“La branche dure du FPI…a choisi l’isolement” [Crisis group]

Alain Dogou, ex ministre de la Défense gouvernement Aké Ngbo

Extrait du Rapport Afrique N°193 – 26 novembre 2012 International Crisis Group sur la Côte-d’Ivoire (…) Volet crucial de la réconciliation, le dialogue entre le pouvoir et l’opposition est gelé et ne va pas au-delà des déclarations d’intention. Le Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ancien président Gbagbo, a choisi l’isolement en se retirant du processus électoral et en posant des conditions irréalistes à son retour effectif dans le jeu politique. Son aile modérée n’arrive pas à se démarquer d’une branche dure en exil qui nourrit l’espoir d’une reconquête militaire du pouvoir. La révélation, en juin, septembre et octobre 2012, de projets de déstabilisation qui seraient orchestrés depuis le Ghana par des anciens ministres de Gbagbo, des membres de sa famille et des officiers supérieurs qui lui étaient proches, a paralysé le dialogue politique et les perspectives de réconciliation. Il a convaincu les durs de l’autre bord, membres du Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel, et des Forces nouvelles, l’ancienne rébellion, de la nécessité de consolider la victoire militaire obtenue sur leurs adversaires politiques et de maintenir une position répressive à l’égard de l’ensemble des représentants de l’ancien régime, modérés ou non(…)

(…) Incapable de se démarquer des positions extrémistes des exilés du Ghana, la direction du FPI qui est restée en Côte d’Ivoire s’est refermée sur sa logique de victimisation et de surenchère. Le parti continue de conditionner son retour dans le jeu politique à la libération de Laurent Gbagbo, qui ne dépend plus d’ailleurs des autorités ivoiriennes mais de la Cour pénale internationale (CPI). Cette idée reste ancrée dans l’esprit de nombreux militants car elle fait écho aux croyances messianiques des partisans du FPI qui fréquentent les temples protestants et les églises évangéliques. Qui plus est, le FPI n’a reconnu aucun des crimes dont plusieurs de ses responsables se sont rendus coupables. Dans l’esprit de nombreux militants, leur chef déchu reste donc un président innocent, dont la victoire électorale a été volée à la suite d’un complot soutenu par les puissances étrangères et que la CPI ne peut donc que libérer. La figure paternelle de Gbagbo comble l’absence de chefs charismatiques au sein d’une formation dirigée par des personnalités secondaires, les cadres historiques du FPI étant tous en prison en Côte d’Ivoire ou en exil.

De nombreux responsables du FPI ne croient plus à une libération du président Gbagbo, mais il est actuellement impossible de formuler publiquement cette opinion sans s’attirer les foudres de la base et des éléments les plus radicaux du parti. Les dirigeants actuels du FPI ont tous un intérêt à entretenir l’idée d’un retour de Laurent Gbagbo à la fois pour survivre au sein de leur formation et pour mieux récupérer l’héritage de l’ancien président le jour où il deviendra évident que ce dernier ne reviendra plus dans la vie politique. La situation de gel actuel risque de perdurer jusqu’à la confirmation ou non des charges qui pèsent contre lui.Si ces accusations sont confirmées, la direction du FPI sera alors obligée d’inventer son avenir sans ce dernier. Ses dirigeants seront contraints d’effectuer un choix clair entre un retour à la vie institutionnelle ou une marginalisation durable. La question va rapidement se poser aux cadres du parti qui auront l’opportunité de participer aux prochaines élections locales, prévues à priori pour le mois de février 2013. (…)

Extrait du Rapport Afrique N°193 – 26 novembre 2012 International Crisis Group sur la Côte-d’Ivoire

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