Nous rappelons les atermoiements de la CEDEAO dans la crise sierra léonaise. Nous savons tous que les rebelles casamançais ont fait du pays voisin qu’est la Guinée Bissau leur base arrière. Que la Côte d’ivoire avait encouragé et soutenue la rébellion de Charles Taylor au Liberia.
Que le Libéria du même Charles Taylor, avait soutenu la rébellion du Front révolutionnaire uni en Sierra-Leone
Que le Burkina Faso avait hébergé et soutenu une rébellion en Côte d’Ivoire pour favoriser l’arrivée au pouvoir de son ancien ressortissant à la tête d’un pays voisin. Il y a des faits troublants qui nous obligent avec tout le bon sens dont nous sommes dotés de ne pas croire à la CEDEAO et à ses initiatives hypocrites.
La sous région ouest africaine est plutôt la pitoyable victime des pays membres de la CEDEAO. Palabres stériles, faux-fuyant, vanité, pusillanimité, tels sont les traits dominants des débats à l’intérieur d’une organisation incapable de se relever, de se dresser pour promouvoir la paix et favoriser ainsi le développement économique endogène et autocentré sur les besoins réels des peuples d’Afrique de l’Ouest.
Nous sommes parmi les africains qui ne croiront jamais en la capacité de toutes ces organisations régionales et sous-régionales à travailler efficacement au renouveau économique et social de notre continent. Le cœur n’y est pas, la sincérité non plus. Depuis sa création le 28 mai 1975 jusqu’à nos jours, la CEDEAO n’a fait que du sur place. C’est l’immobilisme total.
Le but principal est de promouvoir la coopération et l’intégration avec pour objectif à terme de créer un marché commun ouest africain, une union économique et monétaire. Figuré vous que de 1975 jusqu’aujourd’hui les pays de cette sous région courent tous vers des objectifs chimériques, car l’union économique et monétaire est un rêve inaccessible pour des économies sous perfusions et plombées jusqu’au cou pas des dettes abyssales.
Essayez aujourd’hui de voyager de la Côte d’ivoire au Bénin et profitez pour observer l’état du réseau routier et du racket des forces de l’ordre. Observez simplement les besoins en énergie électrique des pays de la CEDEAO, ne parlons même pas de l’eau potable qui est devenue une denrée rarissime et vous comprendrez sans qu’on ne vous fasse un dessin que la CEDEAO est une immense plaisanterie.
Observez simplement les pays qui la composent et qui sont aujourd’hui en érection comme un grabataire devant une vierge et qui parlent d’aller faire la guerre au fond du désert dans le nord du mali. Le Nigeria englué dans ses propres problèmes et surtout sa secte Boko Haram dont les liens avec Al-Qaïda, sont plus qu’évidents.
Cette secte antichrétienne dans un pays laïque veut appliquer la sharia dans les états musulmans du nord du Nigeria. Comment un pays qui n’arrive pas à balayer devant sa propre porte peut-il aller combattre des islamistes dans un autres pays ? Le Nigeria se souvient-il que la sécession biafraise avait fait plus d’un million et demi de morts ?
En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, ses propres forces de l’ordre n’arrivent même pas à sécuriser sa frontière avec son voisin libérien, comment une armée mono ethnique avec des dozos, des zozos et leurs frère FRCI musulmans peuvent-ils aller combattre d’autres musulmans qui prétendent combattre au nom d’Allah ?
Observez la guerre antichrétienne des dozos et des FRCI contre les populations du sud de la Côte d’Ivoire. Vous comprendrez tout de suite que le gouvernement ivoirien est à dominance musulmane. Que les 90% des prisonniers politiques, à Odienné, Korhogo, Boundiali, Katiola et Bouna sont des chrétiens et que leurs geôliers sont des koyaga, des malinké, des sénoufos, des Lobis ou des Tagbanas, c’est-à-dire des membres des groupes ethno religieux du nord de la Côte d’ivoire et se réclamant de l’islam.
