion et la liberté tout court. Les hommes et les femmes qui font de la politique dans notre pays et qui estiment qu’il s’agit de leur métier, leur gagne-pain, aiment se mettre dans cette posture de perversion de la dialectique, ce qui les amène parfois à suggérer l’enseignement dans nos classes primaires, secondaires et même supérieures de n’importe quoi, n’importe comment et avec n’importe quel moyen, au point de dévaloriser l’école et l’éducation publiques, d’amener les enfants et leurs parents à mépriser la vérité et à croire que la tricherie, le faux, la falsification, la fraude, le mensonge sont des valeurs qui payent plus que la vérité et la rigueur. En la matière, le président du parlement ivoirien est passé maitre. Lui ne se contente pas de pervertir la dialectique; il tente aussi depuis de longues années de pervertir la rhétorique. Les orateurs sérieux dans la politique cherchent normalement à convaincre leur auditoire avec certaines vérités que leurs adversaires du moment peuvent réfuter. Ils restent dans le respect et la noblesse de l’entendement d’autrui. Chez nous, les orateurs se prennent pour des tribuns dès lors qu’ils peuvent, de façon vicieuse, jouer sur les capacités d’erreur de leur auditoire et les persuader du faux. Lorsque la rhétorique abandonne la vertu et recoure au cynisme et aux passions personnelles de l’orateur, à sa cupidité, sa vanité, ses ambitions, son désir de remplir son ventre ou de sauver sa tête, le débat est perverti et les citoyens qui écoutent sont rabaissés au rang de simple foule pour laquelle l’on n’a aucun respect et devant qui l’on n’a aucune responsabilité à assumer. C’est la célébration de cette forme de rhétorique qui tue la démocratie naissante dans notre pays, car le message politique se résume à de la simple propagande qui exige pour son triomphe que l’on supprime toutes les voix discordantes et toute opposition. Cette orientation du débat tue la démocratie et fait place libre à l’autocratie, à la haine de l’autre et à la criminalisation de l’Etat. Pour illustrer ces propos, nous présenterons deux cas qui montrent bien comment le président de l’Assembée, Monsieur Soro Kigbafori Guillaume aime à pervertir la vérité et ériger le mensonge en système de justification de crimes de la rébellion et des crimes d’Etat.

Le premier exemple est celui du bilan des dix ans de gouvernance de la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo en tant que président de la république. Le bilan de ces dix ans, selon Soro, est plus faible que son bilan annuel à lui. Comme il est aisé de le dire et comme il est erroné d’y croire ! Ne regardons même pas le contenu du bilan, qui a
par ailleurs été dressé plusieurs fois et qui dépend des optiques des uns et des autres. Regardons simplement la forme de cette proposition, sans défendre d’ailleurs Gbagbo, qui se promenait en bateau avec Soro sur les lagunes d’Abidjan et le présentait toujours comme le meilleur de ses premiers ministres, c’est-à-dire celui qui aura mieux contribué au bilan que Affi N’guessan, Seydou Diarra ou Charles Konan Banny.

Soro est celui qui a représenté la rébellion contre l’Etat de Côte d’Ivoire, dix-huit mois seulement après l’accession de Gbagbo au pouvoir. Il a été ministre de la communication, puis premier ministre, tout en gardant la moitié du pays sous le contrôle du MPCI, dont il était le secrétaire général. La bonne méthode consisterait pour lui à évaluer son bilan en tant que responsable à la fois des zones CNO pendant dix ans, et à faire celui des zones non CNO pendant la même période. Il a joué sur les deux tableaux en même temps et ne peut donc se contenter d’évaluer les autres en s’oubliant comme acteur de premier plan de part et d’autre de la zone de confiance.

Comme il le soutient lui-même, le bilan est largement positif pour lui. Les zones CNO sont devenues plus pauvres que le reste du pays pendant les dix ans de gestion des FAFN, dont Mr Soro était aussi le secrétaire général. Il y a eu plus de vols, de pillages, de viols, de braquages, de rackets dans les zones CNO qu’ailleurs dans le pays. Le pillage était systématique et la « Centrale »,qui avait été érigée en ministère des finances de la rébellion, s’est enrichie des prélèvements obligatoires illicites sur les populations, des butins issus des casses de banques et des agences locales de la Bceao, de l’exploitation illégale des forêts et des minerais de métaux précieux.
Soro a réussi à faire payer par l’Etat de Côte d’Ivoire le remboursement intégral des sommes emportées par lui et ses compagnons des FN lors des casses de la Bceao à cette institution. Sans ce remboursement, les comptes de la Bceao n’auraient pas été certifiés par les auditeurs.Qui dit mieux face à de telles performances? N’importe qui d’autre aurait fait cela, qu’il aurait été en prison pour crimes économiques. Mais dans le cas de monsieur Soro, c’est plutôt lui qui juge les autres. Le pire fait le procès du mal.

