Le Mandat
Des informations, qui peuvent perturber le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), circulent en ce moment, au sommet de l’Etat. Le Président Ouattara aurait décidé de remercier son premier ministre. Il reprocherait à Jeannot Kouadio-Ahoussou, son caractère peu fougueux.
Le président de la république serait en discussion avancée avec une personnalité du PDCI en vue de le nommer premier ministre au prochain remaniement du gouvernement. Et Ce, en remplacement d’Ahoussou Jeannot à qui il reprocherait un manque de caractère. Tout serait parti de la déclaration faite par le premier ministre le 17 août dernier sur la situation sécuritaire. Déclaration d’ailleurs censurée par le média de service public, la Radio télévision ivoirienne (RTI) qui ne l’a diffusée qu’une seule fois, après le journal de 20 heures. Selon une source proche de la présidence de la république, Alassane Ouattara qui séjournait pendant ce temps en France s’en serait vertement pris à son premier ministre à cause du contenu de sa déclaration qu’il trouve sans engagement. Avant l’intervention de JAK, une réunion entre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale et tous les chefs militaires sur la situation sécuritaire c’était tenue, sans associer le premier ministre. C’est à l’issue de cette rencontre qu’Ahoussou qui n’y a pas pris part a été invité à faire une déclaration. Dans un souci d’apaisement, ce dernier à centré son intervention sur une condamnation des violences perpétrées dans le pays et invité les filles et fils de la Côte d’Ivoire à la cohésion sociale. Cela n’aurait pas été du goût de certains caciques du pouvoir qui auraient traité le chef du gouvernement de personnalité peu fougueuse. Cette réaction est la juste expression des divergences de positions des dignitaires du pouvoir qui n’arrivent pas à s’accorder sur la stratégie à adopter pour vite parvenir à la paix. Il y a ceux qui sont pour l’accélération de la réconciliation nationale, à travers le dialogue social, et ceux qui pensent qu’il faut traquer, sans répit, les Ivoiriens qui continuent de tergiverser. Ahoussou qui a été nourri à la sève du PDCI, parti de paix et de démocratie, a du mal à se défaire du dialogue, en vue d’avoir la paix pour les Ivoiriens. Cette dissension au sommet de l’Etat vient donner du volume au souci du chef du gouvernement. En effet, on observant les faits depuis la nomination de Jeannot Ahoussou Kouadio à la tête du gouvernement, l’impression qui se dégage, c’est que ce cadre mis à la disposition de la Côte d’Ivoire par le président du Pdci n’a pas encore eu les moyens de sa mission. Son autorité est contournée par les ministres qui prennent directement leurs consignes à la présidence. Il n’a pas encore reçu un véritable budget de fonctionnement. Nommé le mardi 13 mars 2012, c’est lors de la présentation de la matrice des actions gouvernementales en juillet qu’un peu de moyen lui ont été affectés. Des structures dont le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI) qui étaient un démembrement de la primature ont été détachées. Certains conseils des ministres, tenus sous sa direction, se sont mal terminés. Comme le souligne une personnalité connue pour sa diffusion de vérités vertes, “l’on envoie Ahoussou en mission d’Abidjan à Yamoussoukro avec une bicyclette comme moyen de déplacement. Quelle rapidité attend-on de lui ?’’ Cela illustre bien les difficultés auxquelles le premier ministre est confronté, depuis sa nomination. Malgré toutes ces entraves à sa mission, JAK n’abdique pas. Le bilan des 100 premiers jours passés à la tête du gouvernement a séduit plus d’un Ivoirien. Et Me Kouadio-Ahoussou poursuit son travail.
Qui veut induire Ouattara en erreur ?
Si la rumeur sur l’éviction du premier ministre, Jeannot Ahoussou Kouadio est fondée, elle peut créer la friction entre le PDCI et le pouvoir. Cela pourrait être enclenché par les militants du parti d’Henri Konan Bédié, qui sont massivement sortis pour répondre à son appel, en votant Alassane Ouattara lors du deuxième tour de la présidentielle qui l’a consacré chef d’Etat. Car, la mise en application de cet appel n’a été effective que grâce à l’implication personnelle de JAK, président de la coordination des cadres du grand centre, qui avait littéralement pris en otage les populations de cette zone de la Côte d’Ivoire, pour le compte du candidat du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Des cadres du PDCI, JAK demeure la tête de fil des Ouattaristes. Il le démontre dans toutes ses rencontres avec les populations, à Abidjan comme à l’intérieur du pays. Il fait du soutien du président de la république dans le centre, un acte non négociable. Les populations y sont presque contraintes. Opposé une telle force au président de la république serait une très grave erreur dont les conséquences vont sérieusement affecter le pouvoir d’abord et le PDCI ensuite. Il est annoncé que le cadre du PDCI qui remplacerait Ahoussou est aussi baoulé comme lui. Cela pour éviter que ce peuple majoritaire au PDCI ne se recroqueville sur lui-même, au moment où on le solliciterait à nouveau. Mais, a-t-il la même influence politique au sein du parti et surtout auprès du peuple du centre ? La question mérite d’être examinée avec soin. Ceux qui veulent aider Ouattara gagneraient à le pousser à encourager Ahoussou dans son combat pour la cohésion sociale.
Que va faire le PDCI ?
Le parti d’Henri Konan Bédié va-t-il se laisser prendre au piège de la gymnastique aux couleurs baoulé à la primature ? Evincer Ahoussou au profit d’un autre cadre du parti, fut-il du même groupe ethnique que ce dernier, n’aurait de résultat que la fraction du parti. En Côte d’Ivoire, chaque parti politique repose sur un bastion qui est régional ou ethnique. C’est le socle de sa représentativité sociologique nationale. Le centre-ouest avec le Front populaire Ivoirien, (FPI), l’Ouest avec l’Union pour démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), le grand centre avec le PDCI-RDA… Le commandement de chaque bastion est tenu par un cadre. Celui du grand centre s’appelle pour l’heure, Jeannot Ahoussou Kouadio. Le PDCI doit en tenir compte.
Ulrich Mouahet
Le Mandat
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