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ABIDJAN – La justice « dangereusement partisane » qui s’exerce en Côte d’Ivoire aux dépens des seuls partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo est « un obstacle considérable à la réconciliation », a averti lundi le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
Dans un rapport intitulé « Faire baisser la pression », ICG dénonce une justice « à sens unique » concernant les crimes commis durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 morts.
Une vingtaine de personnalités du régime déchu sont inculpées et détenues dans le nord du pays pour crimes de sang, atteinte à la sûreté de l`Etat ou infractions économiques. Huit d`entre elles, dont l`ex-première dame Simone Gbagbo, sont aussi inculpées de « génocide ».
Critiquant le choix de ce dernier chef d`inculpation « peu approprié », le centre de réflexion affirme qu` »au-delà des choix maladroits visant à grossir des crimes qui sont déjà suffisamment graves, se dégage une absence manifeste de volonté » de la part du régime du président Alassane Ouattara « de rendre une justice plus équilibrée ».
« Cette justice partiale constitue un obstacle considérable à la réconciliation », actuellement « au point mort », laissant « perdurer au sein de l`électorat de Gbagbo, et bien au-delà, le sentiment d`une +justice des vainqueurs+ et d`une humiliation supplémentaire », écrit ICG.
La Cour pénale internationale (CPI) « pourrait mettre rapidement les autorités ivoiriennes devant leurs responsabilités et se charger de rééquilibrer une justice dangereusement partisane », estime-t-il.
« Seule l’audition ou l’inculpation de responsables des forces associées au pouvoir impliqués dans les violences passées pourra combattre le sentiment d’injustice » ressenti par une partie de la population, conclut International Crisis Group.
Un an après le transfèrement à La Haye de Laurent Gbagbo, soupçonné par la CPI de crimes contre l`humanité, la Cour a annoncé le 22 novembre avoir émis un mandat d`arrêt contre Simone Gbagbo pour le même chef d`inculpation.
Le bureau du procureur de la CPI a indiqué par le passé qu`il comptait aussi poursuivre des personnalités du camp Ouattara, dont certaines sont soupçonnées de crimes graves.
tmo/eak/sd
AFP
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