Ouest ivoirien: Comment des mafias ont fait main-basse sur le cacao

 

Gueu Source: L’inter

« Des mafias ont mis la main sur l’économie du cacao ». Il s’agit de la conclusion à laquelle est parvenue le journal français Le Monde Diplomatique, au terme d’une enquête soigneusement menée et rendue publique dans sa publication de ce mois de septembre 2012.

Qu’est-ce qui fonde les certitudes de ce mensuel ? Le journal s’appuie sur les incessantes turbulences dans l’ouest ivoirien depuis de nombreuses années, où « se joue un inquiétant imbroglio politique et militaire». Pour l’auteur de l’article, la fertilité du sol dans cette partie de la Côte d’Ivoire est vécue comme une véritable malédiction, eu égard aux victimes déjà enregistrées pour « le contrôle de cette ressource ». La source du problème, selon Le Monde Diplomatique, remonte « au milieu des années 1980 », période au cours de laquelle les cours du cacao ont connu une dégringolade. Conséquence, l’éclatement des conflits fonciers entre autochtones et étrangers. Pour la journaliste qui a mené l’enquête, la situation s’est envenimée lorsque Henri Konan Bédié, alors chef de l’Etat, a pris une loi de 1998 pour « explicitement » exclure les non-Ivoiriens de la propriété foncière.

L’autre tournant décisif de cette « guerre pour le cacao dans l’ouest ivoirien » a été, relève le journal français, « la tentative de coup d’Etat perpétrée le 19 septembre 2002 contre le président Gbagbo par des militaires du Nord ». « La guerre civile qu’elle a déclenchée a touché tout particulièrement l’Ouest et la ville de Duékoué. Située à une centaine de kilomètres au nord de Taï, Duékoué se trouve au croisement stratégique des routes menant au Liberia, en Guinée et à San Pedro, port d’exportation du cacao », décrit le journal. Qui relève ensuite que « la situation s’est encore compliquée, avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs ». En cause, d’abord les « mercenaires libérien », ensuite les Dozos, enfin l’immigration burkinabé. « Problème : les nouveaux occupants sont armés », révèle le journal. Qui précise que ces derniers sont pour la plupart installés dans les forêts classées qui regorgent non seulement des terres fertiles, mais aussi des réserves de bois d’oeuvres.

Deux principaux acteurs ont été cités dans l’article. D’abord l’éternel Amadé Ouérémi, chef de guerre installé dans la réserve du mont Péko avec « des centaines d’hommes armés ». « Ils y cultivent notamment du cacao:impossible de les déloger », fait savoir la journaliste, montrant ainsi l’impuissance des autorités ivoiriennes à résoudre cette équation Ouérémi, même si plusieurs rapports des Ong et des Nations Unies attribuent à ce personnage énigmatique, plusieurs exactions contre les populations civiles. L’autre acteur non moins important est le commandant Losséni Fofana, alias « Loss ». Celui-ci dirige une opération de sécurisation du grand-ouest et est épinglé comme étant au cœur d’un nébuleux réseau de racket sur les planteurs de cacao de la région et de contrebande du même produit vers le Ghana. Citant des sources onusiennes, Le Monde Diplomatique avance que le récent massacre contre les déplacés du camps de Nahibly, près de Duékoué, est la suite logique de cette guerre du cacao.

Bertrand GUEU

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