Observez le Sénégal avec sa propre crise de la Casamance, qui dure depuis plus de vingt ans. Quant-à l’armée malienne qui doit prendre les devant, nous savons tous qu’elle dans un état de décomposition si avancée qu’on ne peut pas compter sur elle dans son propre pays. Reste des pays zombis comme la Sierra Leone, le Liberia, Guinée Bissau, la Guinée Conakry, le Niger ou le Burkina Faso. Sincèrement comment avec 3 300 hommes dans un immense désert grand comme la France et sans les équipements adéquats la CEDEAO, peut-elle prétendre reconquérir le nord du Mali ?
De 1975, jusqu’à ce jour, la CEDEAO, n’a rien fait pour bâtir une unité d’action des peuples de la sous région. Elle a beaucoup plus contribué à entretenir la méfiance entre les pays et n’a pas avancé d’un pousse sur la voie de l’intégration des économies de la sous région aujourd’hui elle veut jouer au gendarme sans en avoir les moyens.
Nous ne croyons pas à la CEDEAO des commis dans des bureaux climatisés à Abuja, avec des salaires et des avantages qui sont loin des préoccupations de nos peuples. Il ne faut pas croire à ce genre d’organisation qui est plus des boulets à nos pieds que des instruments de coopération et de promotion économique.
Pour nous rassurer
Nous ne sommes plus en 1960, les africains veulent aujourd’hui voir clair dans leur destin et dans ce que les dirigeants politiques leur proposent. Nous ne sommes plus prêts à avaler n’importe quoi venant des gens dont la gestion a conduit toute la sous région à la faillite morale, politique, économique et sociale de peuples qui ne demandaient rien d’autre qu’à vivre dignement chez eux.
– Pour reconquérir et pacifier le nord du Mali, il faut une volonté politique affirmée de la part de tous les pays ayant une frontière commune avec la république du Mali actuelle. Ce n’est pas le cas, aujourd’hui nous sommes même persuadé que la CEDEAO aura du mal à trouver les 3 300 hommes qu’elle prétend réunir pour cette opération.
– Selon nous pour envahir et prendre en tenailles cette région désertique grande comme la France, il faut 30 000 hommes. Souvenez vous que le débarquement en Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, avait nécessité près de 200 000 hommes dès le premier jour du débarquement. Que la coalition de la guerre du golf avait mobilisé plus de 900 000 hommes.
– N’oublions pas qu’il a fallu 27 ans de guerre à l’armée régulière angolaise pour venir à bout du Dr Jonas Malheiro Savimbi, et la rébellion de l’UNITA. Ne mentionnons même pas la présence des conseillers militaires soviétiques et un contingent cubains aux côtés des troupes angolaises. Ceux qui pensent que la guerre dans le désert malien sera une promenade de santé se trompent de lieu et d’époque.
– Une guerre se gagne par une préparation minutieuse. Si nous prenons simplement l’harmonisation des munitions comment approvisionner ceux qui utilisent des fusils chinois, ceux qui utilisent du matériel russe et ceux qui ont du matériel français ?
– Il faut installer dans les pays frontaliers des postes médicaux avancés proche du théâtre des opérations c’est-à-dire des hôpitaux d’urgences pour soigner les blessés. Des véhicules de transport de troupes, des chars de combats, des missiles, des roquettes et du matériel d’artillerie ainsi qu’une aviation capable d’appuyer l’avancée des troupes au sol.
– A cela il faut ajouter le ravitaillement en eau des troupes, le premier ennemi de l’homme dans le désert c’est le manque d’eau. Qui va fournir les rations alimentaires pour une année et surtout le ravitaillement en carburant de tous les véhicules militaires et civils qui seront sur le front? Comment certains pays qui ont de la peine à payer les salaires de leurs fonctionnaires et les bourses des étudiants peuvent-ils prétendre faire face à des dépenses aussi énormes ?
– Nous savons tous que certains pays ont même du mal à payer leurs contributions financières à la vie de la CEDEAO, comment supporteront-ils le poids financier d’une guerre dans un désert hostile ?
– Comment réagira l’opinion africaine quand les maures et les touaregs d’Aqmi du MNLA et Ançar Eddine captureront des soldats Nigérian, Togolais ou sénégalais. Nous faisons ici le pari que certains pays se retireront sur la pointe des pieds en laissant le Mali seul avec sa rébellion. Souvenons-nous de la débâcle d’Air Afrique pour ne plus croire aux bonnes intentions de la CEDEAO.