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Dans les zones CNO, des quantités inestimables de productions agricoles ont été volées et détournées en direction de sites de transformation et d’exportation installés dans les pays voisins pour le compte de Soro, du MPCI et des FN au moment où plusieurs de leurs animateurs étaient installés à Abidjan comme membres du gouvernement et chargés d’empêcher le parlement de l’époque de travailler. Soro avait non seulement le contrôle de Gbagbo, mais il pouvait faire en sorte que ce dernier prenne des ordonnances illégales, sous l’étiquette de la paix, pour modifier toutes les lois de la République juste pour le bon plaisir de Ouattara. Qui dit mieux ? Ne parlons pas des biens qu’il a acquis alors qu’il gérait l’Etat de Côte d’Ivoire en complicité avec Gbagbo, tout en pillant les zones CNO. En résumé, disons qu’effectivement, personne n’a fait mieux que Soro ces dix dernières années dans la destruction et la criminalisation de l’Etat. Il a été un des grands maîtres de la rebfondation. Il est inégalable dans l’art du pillage systématique du pays. Sur ce plan, sa rhétorique le condamne comme un criminel. D’autres que Soro auraient eu de telles performances qu’ils auraient été internés à la Haye ou ici, dans une de nos prisons obscures. Lui pas. Qui dit mieux ?

Le second exemple qu’il faut comprendre est beaucoup moins évident. Nous voyons le président Soro raconter partout que les armes se sont imposées à lui et qu’il a accepté de les prendre pour obtenir les cartes d’identité de ceux au nom desquels la rébellion aurait été organisée.

A écouter cette rhétorique, la rébellion serait le fruit de frustrations ressenties par de nombreuses personnes privées de leurs pièces d’identité. M. Soro et ses amis ont donc pris les armes pour que cette identité soit rétablie et que ces droits soient reconnus. Grâce à la rébellion, les FAFN auraient donc réussi à faire obtenir leurs papiers d’identité et leur droit de vote à de nombreuses personnes, dans un pays qui les excluaient. A écouter ce discours, Guillaume Soro et ses amis des FAFN, devenues aujourd’hui FRCI, auraient pris en otage une moitié du pays, partagé le pouvoir de Gbagbo et les ressources de l’autre moitié pour que les questions de l’identité et de l’électorat soient réglées. Dix ans de criminalisation de l’Etat de Côte d’Ivoire, plus de 500 milliards de francs cfa dépensés, de nombreux morts des deux cotés, une quantité énorme d’armes mise en circulation, un accroissement de la pauvreté et de la misère partout, mais pour quel résultat à part l’enrichissement illicite des animateurs des FAFN et leur impunité ? Telle est la question.

Supposons que Soro ait raison et que les armes se soient imposées à lui pour qu’il vienne obtenir les cartes d’identité et les cartes d’électeurs pour de nombreuses populations de Côte d’Ivoire frustrées. Regardons quel est le degré de robustesse, de pertinence de cette proposition rhétorique. Une méthode simple mais heuristique est de prendre l’évolution du nombre d’électeurs dans notre pays lors des différentes échéances présidentielles et de voir quelle part nous devons attribuer au travail héroïque de la rébellion de Soro et des FRCI pendant les dix ans au cours desquelles ils ont impunément endeuillé la Côte d’Ivoire.

Aux élections présidentielles de 2000, il y avait en Côte d’Ivoire près de 5,5 millions d’électeurs âgés de plus de 18 ans et ce chiffre était en hausse de 1,7 millions par rapport à l’électorat de 1995. Ce qui nous donne un taux d’accroissement de l’électorat entre 1995 et 2000 d’environ 31%.

