Lettre ouverte d’un fan au président Ouattara
« Je crains que le pays émergent en 2020 que tu promets, ne soit immergé dès 2015».
Par Lionel Octaviano – Source: lebanco.net
Le blues du Golf -Le titre est emprunté à ce brûlot « le blues de la république » qui a achevé d’incendier le pouvoir de Koudou. On l’a attribué à MAMKOUL qui a refusé de l’assumer, mais n’empêche qu’on a compris que ça venait du sein de ce pouvoir rongé par ses tares (affairisme, jouissance effrénée, incompétence, clientélisme, etc.).
Aujourd’hui, je ne suis pas loin de penser comme d’autres qu’assez tôt le pouvoir actuel passera par cette étape.
La période du Golf nous a révélé, que dis-je, nous a rappelé ton efficacité dans l’adversité. Tu étais cloîtré au point où l’autre se demandait si tu arrivais à te promener. Tous ceux qui comptent dans ce monde se sont rangés de ton côté. Aujourd’hui, tu ne peux pas dire que tu es seul. Je me permets le tutoiement parce que plus tard tu comprendras qu’il n’y a que toi qui rendras compte, même des dérives de ceux que tu as désignés à des postes de responsabilité. Aujourd’hui, AMNESTY produit un rapport et ton entourage crie au complot, au mensonge, au montage. Je rappelle qu’hier, les mêmes rapports d’AMNESTY avaient valeur d’évangile pour ces mêmes-là.
Chaque jour que Dieu fait, je ne peux m’empêcher de me poser ces questions: Ne vois-tu pas ces ventres qui s’arrondissent autour de toi ? Ne vois-tu pas ces teints de peau qui brillent de plus en plus ? Ne vois-tu pas ces poches qui gonflent près de toi ? Et, pourtant tu côtoies certains chaque mercredi à partir de 10 heures où ils viennent te faire l’état de la nation qui, disent-ils, se porte beaucoup mieux qu’hier. Tu rencontres d’autres plus souvent et tu as dû voir que quelque chose cloche. Deux années ont passé, il y a eu beaucoup d’actions d’éclat mais aujourd’hui que reste-t-il de tout ça ? Tu disais à Agnès Kraidy que tu connaissais le prix de la tomate, du piment, etc. donc tu comprends que même la sauce arachide, dite sauce RDR, est plus chère aujourd’hui qu’hier. Pourtant, tu as le ministre du commerce chaque semaine en face de toi qui te dit que les prix sont mieux contrôlés. Est-ce ces accords politiques qui te lient les mains au point où tu ne vois pas toutes ces défaillances. Même auprès de toi, il y a matière à dénoncer. Ce chantier gigantesque au cour de la ville qui interpelle toutes les consciences. Ne le vois-tu pas aussi ? Même ceux qui par la force des armes t’ont donné la légitimité que la force des voix en ta faveur n’a pas suffi à asseoir, ont du mal à voir la lumière que tu as promise une fois la bataille achevée. Je ne te parle pas de ces policiers que tu paies régulièrement avec notre argent à la fin du mois, mais qui continuent de mendier comme des crève-la-faim. Qu’est-ce qu’ils coûtent d’en radier une dizaine chaque jour que ton « bon petit » au sortir d’une virée bokolobangesque aura surpris en train de faire la manche. Tu me diras que tu as sanctionné les tricheurs. Je te répondrai « et les mendiants, qu’en fais-tu ? » Chasse-les, punis-les afin qu’on arrête d’avoir honte. Tu nous promets un pays émergent en 2020, je crains que ce pays ne soit immergé définitivement dès 2015, tellement les tares qui minent notre système se révèlent chaque jour un peu plus.
Qu’est-ce que cela coûte de combattre ces commerçants véreux qui nous vendent la bouteille de gaz à 5.000 Francs là où elle est sensée coûter 4.000 francs. Dis à l’autre qui est le fruit de ton accord sous le palmier de Daoukro qu’on n’est pas à un concours de prêche. L’époque de « tu es le messie » est finie. On veut que tu sois le « docteur » comme le titre que tes diplômes t’ont conféré. Il faut que tu soignes ce pays meurtri, ce peuple qui aspire à un mieux-être. Tu nous promets plus de sécurité, ce n’est pas ça qu’on voit hein. Chaque jour l’autre va sortir dans ma télé pour dire de me tranquilliser, mais le lendemain, d’autres se font prendre leurs armes comme au jeu de ludo avec la fameuse expression « j’ai homé ». Il y a des hommes de valeur dont l’intégrité ne fait pas de doute pour l’instant. Mets-les là où il se doit. Le temps de la spéculation est passé. Le temps de la reconnaissance est passé ; Quelle reconnaissance ? Ils ont sûrement enduré les longues périodes de disette avec toi dans l’opposition, mais penses-tu que cela vaille que ton mandat coure à l’échec pour eux.
Ce ne sont pas les 8,6% de croissance qui rempliront le plat des Ivoiriens, leur permettront de vivre en sécurité et plus librement. Le moment est venu que tu affrontes tes propres « démons » sinon je voie l’autre venir dans si peu de temps crier à « l’espoir déçu ». Il n’hésitera pas à dire haut et fort que la confiance qu’ils ont mise en toi a été trahie et que ce qui a perdu OPA est en train de te perdre aussi. Je ne suis pas sûr que tu trouveras beaucoup pour te suivre dans ce combat si jamais il fallait le mener.
On est là pour te dire la vérité que tu sais déjà, mais qu’ils hésitent nécessairement à te dire. Le temps de la jouissance doit prendre fin afin que ce soit les ivoiriens qui jouissent mieux et fort.
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