« Criminalisation de l’opposition »

Les proches de Gbagbo tombent un après l’autre « criminalisation de l’opposition »

Alors que la Côte d’Ivoire connaît un regain de tensions ces derniers jours, deux anciens hauts responsables du parti du président déchu, Laurent Akoun et Justin Koné Katinan, ont été interpellés en moins de 48 heures. Selon un spécialiste de la Côte d’Ivoire, ces arrestations montrent « la volonté de criminalisation de l’opposition ».

Les hommes de la garde rapprochée de Laurent Gbagbo tombent les uns après les autres. Alors que la Côte d’Ivoire connaît un regain de tensions ces derniers jours, deux anciens hauts responsables du parti du président déchu, Laurent Akoun et Justin Koné Katinan, ont été interpellés en moins de 48 heures. Pour Michel Galy, spécialiste de la Côte d’Ivoire et professeur à l’École des relations internationales (Ileri), contacté par FRANCE 24, ces arrestations montrent « la volonté de criminalisation de l’opposition ».

Laurent Akoun, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), a été arrêté le 26 août lors d’une réunion militante à Adzopé, à une centaine de kilomètres au nord d’Abidjan, a précisé le président du parti, Sylvain Miaka Oureto. Le porte-parole du FPI a été conduit dans les locaux de la gendarmerie de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Les raisons de son interpellation restent floues. Selon une source gouvernementale interrogée par l’AFP, son nom aurait été cité dans certaines attaques meurtrières contre l’armée ivoirienne, les Forces républicaines (FRCI). La dernière en date, perpétrée le 25 août dans le sud du pays, a fait six morts dont trois civils.
Une traque au-delà des frontières

Depuis la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, ses partisans sont accusés de « préparer un match retour », autrement dit de se préparer à assouvir « leur désir de revanche », souligne Michel Galy. L’arrestation du secrétaire général du FPI, qui venait juste d’achever une tournée à travers le pays, est donc loin d’être anodine. « Laurent Akoun a beaucoup de tempérament mais il n’a jamais appelé à la sédition, analyse néanmoins le politologue. Il a toujours appelé à la résistance civile mais uniquement par la voie électorale. »

Reste qu’il pourrait faire l’objet des mêmes chefs d’inculpations qu’un autre cadre du parti, Alphonse Douati, arrêté le 18 août par la DST. Détenu à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, l’ex-ministre et secrétaire général adjoint du FPI est accusé d’ »atteinte à la sûreté de l’État », pour son lien présumé avec des attaques contre les FRCI.

À ces deux arrestations s’ajoute celle de Justin Koné Katinan, ex-ministre du Budget de Laurent Gbagbo, en exil au Ghana depuis la fin de la crise post-électorale ivoirienne. Visé par un mandat d’arrêt international émis par Abidjan pour « crimes économiques », les autorités ghanéennes ont confirmé l’information le 26 août, après 48 heures de silence.

Justin Koné Katinan et ses proches ont cependant dit exclure une extradition, arguant de son statut de réfugié politique. Le Ghana ne peut extrader un réfugié que s’il est prouvé que « l’exilé constitue une menace pour son pays d’origine, cela ne s’est jamais vu », a assuré son avocate, Me Lucie Bourthoumieux.
« La justice continuera de faire son travail »

Pour Michel Galy, ces coups de filet marquent la « volonté très claire du régime d’Alassane Ouattara de s’attaquer au FPI à travers ses représentants à l’extérieur et à l’intérieur du pays ».

Rentré à Abidjan le 26 août après une visite en Arabie saoudite et un séjour privé en France, le président Ouattara est resté discret sur l’affaire Katinan, tout en condamnant les attaques « répréhensibles et inacceptables » contre les FRCI. « J’ai demandé de prendre les mesures appropriées en vue de renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire, je crois que c’est maintenant chose faite », a-t-il lancé, plaidant pour la réconciliation tout en prévenant que « la justice continuera de faire son travail ».

En juillet dernier, au lendemain des tueries de Duékoué qui avaient replongé la Côte d’Ivoire dans une flambée de violence, le président ivoirien avait prévenu: « Nul ne sera épargné » par la justice. La machine semble donc en marche, quitte à écorner au passage l’image de la Côte d’Ivoire.

[Par Assiya HAMZA]
Published By www.KongoTimes.info

 

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »20″ width= »570″ color= »light » code= »html5″ ]

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.