– L’Afrique est le lieu de rendez vous des inconséquences. Nos échecs sont sous nos yeux. Air Afrique, OMVS, CEAO, union économique et monétaire, conseil de l’entente, Est Africa Airways. Il a même fallut que ce soit la chine qui construise à titre de don le siège de l’union africaine à Addis-Abeba.
– Si après ce chapelet d’échecs on vient nous dire de croire à une opération d’une telle envergure quand on a lamentablement échoué dans des choses plus faciles. Il faut être fou pour y croire. La CEDEAO au Liberia dans sa force ECOMOG à laissé le souvenir de vols et de pillages à grand échelle. Comment lui faire confiance cette fois ?
– Pourquoi n’a-t-on pas favorisé un dialogue inter maliens dès le début ? Les causes de la rébellion disparaitront-elles après cette guerre ? nous avons le droit de nous poser toutes ces questions, habitués que nous sommes aux gesticulations, aux discours et aux paroles de bonnes intentions qui très souvent n’engagent même pas ceux qui les prononcent.
– Nous sommes de ceux qui refusent d’avaler les élucubrations des bonimenteurs qui nous gouvernent. Nous pouvons le dire haut et fort sur la place publique pour qu’ils sachent que nous avons rompu définitivement avec l’amnésie collective, la torpeur et la fatalité dans lesquelles ils veulent nous confiner.
Postulat de conclusion
Lorsque dans une coalition militaire pour reconquérir un territoire, celui qui parle au nom de la coalition est un homme venant d’un pays où il n’y a plus d’armée. Un pays sans police ni gendarmerie et si l’ensemble de ces pays comptent sur d’autres pays pour financer cette opération dont-ils savent pertinemment qu’elle est au-dessus de leurs forces.
Il faut s’en inquiéter et refuser l’optimisme qu’on nous propose car cette guerre ne servira pas à l’Afrique elle profitera plus aux marchands d’armes. Des prospections pétrolières ont prouvé il y a quelques années, qu’il y a des indices prometteurs de gisements pétrolifères dans cette région. Pourquoi personne ne le dit pas clairement ?
Au Mali même l’opinion est divisée entre ceux qui pensent que l’envoie des troupes étrangères est une mauvaises chose et ceux qui soutiennent le contraire. La Mauritanie et l’Algérie ne sont pas pour l’intervention militaire. D’autre part la récupération de l’AZAWAD par le Mali, apportera-t-elle la paix dans cette région ?
Quel sera le sort des populations déplacées et surtout des réfugiés après cette guerre ? a-t-on pensé à la situation humanitaire des personnes qui fuiront le champ des opérations vers les pays voisins que nous savons tous démunis ? N’allons nous pas vers un embrasement de la sous région Ouest africaine à cause d’une intervention militaire, mal préparée et dont les conséquences sont aujourd’hui sous-évaluées ?
En tout cas, nous constatons que les rebelles du MNLA et Ançar Eddine, ont l’avantage du terrain. Ils ont des armes lourdes en grandes quantités, ils ont une mobilité naturelle dans le désert et bénéficie de la solidarité de certains pays voisins. D’autre part la solidarité ethno religieuse est un avantage pour eux dans cette région désertique.
Ils évolueront par colonnes légères pour éviter une confrontation directe, semer la terreur dans le camp de la coalition pour mieux l’affaiblir et faire durer le conflit le plus longtemps possible. C’est par l’usure qu’ils comptent s’imposer. Car cette fois ci, ils tiennent le bon bout. Taoudenni, Kidal, Tombouctou, Gao, Ménaka et Tessalit sont sous leur contrôle.
On n’affaiblit pas aussi facilement une rébellion qui contrôle un territoire grand comme la France. Nous doutons de la capacité de la CEDEAO, de mener à bien une guerre d’usure contre les hommes bleus du désert sur leur propre terrain. Nous exprimerons toujours ce doute jusqu’à ce que les partisans de l’intervention militaire nous démontrent qu’ils ont la force et la capacité de réaliser un tel projet. Paul Valery, résume mieux encore notre propos quand il disait que : << la guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. >>
Telle notre lecture de la situation au nord du Mali au moment où la CEDEAO s’embarque dans une aventure militaire sans préparation pour étaler à la face du monde, son inconséquence dans une vaste plaisanterie.
Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano (suisse)
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