Le Temps
«Si le régime Ouattara connaissait les liens séculaires qui unissent le Ghana et la Côte d’Ivoire, il n’aurait pas pris une telle décision. Cette décision est impopulaire. Heureusement que jusqu’alors le Ghana ne l’a pas suivi dans cette voie qui frise plutôt un règlement de comptes que la sécurité de l’Etat». A conclu un observateur averti de la scène politique ivoirienne et du reste, est un militant très engagé du Rassemblement des Républicains (Rdr) dans la ville aux mille mosquées. En effet, sur le long des 7 kilomètres qui sépare Soko de Sampa, la première ville frontalière du Ghana, c’est un silence de cathédrale ce lundi, jour de marché de cette cité qui constitue le lieu d’approvisionnement des populations du Gontougo. Faisant fi de la discision de la fermeture des frontières, elles ont cru pouvoir bénéficier de la complicité de la douane ivoirienne pour aller faire leur marché. Ce fut le premier obstacle. «Les frontières sont fermées. Il n’y a pas de passage jusqu’à nouvel ordre. Retournez chez vous.» A fait comprendre l’autorité douanière en poste. Celles qui ont voulu contourner la douane en passant par les pistes ont très vite déchanté. Le commandant Soro des Frci du bataillon du camp militaire de Bondoukou avec une colonne de douze voitures de type 4×4 lourdement armés , était posté au croisement de toutes les pistes qui mènent à la frontière de l’axe Soko-Sampa non loin de la rivière Tain où, sous les anacardiers, des malades et de nombreux commerçants attendaient un sésame pour pouvoir traverser cette frontière. Mais ce fut peine perdue. C’est dire combien de fois l’apport du pays de Kwamé Nkruma est vitale pour les populations de la Côte d’Ivoire et singulièrement celles du district du Zanzan. Et les effets ne se sont pas fait attendre au lendemain de la décision de fermeture des frontières d’avec le Ghana. Avec dix stations- service pour le district du Zanzan, 90 % du carburant en consommation dans le Zanzan issu de la contrebande en provenance du Ghana, vient de connaître une hausse du prix au litre de 600 Fcfa à 700 voire 750 Fcfa en ville et 900 Fcfa en agglomération. «Alassane Ouattara nous a tués. Il ne sait pas que ceux qui l’ont voté à Bondoukou vivent grâce aux échanges commerciaux entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. Maintenant qu’est ce que nous allons devenir ?» S’afflige O.N. vendeur au détail de carburant au quartier Djiminisso devant ses bouteilles. Idem pour les vendeuses de médicaments aux abords des routes sur les étables qui, pour l’heure, ont un peu de stock.
Une catastrophe pour les malades
Si cette fermeture des frontières perdure, ce sera la catastrophe pour les malades qui s’approvisionnent en médicaments avec ces vendeuses. Quand la majorité des populations se soignent au Ghana : «j’ai une carte d’assurance maladie universelle au Ghana face aux insuffisances et à la cherté des soins chez nous» reconnaît dame Kossia Kouman. Même si pour l’heure certains produits du bâtiment, de l’alimentation générale et du cosmétique surtout le ciment, le sucre, l’huile, le lait et les liqueurs n’ont pas subi d’augmentation de prix, cela ne saurait tarder. Car c’est depuis le Ghana que ces produits arrivent sur les marchés du district du Zanzan. Au delà de l’alimentation, le secteur des métiers de l’artisanat n’est pas en reste. «Nos premières sources d’approvisionnement en pièces détachées reste le marché de Kumassi au Ghana où les prix sont hors compétitifs. Je devais même y aller chercher des pièces de voiture et un moteur mais hélas ». Soutient Kouadio Moctar, mécanicien de sont état. Et les plus grandes victimes restent les producteurs d’anacardes. L’achat des produits restés sur leur main est arrêté. Et les paysans sont désemparés face à la scolarisation de leurs enfants.
Pascal Assibondry
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