Koné Katinan n’aura pas eu le temps de respirer l’air de la liberté. Arrêté pour « crime économique » puis relaxé pour absence de preuves le 25 septembre dernier, le porte-parole de l’ex-président Gbagbo a réintégré les locaux d’Interpol le 28 septembre passé. De « crime économique » pour lequel on n’a retenu aucune charge pour l’instant contre Koné, l’on est passé à un autre, plus sérieux celui-ci, à tout point de vue.
« Crime de sang » ; c’est la nouvelle accusation qui pèse lourd sur les épaules de Koné. Toujours est-il qu’à la fin, cette histoire ressemble fort à un jeu de ping-pong qui fait de l’homme, le réfugié politique le plus célèbre d’Accra.
L’on se souvient que la presque concomitance des attaques de Noé et la relaxe de Koné avaient créé un incident diplomatico-judiciaire rarement vu, de bonne mémoire, entre la Côte d’Ivoire et son voisin ghanéen. C’est en cela que cette nouvelle arrestation du porte-parole de Gbagbo suscite des interrogations à plus d’un titre.
En effet, que s’est-il passé pour qu’Interpol devance la Justice ghanéenne pour arrêter Koné alors que celle-ci s’apprêtait à livrer son verdict sur la demande d’extradition de ce dernier le 11 octobre prochain ?
Le torchon est-il si incandescent entre les deux pays frères au point que l’un ne fasse plus confiance à l’autre ? Sans doute Abidjan ayant appris que de nouveaux développements militent en faveur de l’inculpé, a voulu coupé l’herbe sous les pieds de la Justice ghanéenne.
Toujours est-il que l’empressement du pouvoir ivoirien à moins de deux semaines du verdict de l’extradition de Koné montre que la confiance a foutu le camp entre les deux capitales. Pourquoi n’a-t-on pas attendu ce verdict avant tout autre nouvelle initiative ? Mais sait-on jamais ?
Le politique a souvent ses raisons que la justice elle-même ignore. Peut-être qu’il s’agit là d’un modus vivendi entre les autorités politiques des deux pays, histoire de régler, une bonne fois pour toutes, le contentieux diplomatique consécutif à la relaxe de Koné ; un contentieux qui n’est pas sans conséquences fâcheuses sur la vie des populations de part et d’autre de la frontière.
De toute évidence, cette liberté sous caution du porte-parole de Gbagbo a été la pilule la plus amère à avaler pour les nouvelles autorités ivoiriennes. Dans ce micmac juridico-politique, à quoi faut-il s’attendre le 11 octobre prochain ? Visiblement, les choses semblent se précipiter dans l’affaire Katinan Koné. Et on se demande si la raison d’Etat ne prendra pas le pas sur le juridisme dont a fait montre jusque-là la Justice ghanéenne.
Boulkindi COULDIATI
Le Pays
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Interpellé vendredi à Accra: Tout sur l’arrestation de Koné Katinan
Son avocate : « C’est une tentative de contourner les autorités du Ghana »
Les faits sont rapportés pas un témoin qui a suivi l’affaire de bout en bout. Le porte-parole du président Laurent Gbagbo venait de rencontrer, dans l’après-midi du vendredi 28 septembre 2012, de hautes autorités policières ghanéennes au Bureau national d’investigation (Bni).
C’est là-bas, faut-il le préciser, qu’il a été détenu, après son interpellation, alors qu’il revenait d’une mission en Afrique du Sud. Après sa libération sous caution, le mardi 25 septembre 2012, il était convenu qu’il y passe chaque fois que la Justice ghanéenne aura besoin de lui. Koné Katinan venait donc de quitter le Bni quand 20 mètres après, un policier ghanéen, à moto, stoppe net devant son véhicule. Le policier contrôlait les papiers afférents à la voiture quand d’autres, au nombre de 5, débarquent d’un 4×4. S’adressant au policier à moto, ils avancent que ce n’est pas à cet endroit qu’il devait arrêter le véhicule de Koné Katinan. Ils auraient donc tenté d’extraire l’ex-ministre du Budget de son véhicule. C’est alors qu’un de ses collaborateurs joint au téléphone un responsable du Bni. Celui-ci arrive sur les lieux et demande aux occupants du 4×4, les motivations de cette interpellation. Ils lui font savoir qu’ils sont d’Interpol Ghana. Le responsable du Bni fait accompagner les « protagonistes » à ladite structure. Tout en se gardant d’accéder à la demande des occupants du 4×4 qui auraient souhaité que Koné Katinan prenne place à bord de leur véhicule.
Alors que le porte-parole de Laurent Gbagbo s’y trouvait, deux heures après, 4 personnes, se présentant comme étant d’Interpol Côte d’Ivoire, arrivent. A leur arrivée, ils ont insisté pour qu’on leur remettre Koné Katinan. Comme explication à leur requête, il font savoir qu’ils agissent dans le cadre d’une « procédure simplifiée, accélérée ». Et le responsable d’Interpol Ghana de rétorquer que ce n’est pas ainsi la procédure fonctionne dans le pays de John Dramani. Malgré leur insistance, cette autorité policière est restée ferme. Toutefois, elle leur a expliqué qu’ils pouvaient interroger Koné Katinan dans les locaux d’Interpol Ghana s’ils le désiraient. La « procédure accélérée, simplifiée » d’extradition, aurait précisé le responsable d’Interpol Ghana, n’existe pas dans la loi ghanéenne.
Week-end à Interpol
Promettant de revenir le samedi 29 septembre, c’est en vain que les policiers d’Interpol Ghana ont attendu leurs homologues ivoiriens. Tout comme Koné Katinan et ses avocats. Après des renseignements, le conseil du porte-parole de Laurent Gbagbo a appris que les policiers d’Interpol Côte d’Ivoire ont affirmé être disponibles que ce lundi 1er octobre 2012. Justin Koné Katinan a passé le week-end à Interpol. Selon la même source, le jour des faits, vendredi 28 septembre, vu l’heure avancé, l’ex-ministre du Budget, bien que le responsable d’Interpol Ghana lui ait demandé s’il voulait rentrer chez lui, a souhaité resté dans lesdits locaux. Pour des raisons de sécurité, ajoute notre interlocuteur Jointe par téléphone, Lucie Bourthoumieux, avocate du ministre Koné Katinan, a dénoncé un harcèlement policier. Elle a ajouté que c’est une tentative « d’instrumentaliser et donc de discréditer le bras policier de la communauté internationale ». Mme Bourthoumieux a souligné qu’il s’agit d’une « énième tentative de contourner les autorités étatiques et judiciaires du Ghana pour aboutir à la volonté de voir le porte-parole du président Gbagbo (extrader) à Abidjan ».
Serge YAVO
Soir Info
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