Côte d’Ivoire: L’Onu devant le défi de la vérité

Porte-Parole ONUCI

L’Onu devant le défi de la vérité, quasiment deux ans après avoir œuvré aux côtés de la force française Licorne à installer Alassane Ouattara au pouvoir.

Il s’agit de ce rapport confidentiel dont RFI s’est procurée une copie, on ne sait comment. Rapport dans lequel l’instance onusienne, comme il y a deux ans, demeure globalement dans le camp du nouveau président ivoirien.

En effet, dans ce document, les experts, bien que reprochant quelques conduites troubles à la nouvelle équipe, réservent les accusations les plus accablantes aux pro-Gbagbo.

Des pro-Gbagbo qui, de leurs pays d’exil ouest-africains, caresseraient le rêve de renverser le pouvoir d’Abidjan. Mais les mis en cause n’ont pas attendu une éternité pour réagir de la plus vive des manières. Ils rejettent en bloc les allégations du rapport. Certains vont même jusqu’à mettre au défi les auteurs du rapport, d’apporter les preuves de certaines accusations. Du coup, si le document est un pain béni pour Alassane Ouattara, il pourrait se révéler “partisan” pour l’ONU. Parce qu’elle a désormais sa crédibilité en jeu.

Par rapport à la publication de ce rapport, qui devait manifestement demeurer confidentiel, la première interrogation qui vient à l’esprit c’est bien celle de savoir à quelle fin ce caractère de confidentialité a été violé. Parce qu’il est évident qu’il s’agit d’une “fuite organisée”.

Autrement, des rapports de ce genre sont des milliers à dormir dans les tiroirs et à l’abri de la clameur publique. Mais pour celui-ci, quelqu’un a trouvé nécessaire de “l’ébruiter”. Alassane Ouattara étant le principal gagnant dans l’affaire, on peut penser que celui qui est à la base de la publication a voulu apporter un peu de baume au cœur du président ivoirien, pour lui permettre de respirer un peu, après cette série d’attaques ciblées dont certains camps et autres commissariats de son pays on été l’objet.

L’auteur de la fuite, s’il n’est pas un ami de l’actuel chef de l’Etat, il n’est certainement pas celui de Laurent Gbagbo. Car le contenu du rapport fait tout pour accréditer les thèses qu’Alassane Ouattara met en avant contre les partisans de son prédécesseur.

Incontestablement, les pro-Gbagbo sont les cibles du rapport. Mais les auteurs du document ne sont pas, eux non plus, en meilleure posture. En effet, l’ONU est désormais dans la position d’un procureur devant apporter la preuve des accusations dont il affuble un mis en cause. En tout cas, dans leurs premières réactions après la fuite, les principaux barons de défunt régime de Gbagbo, ont catégoriquement rejeté le contenu du rapport.

L’ex-directeur du port d’Abidjan, qui se dit être au Maroc depuis plus d’un an met au défi les auteurs du rapport à fournir les preuves sur lesquelles ils se fondent pour le désigner comme ayant pris part à une réunion à Tokoradi au Ghana, le 12 juillet dernier.

La véhémence et la passion que certains mettent dans leurs réactions amènent alors à relativiser un peu le caractère impartial du document. Ce qui est hautement dommageable à une institution de la trempe des Nations unies. Et c’est pourquoi, pour ne pas accréditer l’idée selon laquelle elle fonctionne selon les caprices des grands du monde, l’Onu ne doit pas s’abriter derrière la réserve diplomatique. Elle doit parler.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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