En 2000, sur les 5 millions et demi d’électeurs, seulement 2.049.018 sont allés voter et nous avons enregistré un taux d’abstention élevé de 62%, qui représente les citoyens passifs qui rendent moribonde toute démocratie. En 2010, après dix ans de rébellion et l’inscription de tous les frustrés de Soro, la liste électorale définitive donne 5.780.804 électeurs, dont seulement 4.689.366 ont voté. Rappelons que le taux d’accroissement de la population électorale entre 1995 et 2000 était de 31% environ. Si nous appliquons mécaniquement ce taux à l’électorat de 2000, nous pouvons estimer qu’en 2005, si des élections avaient eu lieu, nous aurions eu l’électorat de 2000 augmenté de 31%, soit environ 1.650.000 personnes en plus, ce qui nous aurait donné en 2005 une liste de 7.150.000 votants potentiels. Et si nous appliquons le même taux d’accroissement de 31% à ce nombre de 2005, nous aurions obtenu en 2010, théoriquement, compte tenu du profil démographique du notre pays et toutes choses étant égales par ailleurs, une liste électorale en hausse de 2.216.500 personnes, situant l’électorat potentiel à environ 9.366.500 personnes (7.150.000+2.216.500).

Or, après dix ans de rébellion, de tergiversations et après avoir dépensé des sommes astronomiques pour un petit pays pauvre et surendetté, nous n’avons obtenu que 5.780.804 électeurs. Alors de deux choses l’une. Soit Soro a pris les armes et il a eu gain de cause et a réussi à inscrire tous les frustrés identitaires, auquel cas, en comparant la liste de 2000 avec celle de 2010 effectivement réalisée par Soro et par la CEI, nous avons juste une différence de 280.804 électeurs (5.780.804-5.500.000). Dans ce premier cas de figure, Soro devrait être bien déçu de ce piètre résultat. Entre 1995 et 2000, sans rébellion armée, sans destruction de vies humaines, la liste électorale a pu enregistrer des inscriptions supplémentaires de 1.700.000 personnes en seulement cinq ans. Or, entre 2000 et 2010, donc sur une durée plus longue de 10 ans et après la prise des armes par la rébellion, le pillage des zones CNO et l’enrichissement des «com zones» et autres animateurs des FAFN, monsieur Soro, alors premier ministre, n’est arrivé à obtenir les cartes d’identité et les cartes d’électeurs que pour 280.804 personnes supplémentaires. Dire les choses ainsi suppose que nous acceptions que les 280.804 personnes aient été exclusivement inscrites du fait de l’action rebelle de Soro et que les inscriptions des nouveaux majeurs ne sont pas prises en compte ou bien sont le fait exclusif de Soro, que toutes les nouvelles inscriptions ne sont dues qu’à l’action unique de l’unique Soro. Or cette hypothèse elle-même est très osée et inacceptable de façon tout à fait évidente. La rébellion de Soro, en termes d’obtention de papiers d’identité, est d’un résultat très mitigé pour ne pas dire inconséquent. L’effet Soro sur la liste électorale peut donc être qualifié d’insignifiant statistiquement. Les rebelles auraient donc pris les armes pour autre chose que l’obtention des cartes d’identité et d’électeurs pour de nombreuses populations en Côte d’Ivoire. Le mensonge d’Etat se dévoile dans toute sa splendeur. N’est ce pas surprenant ?

Dans le second cas, le taux d’accroissement normal de l’électorat est de 31% en prenant pour base les élections de 1995. Nous aurions dû avoir donc théoriquement en 2010 environ 9.366.500 électeurs. Or dans les faits, avec l’action conjuguée de la CEI et des armes de Soro, nous ne sommes arrivés à obtenir que 5.780.804 inscrits sur la liste électorale de 2010. On peut donc, en comparant ce qui aurait été l’électorat sans les armes de Soro à ce qu’il a été avec les armes de Soro, se rendre compte que l’électorat a reculé avec la rébellion. Au lieu de 9.366.500 inscrits, nous n’avons eu que 5.780.804 personnes. Quelle déception ! Dans ce second cas de figure, le seul effort remarquable de la rébellion aura été l’exclusion de plus de 3 millions et demi de personnes de la liste électorale (9 366 500 – 5 780 804 = 3 585 696). L’effet Soro serait ici négatif. Soro aura pris les armes non pas pour obtenir les cartes d’identité et les cartes d’électeurs pour des populations au nom desquelles il tente aujourd’hui de se justifier, mais plutôt pour empêcher une évolution normale, naturelle de l’électorat vers son niveau optimal et adéquat.

La rhétorique de Soro est mensongère et criminelle. Dans le premier cas de figure, elle est fondée sur une propagande apocryphe, car en terme d’inscriptions sur la liste électorale, son effet est totalement peu convaincant au regard des moyens justificatifs déployés de l’ex chef rebelle. Dans le second cas, la rhétorique est criminelle, car sa rébellion aura plutôt exclu des millions d’électeurs potentiels de la liste électorale. Guillaume Soro fait du révisionnisme en essayant de nous convaincre du contraire, alors que les faits sont si récents et les témoins encore tous vivants.

