Égypte: 2e jour de référendum de Constitution controversé

Lmilitante féministe égyptienne Aliaa Magda Elmahdy, accompagnée de militantes des Femen, ont manifesté devant l’ambassade d’Égypte à Stockholm jeudi

Source: humanite.fr

Les bureaux de vote ont ouvert samedi matin en Egypte pour la deuxième et dernière phase du référendum sur un projet de Constitution défendu par les islamistes, qui semble en passe d’être adopté malgré une campagne acharnée de l’opposition et une profonde crise politique.

Le scrutin de samedi se tient principalement dans des zones rurales où les Frères musulmans et les salafistes, qui soutiennent le projet de Constitution, sont fortement implantés. Les résultats officiels du scrutin, qui se déroule en deux phases en raison du boycott de nombreux magistrats, ne devraient pas être annoncés avant lundi par la commission électorale.

Le président Mohamed Morsi, issu de la confrérie islamiste, présente le texte comme une étape essentielle dans la transition du pays vers la démocratie près de deux ans après la révolution qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak. nLes principales formations de l’opposition jugent pour leur part que le texte est trop influencé par l’islam et ne protège pas suffisamment les droits des femmes et des minorités.

La militante féministe égyptienne Aliaa Magda Elmahdy, accompagnée de militantes des Femen, ont manifesté devant l’ambassade d’Égypte à Stockholm jeudi, contre le régime des Frères musulmans et l’application d’une constitution islamique.

Selon les résultats non officiels du premier tour du référendum, 57% des électeurs ont voté « oui » samedi dernier au cours d’un scrutin entaché de fraudes et de nombreuses irrégularités selon l’opposition. La commission électorale a démenti toute irrégularité lors du scrutin. Si la Constitution obtient les 50% des suffrages exprimés nécessaires à son adoption, des élections législatives auront lieu dans un délai de deux mois.

Nouveaux affrontements

L’opposition estime que le texte ne reflète pas les aspirations des Égyptiens et s’inquiète du risque que ce texte pourrait faire peser sur les minorités, notamment sur les chrétiens qui représentent 10% de la population. « Je m’attends à de nouveaux affrontements », prévient Ahmed Said, chef de file du Parti des égyptiens libres, l’une des composantes du Front de salut national (FSN), une coalition des principaux mouvements d’opposition. Faisant état de « graves violations » qui ont entaché selon lui la première phase du référendum le 15 décembre dernier, il met en garde contre le sentiment de mécontentement grandissant de la population à l’égard du chef de l’Etat. « Les gens ne vont pas accepter la manière dont (les autorités) gèrent la situation », prévient-il.

Les violences des dernières semaines entre partisans et adversaires de la Constitution ont fait huit morts, notamment lors de batailles rangées devant le palais présidentiel d’Héliopolis au Caire. De nouveaux heurts ont éclaté vendredi entre les islamistes et leurs opposants à Alexandrie, la deuxième ville du pays, où deux bus ont été incendiés et où la police a fait usage de gaz lacrymogène pour séparer les militants de deux camps qui se lançaient des pierres.

Si le projet de loi fondamentale est approuvé, des élections législatives sont prévues dans les deux mois pour remplacer l’Assemblée dissoute en juin. Mais selon des analystes, l’adoption de la nouvelle Constitution ne devrait pas mettre fin à la crise et l’instabilité pourrait se prolonger, les divisions étant profondes entre les deux camps sur leur vision de la société égyptienne de l’après-Moubarak. Mohamed ElBaradei, le chef du Front national du salut (FSN), principale coalition de l’opposition, a estimé que « le pays est au bord de la faillite », dans un message vidéo posté sur internet.

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