Par Baudelaire Mieu, à Abidjan | Jeune-Afrique
Visée par un mandat émis le 22 novembre par la Cour pénale internationale, Simone Gbagbo reste incarcérée pour l’heure dans le nord de la Côte d’Ivoire. L’ex-première dame a été auditionnée par un juge et attend son procès. En priant…
Recluse depuis plus de dix-huit mois à Odienné, dans le nord du pays, Simone Gbagbo, 63 ans, attend l’ouverture de son procès, qui doit se tenir d’ici à la fin de l’année à Abidjan – les autorités excluant pour le moment tout transfert devant la Cour pénale internationale (CPI). Inculpée le 18 août 2011 pour « crimes économiques, crimes de sang et atteinte à la sûreté de l’État », l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire a vu, en février 2012, les charges retenues contre elle s’étendre à des « faits de génocide ». Mamadou Koné, juge d’instruction au tribunal de première instance d’Abidjan, s’est rendu à Odienné pour l’auditionner, les 13 et 14 novembre.
Un couac s’est produit quand Ciré Clédor Ly, Toussaint Dako Zahui et Serge Gbougnon, ses conseils, qui avaient été avertis trop tard, sont restés à Abidjan. Ange-Rodrigue Dadjé, qui fut son avocat au temps de sa splendeur, a pris le relais, l’assistant lors des auditions qui se sont déroulées au siège de la section du tribunal d’Odienné. « Simone Gbagbo s’est comportée dignement face aux juges. Elle n’est nullement ébranlée par tout ce qui lui arrive », a confié l’un de ses proches.
Recueillement
La détention de l’ancienne présidente du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI) dans cette ville a débuté en mai 2011, quelques semaines après la chute de son époux, Laurent Gbagbo.
Depuis, le quotidien n’a pas changé pour celle qui s’imaginait un destin à la Cristina Kirchner – l’actuelle présidente argentine – et continue d’avoir pour modèle Jihane al-Sadate, la veuve du président égyptien Anouar al-Sadate. « Elle consacre ses journées à la lecture de la Bible et se plonge dans le recueillement pendant de longues heures. Elle ne croit plus qu’à une grâce divine pour se sortir de là », explique l’un de ses visiteurs assidus.
Vaisselle
Simone Gbagbo est toujours détenue dans la résidence du général Issouf Koné, qui fut grand chancelier sous le régime déchu. Elle apprend à lire et à écrire aux enfants du gardien de la villa et même à ses geôliers. Privée d’accès aux chaînes d’information – à l’exception de la télévision publique – et aux journaux, elle se contente des émissions de divertissement et participe aux tâches ménagères – cuisine et vaisselle.
En août, les autorités ont craint une opération commando des pro-Gbagbo pour libérer la prisonnière. « Elle a été déplacée deux fois entre août et septembre, explique l’un de ses avocats. Ses geôliers l’avaient amenée dans un autre quartier de la ville, moins convenable. Elle se plaignait tout le temps. Puis on l’a logée dans l’une des résidences de Souleymane Diakité Coty, le maire de la ville et ministre de la Communication sortant, avant de la ramener chez le général Koné. » Ce que confirme Doudou Diène, l’expert indépendant des Nations unies qui a rencontré la détenue au début d’octobre. Simone Gbagbo reçoit régulièrement la visite de sa soeur, Claudine Ehivet Ouattara, qui parcourt les 800 km séparant Abidjan d’Odienné. Elle lui apporte quelques médicaments pour traiter son diabète et ses douleurs musculaires et des vêtements (la mère du ministre Coty lui en fait coudre, de son côté). La prisonnière prend des nouvelles de sa famille, de ses proches et de ses camarades de lutte. En mars, elle a été très affectée par le décès de Françoise Ehivet Légré, sa soeur cadette, dont elle était très proche.
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