Dans un cas comme dans l’autre, personne n’a fait mieux que Soro ces dix dernières années (2002-2012). En plus, il faut noter qu’alors qu’il était premier ministre au moment des élections de 2010, et avec seulement 280.804 inscriptions supplémentaires, Mr Soro a obtenu au premier tour des élections présidentielles 941.045 abstentions, c’est à dire des électeurs passifs, identifiés, inscrits et qui ont soit refusé d’aller voter, soit n’ont pas obtenu leurs papiers lors de la distribution organisée par Soro, signataire du fameux Accord politique de Ouagadougou. 500.000 personnes au moins sont dans ce dernier cas. A ces abstentionnistes volontaires ou non, il faut ajouter 225.625 bulletins blancs ou nuls. Ce qui nous donne un total de 1.166.669 personnes qui étaient sur la liste électorale et qui, par exclusion, par refus de voter ou par erreur de vote, ont participé négativement au scrutin, sanctionnant ainsi l’ambiance de terreur instaurée par la rébellion. Il n’y a qu’à voir la distribution de ces abstentions sur l’ensemble du territoire pour le comprendre. Cette tendance abstentionniste sera encore confirmée au second tour des élections, où ce sont cette fois 1.091.438 personnes qui ont regardé avec dégoût ce scrutin, refusant d’y participer, en plus des 99.147 bulletins nuls ou blancs.

Dans le débat politique ivoirien, nous devons faire la chasse aux contre-vérités et aux idées reçues passe-partout, non argumentées, non démontrées et non fondées sur une rigueur analytique. C’est rendre service à la démocratie que de chasser de la liberté d’expression toutes les perversions de la dialectique et du charlatanisme dans la rhétorique. Renforcer la démocratie ne signifie pas être au parlement, dans un ministère ou bien à la présidence de la République. Notre manière quotidienne de traiter les faits, d’analyser la politique, l’économie et la société contribue elle aussi au renforcement de la démocratie. De nombreuses personnes entendent le président de l’Assemblée nationale parler, mais ses propos sont loin d’être conséquents et rigoureux. Et ceux qui l’entendent se posent des questions. De nombreuses personnes pensent que Soro est un homme puissant qui contrôle les Frci ; elles se trompent. Dans la dynamique de criminalisation de l’Etat instaurée par Ouattara, ce n’est pas Soro qui contrôle les Frci, mais bien le contraire. Ce sont les Frci, ex FAFN, qui contrôlent et Soro, et Ouattrara. Les discours révisionnistes et mensongers ne servent qu’à rassurer leurs milices armées érigées en armée républicaine et leurs supplétifs dozos, sur la pérennité et la vulgarisation sur toute l’étendue du territoire du mode de gestion qui a été appliqué pendant ces dix dernières années dans les zones CNO. Et c’est une réalité: Le pays est de facto administré par les hordes FRCI, les Factions Répressives de Côte d’Ivoire. Nous sommes tous des otages et de potentielles victimes de ces factions ethniques armées. Leur répartition sur l’ensemble du pays n’est rien d’autre que le déploiement d’une armée de réserve qui attend son heure, celle des élections, pour retourner l’ascenseur à leur serviteur d’aujourd’hui.

Alors que faire? Nous suggérons simplement que l’ONU prenne en main notre ministère de la défense et de la sécurité et nous bâtisse une armée, une gendarmerie et une police dignes d’une République moderne. La réforme du secteur de la sécurité sera à ce prix. Autrement, nous laisserons le destin sécuritaire de la Côte d’Ivoire dans les mains de charlatans qui nous abreuveront chaque jour de propagande, de faux et d’illusions dans le seul but de maintenir à leur profit la criminalisation de l’Etat.

La victoire de notre pays sur sa profonde crise ne sera pas politique. Ce ne sera pas celle d’un parti, ni d’un groupe ethnique encore moins celle d’un homme. Elle sera d’abord une victoire des idées. Dans notre pays, il y a ceux qui font la politique uniquement pour devenir quelqu’un ou quelque chose, et ceux qui la font d’abord comme service qu’ils offrent à leur pays, à sa population. Pour cette seconde catégorie, les contorsions partisanes et les arrangements politiques institutionnels qui violent les fondements doivent être abandonnés et proscrits. La politique ne doit pas être vue comme l’art du mensonge et de la roublardise, mais plutôt comme lieu de promotion et de triomphe des principes et des valeurs qui fondent l’harmonie de la vie en société, la vérité et la liberté.

Mamadou KOULIBALY
Président de LIDER

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